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La franc-maçonnerie à Lyon

L’éditorial « Le Progrès » publie deux articles consacrés à la présence maçonnique à Lyon et à ses liens avec la politique locale.

Le premier article intitulé « La maçonnerie lyonnaise correspond à la centralité de la ville » est un entretien avec Bruno Benoît, professeur d’histoire à l’Institut d’études politiques de Lyon.

Le second article intitulé « A Lyon, la franc-maçonnerie se loge en politique » est une synthèse sur l’influence politoque des francs-maçons à Lyon.

Source : http://www.leprogres.fr/fr/region/le-rhone/rhone/article/2558918,184/La-maconnerie-lyonnaise-correspond-a-la-centralite-de-la-ville.html

QUESTIONS à Bruno Benoît professeur d’histoire à l’Institut d’études politiques de Lyon
On dit qu’historiquement la franc-maçonnerie a un vrai pouvoir dans la gestion de Lyon. Qu’en est-il réellement ? La franc-maçonnerie pèse sur la vie publique depuis la IIIe République. Si l’on prend les maires successifs, on relève peu de maires francs-maçons : a priori uniquement Gailleton, Augagneur et aujourd’hui Collomb. En revanche, la présence maçonnique a toujours été forte dans leurs entourages, citons en exemple Béraudier avec Pradel.

Quelle est son influence actuellement ? Jusqu’à Louis Pradel elle fut réelle, trente-cinq ans plus tard elle est certainement moindre. L’influence qui peut demeurer repose surtout sur les relations d’homme à homme. Il n’existe pas de toile d’araignée ni de complot maçonnique mais des liens personnels.

Etre frère favorise-t-il les carrières politiques à Lyon ? L’itinéraire de Gérard Collomb ne plaide pas en ce sens. Il a mis vingt ans à conquérir -et un peu par chance en 2001- la mairie : être franc-maçon ne suffit pas.

A Lyon, la franc-maçonnerie est-elle plutôt de gauche ou de droite ? Ici, les différences ne se font pas tant au nouveau des obédiences que des loges. La maçonnerie lyonnaise est plutôt du centre, elle correspond à la centralité spécifique à la ville elle-même.

Réalité ou mythe les liens qui existeraient depuis toujours entre franc-maçonnerie, mairie et archevêché ? A Lyon, il y a trois pouvoirs : la municipalité, la chambre de commerce et l’archevêché. Quand les trois s’entendent la ville tourne à plein régime. Sous Augagneur, les liens mairie-archevéché étaient catastrophiques. Ils se sont resserrés durant la Première guerre mondiale avec Herriot Aujourd’hui, le maire va au vœu des échevins.

Oui il y a une connivence entre les deux hommes car c’est utile pour la ville et pour l’Eglise, point.

Propos recueillis par Michel Rivet-Paturel


Source : http://www.leprogres.fr/fr/region/le-rhone/rhone/article/2558256,184/A-Lyon-la-franc-maconnerie-se-loge-en-politique.html

La franc-maçonnerie lyonnaise sert-elle de boîte à idées à l’action politique ? C’est l’enquête du Progrès, alors que la Grande loge de France a ouvert cette semaine à Lyon une nouvelle loge

La question de l’influence des francs-maçons dans la vie politique provoque régulièrement des débats sans que l’opinion n’ait jamais eu de réponse claire. Et comme elle n’aime ni mystères, ni opacité ni secrets d’alcôves, elle se déchaîne sur ces réunions discrètes dans des temples hermétiquement fermés où les « frères » se partageraient postes, fonctions et investissements publics.

Qu’en est-il de l’influence maçonnique dans la vie politique ? Au plan national, « la Fraternelle parlementaire est effectivement une force de proposition sur un certain nombre de faits de société » admet son président, le sénateur UMP Bernard Saugey (lire aussi ci-contre). Mais que les maçons décident entre eux de la politique à mener au sein d’une collectivité locale, « ce n’est que pur fantasme » ajoute l’élu qui fut président du Conseil général de l’Isère. « Les maçons sont avant tout dans le siècle » ajoute Bernard Saugey pour indiquer que leurs préoccupations sont ailleurs. Gilles Buna, maçon révélé par la presse, en charge de l’urbanisme au Grand Lyon, est donc au contact d’urbanistes, architectes et bâtisseurs, un milieu sensible à la philosophie maçonnique. Or, dit-il, « je ne sais qui d’entre eux est maçon ou ne l’est pas. Et je ne tiens pas à le savoir ». Avec le maire de Lyon, Gilles Buna est l’un des élus lyonnais ayant reconnu son appartenance à une obédience maçonnique. Pour autant certains à l’hôtel de ville de Lyon ne savent même pas que ce lien les unit à d’autres élus et fonctionnaires discrets. « C’est une démarche personnelle, ça ne regarde personne à la mairie » confirme un adjoint au maire. Un élu de droite du Grand Lyon dit appartenir à une loge située loin de sa commune « afin de ne pas mêler mes activités politique et maçonnique ». C’est dire.

D’abord, les travaux en loge laissent peu de place aux négociations entre élus, banquiers, industriels et promoteurs : réflexions sur la société au Grand Orient de France (obédience la plus importante à Lyon), à la Grande loge féminine de France et au Droit humain. Activités davantage tournées vers le symbolisme et le déisme à la Grande loge nationale française et à la Grande loge de France.

Si suspicion il y a dans l’opinion, c’est aussi à travers les fraternelles, regroupements de maçons liés aussi par leur activité professionnelle. « Il faut y voir qu’une envie de fraternité » note le conseiller régional PS Yvon Deschamps. Mais aucune à Lyon ne rassemble les élus locaux. Seul le club « Dialogue et Démocratie » leur permet de se croiser. « Etre maçon nécessite d’être discret, pas secret. C’est ce qui crée un climat nauséabond », estime l’ancien député RPR Marc Fraysse, président régional du club. « Je suis fier quand un maçon se dévoile. Nous devons avoir le courage d’affirmer ce que nous sommes : des gens ayant une vraie conscience et une vraie morale sur la vie ».

Jacques Boucaud

La Fraternelle parlementaire, « c’est une auberge espagnole »

Bernard Saugey, 67 ans, ancien patron de presse et sénateur UMP de l’Isère est, depuis novembre 2008, président de la Fraternelle parlementaire. Une structure de 410 membres, sénateurs et députés de toutes obédiences et toutes tendances politiques, en activité ou anciens élus, assistants parlementaires et fonctionnaires, tous maçons. « C’est une auberge espagnole où chacun apporte ce qu’il a en lui » précise Bernard Saugey. En 2009, la Fraternelle a planché sur la bioéthique, la gestation pour autrui ou des sujets plus classiques comme la laïcité. « Nous souhaitons qu’il ne soit pas touché à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. Nous voulons que ce soit conservé cette distinction entre la philosophie politique et la philosophie de la vie » poursuit le parlementaire dauphinois.

A.S.: