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L’APPRENTI ET L’ATELIER EN FRANC-MACONNERIE


Le Blog « Les Black’s Foot » que l’on peut trouver à l’adresse http://jakin.vefblog.net/ (Jakin c’est évocateur) est pour reprendre son auteur  » Un chemin qui passe par le voyage de l’extérieur vers l’intérieur », un journal de bord, de famille.

Parmi les articles qui y figurent, l’un d’entre-eux « L »Apprenti et l’Atelier » écrit en septembre 2099 : se taire, écouter et méditer… Nous sommes des éternels apprentis !

Extrait :

Au temps des bâtisseurs de cathédrale, les apprentis maçons taillaient leurs pierres brutes loin du sanctuaire à édifier, pour ne pas déranger les maîtres dans leur ouvrage par le bruit incessant du ciseau sur la pierre.

Aujourd’hui dans la symbolique de la franc-maçonnerie, l’apprenti taille sa pierre brute, en compagnie de tout l’atelier, sans faire de bruit.

Du bruit incessant de l’apprenti maçon au silence de l’apprenti franc-maçon, voila ici le principal parcours initiatique que j’ai entrepris en loge.

Je ne peut m’empêcher de cité un passage du livre d’Edouard Plantagenêt, intitulé  « Causeries initiatiques Pour le travail en Loge d’apprentis » : Que dans le temple où règnent la Vérité et l’Amour ne retentissent jamais des paroles qui se pourraient indifféremment prononcer ici ou là. Si nous n’avions rien de plus à nous dire que ce qui se dit partout, il faudrait que nous soyons des enfants ou des fous pour nous réunir, revêtus d’insignes symboliques, respectueux du rituel et soumis à la loi, pour nous entretenir puérilement, en profanes, de choses profanes, comme nous le pourrions faire n’importe où.

Daniel  Beresniak dans ses réflexions sur l’apprentissage maçonnique constate que l’homme ordinaire ne peut supporter : le silence, l’obscurité, l’immobilité, la solitude. Lorsque les circonstances le placent dans l’une, ou plusieurs de ces états, il les ressent comme une contrainte instinctivement, il cherche à en sortir et cet effort occupe toutes ses pensées. Si on l’interroge sur ce comportement, il admettra qu’il a peur. La peur c’est la souffrance du monde initié ; c’est le châtiment de celui qui refuse le travail sur lui-même.

Le silence, l’obscurité, l’immobilité et la solitude évoque la mort. Ce sont les états du cadavre dans sa sépulture. L’homme ordinaire a peur de mourir et par conséquent il a peur de tout… et de tous. C’est pour cela que dans le rite initiatique la pédagogie commence par le traitement de la peur. L’usage consiste à faire du vacarme, avec des épées et les pieds, pendant que le néophyte, aveuglé par le bandeau, effectue son premier voyage et tombe de la planche à bascule. Il s’agit la aussi de stimuler sa peur. Car l’abolition de la peur est la première étape sur le chemin de l’éveil.

            Après les épreuves de l’initiation, l’apprenti subit un stage de silence pendant lequel il écoute, il regarde, et s’abstient de parler. Il ne vit pas, à ce niveau, l’état de silence puisqu’il entend. Mais lui, au milieu du groupe, est celui qui produit le silence. Il est émetteur de silence et apprend ainsi à lui donner une valeur positive.

            C’est pourquoi il est essentiel que la discipline de l’apprenti commence par le silence et par la méditation. Se taire devant les profanes est le premier devoir de l’apprenti. Se taire bien sûr mais pour quelles raisons ? Se taire d’abord, écouter ensuite, méditer enfin. Nous retrouvons là une des manifestations du nombre trois, premier symbole de l’apprenti. Ne dit on pas que l’apprenti à trois ans.

            SE TAIRE, d’abord : L’apprenti doit se taire au dehors devant les profanes pour éviter de dominer tous débats et imposer ainsi ses idées aux autres. Il pourrait par ce comportement d’intimidation donner une image sectaire de lui-même.

            L’apprenti doit se soumettre au silence, éviter tout excès de langage et « préférer avoir la gorge coupée plutôt que de révéler les secrets qui lui ont été confiés ».

            L’apprenti doit se soumettre au silence en Loge afin d’observer attentivement les gestes et paroles des anciens et être ainsi complètement et symboliquement versé dans le déroulement des travaux. Ce moment d’extrême concentration lui est demandé pour mûrir sa réflexion quant à la construction de son temple intérieur. Ne dit-on pas à juste titre que l’apprenti parle deux fois, une première fois pendant les impressions d’initiation et une seconde fois pendant la lecture du travail pour augmentation de salaire ? Encore que dans notre atelier, le vénérable Maître, donne aux apprentis le privilège de s’exprimer plusieurs fois en plus. En dehors de ces moments l’apprenti doit se taire et écouter ensuite.


A.S.: