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José Gulino s’exprime dans Lyon Capital

Pour ceux qui n’auraient pas pu se procurer le dernier numéro de « Lyon Capital – n°720 » qui consacre un dossier à la Franc-Maçonnerie et francs-maçons de Lyon, l’éditorial vient de publier sur son site web son entretien avec José Gulino, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF).

Laïcité, Laïcité Financière, Mariage pour tous, Clivage politique, etc…voilà en résumé la teneur des propos du Grand Maître ….

Source : José Gulino, Grand Maître du Grand Orient : “La finance enlève un degré de liberté aux citoyens”

Lyon Capitale : Vous vous définissez comme des “vigiles de la République”. En quoi consiste votre combat en 2013 ?

José Gulino : Nous devons être vigilants sur les valeurs de la République. Nous sentons une montée du communautarisme sous différentes formes : religieux, ethnique, régional. La République doit offrir des niveaux sociaux ou d’instruction identiques pour tous les citoyens. En ce sens, le communautarisme met à mal l’État. Sur des sujets de société comme le mariage pour tous, l’enseignement, le port du voile, nous assistons à des réactions guidées par des religions ou des cultures locales. La France n’est pas monoculturelle, mais elle ne doit pas être une addition de provinces ou de communautés. L’unité de la République doit être défendue.

Sur quels éléments concrets vous appuyez-vous pour dénoncer une montée du communautarisme ?

Nous avons beaucoup parlé des dix millions d’euros investis par le Qatar dans nos banlieues. Je m’étonne surtout de voir que personne ne parle des milliards d’euros que dépensent chaque année les conseils généraux pour aider ces quartiers. Les flux financiers de l’État à destination des banlieues ont été banalisés. Le lien entre la République et ses quartiers doit être repensé. Pour des raisons économiques, nous avons sacrifié le milieu associatif et par conséquent nous avons donné les quartiers aux religions.

Comment expliquez-vous que la défense de la laïcité ait pu devenir un argument pour le Front national ? Est-ce d’abord un abandon des autres partis ?

 La laïcité a été banalisée. Elle était tellement devenue une évidence que nos élus ont pu se dire qu’elle n’avait plus besoin d’être défendue. Nicolas Sarkozy l’a affublée de beaucoup d’adjectifs qui l’ont remise en cause. Marine Le Pen prône le racisme et l’antisémitisme. Ses valeurs ne sont pas celles de la République. Le FN a volé la laïcité, mais ils ne défendent qu’une laïcité catholique. Leurs propositions ne tiennent pas, ne serait-ce qu’au niveau sémantique. Marine Le Pen s’en sert comme d’une arme contre l’islam. La laïcité oblige à considérer que la religion relève de la sphère privée. Elle dévoie ce mot. Le culte musulman n’est pas organisé pour porter la parole de l’islam, qui est une religion de liberté et de tolérance. Les relations entre les instances musulmanes et certains pays arabes brouillent leur message. Le culte musulman est trop éclaté et ils ont laissé de l’espace aux salafistes et aux extrémistes. Nous en oublions que 90% des musulmans français pratiquent un islam modéré. L’Église catholique est, elle, bien organisée. Leur opposition au mariage pour tous en atteste.

Au Grand Orient, vous prônez une nouvelle forme de laïcité, qui concernerait la finance. Qu’englobe votre concept de laïcité financière ?

Je m’inquiète d’entendre nos dirigeants expliquer qu’ils ne peuvent pas faire telle ou telle réforme car les marchés s’y opposeraient. Nous avons su faire la séparation de l’Église et de l’État, que beaucoup qualifiaient à l’époque d’infaisable. Aujourd’hui, il faut se pencher sur les relations entre la finance et la République. Si Renault ou Peugeot périclite, ce sera un drame social et humain, mais la France ne déposera pas le bilan. En revanche, si la BNP ou la Société Générale mettait la clé sous la porte, la France serait entraînée dans sa chute. Notre pays est trop lié à des banques dont elle ne maîtrise pas le sort. Nous n’avons aucun levier sur la finance. Tous les matins, les banquiers se réunissent pour fixer les taux d’intérêt qu’ils vont appliquer aux particuliers et aux États. Nous avons découvert qu’ils s’étaient entendus pour manipuler les taux et donc gagner de l’argent sur le dos des pays. Ce genre de décision doit échapper au privé. Le système est tellement compliqué qu’il échappe au citoyen. La moitié des ingénieurs de Polytechnique intègre les banques pour mettre en place des formules mathématiques alors qu’ils devraient construire des ponts et des routes. Nous devons sortir de ce système et ainsi regagner un degré de liberté. Notre but au Grand Orient est de rendre les gens libres. C’est pour cette raison que nous militons pour une laïcité financière.

Sur le mariage pour tous, les religions se sont beaucoup fait entendre. Sortent-elles de leur rôle ?

Les religions ont le droit de ne pas ordonner de mariage entre deux personnes de même sexe, mais le projet de loi du Gouvernement concerne le mariage républicain. Je ne peux pas accepter que la France, pays des Droits de l’homme, empêche deux hommes qui s’aiment de se marier. Cela reviendrait à leur enlever un degré de liberté, à en faire des sous-hommes. Les religions considèrent l’homosexualité comme une maladie. Ces tabous datent du Moyen Âge. Les gens sont libres de choisir leur sexualité, et leur préférence ne doit pas leur enlever des libertés. J’ai été choqué de voir que, sur France2, une chaîne financée par l’argent public, l’Église catholique se soit permis de dire tout le mal qu’elle pense de ce projet de loi et d’appeler à manifester. La religion relève de la sphère privée. L’Église peut se transformer en parti politique si elle le veut. Le clergé n’est pas dans son rôle quand il porte un regard sur des actes civils. L’Église cherche à influer sur le fonctionnement de l’État français. Ils mélangent volontairement les questions de famille et de mariage homosexuel.

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A.S.: