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LE SERMENT MACONNIQUE

Le serment maçonnique serait-il le condensé, le résumé  de la vie du franc-maçon ?

Pour ma part, je conçois ce serment comme le « guide-âne » du maçon… tout y est au final.

La planche de ce frère de la Loge « Tolérance et Fraternité » à l’Orient de Genève GLSA ne peut que nous interpeler que la signification et la portée de ce serment.

LE SERMENT MAÇONNIQUE PRÉPARATION AU SERMENT

Par les paroles qui précèdent le serment maçonnique, lanterne qui devrait éclairer notre chemin, toute notre vie durant, le V∴M∴ précise la disposition d’esprit dans laquelle nous devons nous trouver.

La main dans la terre image de la tombe, met bien en évidence l’importance de l’être par rapport au paraître.

Cela montre bien que le matériel, l’image ne sont qu’illusions. Il y a paradoxe apparent car le matériel par essence est réel. Ce paradoxe n’est qu’apparent, parce que l’illusion se situe au niveau des vertus que l’on pourrait être tenté d’attacher au matériel (le riche est bien élevé, un personne correctement mise jouit d’un préjugé favorable).

Dans cette préparation on dit aussi que faire le bien n’attend pas, car l’homme pour exercer ses valeurs spirituelles a besoin de son enveloppe matérielle, éminemment temporelle et périssable.

Face à l’inéluctabilité de la mort, l’engagement à venir prend tout son sens sacré.

Un autre message préparatoire est aussi délivré là et il est l’antithèse du précédent. C’est un message de vie.

Avec ta main tu fouis la terre, la glèbe fertile, dans la quelle tu vas semer la graine de ta promesse. Par l’apport constant de ton travail, par les arrosages de ta volonté et de ta détermination, elle va croître et se renforcer.

Face à la force créatrice de la vie, l’engagement confirme tout son caractère sacré.

FACE A LA MORT, FACE A LA VIE, L’ENGAGEMENT QUE NOUS ALLONS PRENDRE NE PEUT QU’ETRE SACRE.

SERMENT

Il revêt une grande solennité dans un climat de confiance et de communion totales. Les frères de la loge sont debout et à l’ordre et, avec le V∴M∴qui pose sa main sur celle du candidat, ils s’associent à lui.

Il est solennel car il se prête en invoquant le G∴A∴D∴L∴U∴ avec les futurs frères comme témoins, en un lieu respectable et consacré.

La confiance est mutuelle. Les frères ont consenti un gros investissement en se fiant à l’impétrant et en lui permettant d’être dans la situation où il se trouve. Le candidat lui, fait confiance à son tour à ceux qui s’apprêtent à en faire un des leurs, bien qu’il soit doublement aveugle. Il porte le bandeau et ne connaît rien ou presque, de ce qui se cache derrière les concepts qu’il jure de respecter, puisque sa démarche même consiste à le découvrir, à le respecter et en faire son profit.

La charge et la responsabilité de ne décevoir ni ce potentiel de confiance accordée ni soi-même, sont prégnantes.

1 Les engagements que l’on prend dans la première partie sont lourds. En effet, si l’on dit : je promets de remplir mes devoirs envers ma famille, la patrie et l’humanité plus fidèlement que par le passé, cela signifie que la porte de l’amélioration continue est ouverte, sans notion d’absolu ni de perfection immédiat.

Mais quand ensuite il s’agit de pratiquer l’assistance envers les faibles, la justice envers tous, le dévouement envers son prochain et la dignité envers soi- même, là pas de délai, pas de marge de manoeuvre. C’est tout, tout de suite.

Heureusement, par la suite on promet de travailler à son propre perfectionnement ce qui ouvre à nouveau la porte à l’acceptation de débuts peu glorieux et laborieux, rendant à la tâche une dimension plus humaine.

Dans ce premier paragraphe toutes les notions sont claires et univoques, sauf une: la justice. Qu’est-ce que la justice? Vaste programme, vaste dissertation. Cette notion devrait se préciser (en dehors de ce que fixent les lois) avec l’avancée de chacun sur le chemin.

2 La promesse de présence assidue, va de soi. Comment progresser sans côtoyer régulièrement les frères qui nous ont précédés? S’il est possible d’avancer sur le chemin avec une présence réduite à sa plus simple expression, alors pourquoi entrer en loge?

Nous sommes face à l’immensité et l’éternité de la tâche. Il nous faut persévérer sans relâche dans la recherche de la vérité, cette savonnette qui, chaque fois que nous croyons la tenir, nous échappe et glisse plus loin dans une direction totalement imprévisible. Un appel à notre humilité et notre perfectibilité est lancé, en nous demandant de nous reconnaître face à nos futurs frères et face au G∴A∴D∴L∴U∴, comme imparfaits. Pour cela nous promettons de travailler à notre propre perfectionnement.

Arrivés à ce point on notera que l’on promet d’abord de respecter des devoirs essentiellement tournés vers la vie profane (qui prendront toute leur signification au travers de notre démarche maçonnique), et ensuite les devoirs envers la loge et tout ce qui en découle.

3 Ce moment chargé de signification et d’émotion, la prestation du serment maçonnique, n’a pas lieu n’importe où: nous travaillons en Loge et faisons le serment de travailler à sa prospérité (matérielle et spirituelle). En cela nous garantissons la pérennité du toit protecteur. Nous ne travaillons pas n’importe comment: nous respectons les lois de la F∴M∴ et les constitutions de la GLSA. En cela nous rejetons désordre et anarchie. Nous ne travaillons pas seuls: nos frères sont là et nous nous engageons à les aimer et les aider, sans compromissions et dans l’honneur. En cela nous apprenons à donner avant de recevoir.

Pour avoir la sérénité nécessaire à l’accomplissement de la tâche qui nous attend, nous avons besoin du silence et de nous protéger de nombre de sollicitations perturbatrices. Nous nous engageons donc à nous taire vis à vis du monde profane. Il ne s’agit pas là d’une culture du secret pour lui-même. Les non initiés, par définition ne peuvent comprendre l’essence même de la démarche, n’ayant pas éprouvé cette vivance que seule permet l’initiation. Par conséquent quoique l’on dise, nos paroles ne pourront jamais être le reflet de cette réalité qui nous est si personnelle. Cela pourrait de surcroît être mal interprété et finalement se révéler nuisible. Il est donc salutaire pour soi-même, pour notre loge et pour la maçonnerie en général de faire silence.

4 On termine enfin par une auto sanction: si je manque à ma parole d’honneur je m’avilis et ce, surtout à mes yeux, avant que ceux des autres ne me renvoie l’image de mon déshonneur et de ma déchéance.

CONCLUSION

Ce serment en fait résume toute la vie maçonnique au temporel comme au spirituel. Tous les aspects essentiels s’y retrouvent:

 – la Loge est régulièrement réunie et consacrée – je respecte avant tout Famille, Patrie et Humanité

– je pratique l’assistance aux faibles

– la justice envers tous le dévouement envers mon prochain la dignité pour moi

– je suis assidu en Loge

– je me perfectionne moi-même (principe de base)

– je suis persévérant – je recherche la vérité

– je respecte les règles de la F∴M∴

– je travaille à la prospérité de ma Loge

– j’aime et aide mes frères pourvu que cela soit juste et honorable – je garde le silence vis à vis des profanes

Gerard – 20 novembre 2003

 


A.S.: