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Humanisme N° 302 : « République qu’as tu fait de ton unité ? « 

La revue des francs-maçons du Grand Orient de France « Humanisme » – N° 302 – Février – Mars – Avril 2014 – consacre un dossier au thème « République qu’as tu fait de ton unité ? « 

Edito de Samuël Tomei sur l’ Intégration

Un tollé. Le Premier ministre en a loué la qualité et pas moins de dix ministères ont été associés à leur élaboration. Les cinq rapports sur la « refondation de la politique d’intégration » devaient inspirer la politique du Gouvernement  qui, face à l’ire des républicains, a dû en partie renoncer – temporairement ? – à une logique d’inclusion. Car ce sont bien deux logiques qui s’affrontent et entre lesquelles il faut choisir car elles s’excluent par nature.

Selon la première, notre modèle d’intégration, jugé en faillite, doit être remplacé par un nouveau, de type «communautarien», qui remplacerait l’intégration par l’inclusion.

Il conviendrait de valoriser les diversités tout en polissant le langage – « désigner, c’est stigmatiser » –, de « reconnaître toutes les langues » afin d’en finir avec l’hégémonie du français. Chaque groupe devrait avoir droit de cité et, donc, par exemple, le voile redevenir licite au sein de l’école publique. L’inclusion consiste à « articuler les différences plutôt qu’à les fondre »(H. Lagrange) ; elle repose sur le fameux « vivre ensemble » qui vise à l’harmonie sociale, à savoir l’agencement entre les parties d’un tout, une « jonction par engrenage » (Littré), bref, la juxtaposition des communautés.

 Les républicains rejettent ce système qui enchaîne l’homme à ses appartenances réelles ou supposées. La relégation des particularismes ethniques, linguistiques, religieux, sexuels… dans la sphère privée est le seul moyen d’empêcher que les différences soient source de droits particuliers et donc le seul moyen de garantir l’égalité des citoyens en droit. Pour que réussisse ce modèle d’intégration où le citoyen transcende l’homme sans le nier, le respect de la loi et des codes sociaux ne suffit pas. Il s’agit de s’approprier un héritage commun pour mieux participer à un projet collectif (comme le franc-maçon, pour construire, s’approprie, sans avoir à renoncer à lui-même, un système symbolique et un récit légendaire communs). L’intégration, plus qu’à l’harmonie, vise donc à la concorde qui est « l’union des cœurs et des esprits » (Littré, toujours), l’union d’individus-citoyens égaux et artisans du destin de la République.

Reste qu’on ne peut demander à l’autre d’aimer ce qu’on réprouve soi-même. On réussira l’intégration en appréhendant l’histoire de France comme un bloc, en confiant, enfin, à l’école la mission de transmettre les humanités grâce auxquelles chaque élève est candidat à l’Humanité, en ayant conscience que la maîtrise de la langue commune est le premier outil de maîtrise de soi et le premier  vecteur d’égalité.

 Les francs-maçons ne manqueront pas de redonner à l’intégration républicaine ses lettres de noblesse – forts de leur expérience : l’initiation n’est- elle pas l’intégration par excellence ?

Au sommaire d’Humanisme n° 302 (Février – Mars – Avril 2014)

DOSSIER :

  • République, où est ton unité ? – André BELLON
  • La citoyenneté et l’état-nation – Anicet LE PORS
  • Un spectre hanterait-il la France, le spectre du « jacobinisme » ? – Michel BIARD
  • L’Union Européenne contre la république – Yvonne BOLLMANN
  • Un Etat fort et des collectivités locales libres – Entretien avec André LAIGNEL
  • Les communes, acteurs de la république – Christian BERTHIER
  • Intégration : un choix historique – Entretien avec Malika SOREL-SUTTER
  • Vote des étrangers aux élections locales : une régression démocratique – Philippe FOUSSIER
  • Les républicains contre la charte européenne des langues régionales – René ANDRAU
  • Discours de réception à l’académie française – Angelo RINALDI
  • L’unité de la république pour Claude NICOLET – Samuël TOMEI
  • Le principe d’indivisibilité de la république – Jérémy MERCIER

Editorial : Intégration

Société : Le grand marché transatlantique : nos valeurs menacées – Raoul Marc JENNAR

Exposition : Daumier ou la caricature au service de la liberté – Pascal BAJOU
La caricature : Jean-Pie ROBILLOT

Vitriol : Vous avez dit « incivilités » ? – Charles COUTEL

International : Grèce : la démocratie en péril – Entretien avec Ina PIPERAKI

Réflexion : Le déni de république ou la maladie narcissique du pouvoir – Alexandre DORNA

Travaux en loge : Nation et identité(s) – Antoine PERRUCHOT

Apports et manques de la loi actuelle sur la fin de vie – Bernard LEBEAU

Riposte : Charles Conte écrase l’infâme – Louis MARTIN et Réponse de Charles CONTE

Musique : 1814, le chant des girouettes – Jean KRIFF

7e art : La Grande Guerre à l’écran – Jean-louis COY

Livres

  • – Penser la laïcité, Catherine KINTZLER
  • – Petite vie de Charles Péguy, Charles COUTEL
  • – Francs-maçons, il pleut, Remy CASTAN
  • – Quand le syndicalisme enseignant rencontre Le socialisme 1975-1979, Jean BATTUT

Courrier des lecteurs

  • – A propos du Chili, Paul TIRAND

DISPONIBLE CHEZ CONFORM EDITION

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