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Eloge Maçonnique en Lot et Garonne

« La Franc-maçonnerie en Lot-et-Garonne (1759-1940) » est le dernier ouvrage de Jacques Clouché paru aux Éditions d’Albret. Un livre sur deux siècle d’histoire maçonnique en Lot et Garonne.

C’est l’occasion pour l’éditorial « Sud-Ouest » de publier un entretien des plus insolites avec Jacques Clouché.

Source : http://www.sudouest.fr/2010/04/27/eloge-maconnique-76538-4622.php

«J’aime mieux être homme à paradoxes qu’à préjugés… » Ceux qui ont eu la chance (ou la malchance…) de se frotter à l’esprit de Jacques Clouché, humaniste comme les aimait Montaigne, « avec une tête bien faite plutôt que bien pleine », ne s’étonneront pas de voir cette réflexion de Jean-Jacques Rousseau figurer en exergue pour ne pas dire aux premières loges de son dernier livre, qui paraît ces jours-ci, aux Éditions d’Albret, que dirigent les Amis du Vieux-Nérac : « La Franc-maçonnerie en Lot-et-Garonne (1759-1940) ».

Tout à la fois acteur de la vie politique, poète, auteur d’un monumental « Jasmin vrai », sportif et historien, Jacques Clouché aime d’abord se définir comme un « franc-gascon ».

Pourquoi, cependant, cet éloge maçonnique qui s’arrête, comme inachevé, en 1940 ? Quid des « frères invisibles » en 2010 ? Qui sont-ils en Lot-et-Garonne ? Combien sont-ils ? Où se cachent-ils et pourquoi ? Ces questions de béotien, qui n’a pas été initié dans les colonnes du temple, agacent l’historien, grand amateur de rugby, champion du contre-pied et de la feinte de passe.

« C’est bien un truc de journaliste, ces interrogations sur la maçonnerie d’aujourd’hui, avec ses prétendus réseaux, ses appartenances, ses titres, ses secrets, ses mystères, ses fantasmes… Est-ce que cela m’intéresse, moi, de connaître les convictions politiques ou religieuses de mon voisin ? Suffisamment de bouquins, écrits sous forme de réquisitoires, traitent des pouvoirs supposés du Grand Orient de France et de la Grande Loge nationale française dans les sphères publique et économique, qu’il s’agisse du gouvernement, de l’administration, des entreprises, des banques, etc. Tous les médias, ou presque, font leur marronnier de ce qu’ils appellent un « État dans l’État ». »

De Montesquieu à Darlan

« Ce voyeurisme est le mal du siècle. Mon travail a nécessité quinze années de recherches. Comme dirait M. de La Palisse, cette approche purement historique concerne le passé, c’est-à-dire la période pour laquelle les archives sont accessibles, sans lien avec l’actualité (ou les actualités) de la franc-maçonnerie. Il s’agit d’un intérêt personnel pour un mouvement de pensée plus discret que secret. Justement, que je sois membre d’une loge agenaise du Grand Orient n’est pas véritablement un secret d’État. De plus, si je suis libre de me dévoiler, je ne peux révéler l’identité d’un autre maçon vivant. » Point barre.

Sourire enfin de l’auteur lorsqu’il cite le quatrain humoristique du compositeur Jean-Christophe Naudot : « Pour le public, un franc-maçon/Sera toujours un vrai problème/Qu’il ne saurait résoudre à fond/Qu’en devenant maçon lui-même. »

Jacques Clouché, c’est aussi un style clair, simple et vif que ne manque d’ailleurs pas de relever dans sa préface Henri Caillavet, qui fut une sommité du Grand Orient. La Lumière, sa loge de Neuilly, aurait été fréquentée par Nicolas Sarkozy, pendant sa traversée du désert, après la défaite d’Édouard Balladur. « Frère Jacques » a donc bouclé un voyage de plus de deux siècles dans la « famille », montrant clairement que l’on trouve aussi bien des francs-maçons élus dans la vie parlementaire ou engagés dans les activités économique, sociale ou culturelle du Lot-et-Garonne. Au total, ce sont 3 000 Lot-et-Garonnais qui figurent au panthéon de la franc-maçonnerie locale, ayant bien mérité de la « petite patrie ».

Au commencement, il y a Montesquieu, l’auteur de « De l’esprit des lois », agenais par son mariage avec Jeanne de Lartigue et, pour finir, en 1940, l’amiral François Darlan, né à Nérac : ce fils de franc-maçon, qui fut le bras droit de Pétain, fit voter les lois antimaçonniques de Vichy. C’est encore l’une de ces ironies dont l’histoire a le secret.

« La Franc-maçonnerie en Lot-et-Garonne (1759-1940) », de Jacques Clouché, aux Éditions d’Albret, 574 pages, 20 euros.

A.S.: