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« DIGNITAIRES »USAGE D’HIER, POISON DEMAIN »

« Dignitaires »usage dhier, poison demain »

            « Mes Frères et mes Sœurs, nous allons accueillir l’Illustre Grand(e)……Debout et à l’ordre. Formez la voûte d’acier. Veuillez former le cortège. Frère Maître des cérémonies vous ouvrirez la marche et vous, ma Sœur Grand Expert, vous fermerez le cortège. Mes Frère et Sœur Surveillants, maillets battants » On ouvre alors les portes à double battant si l’on est sérieux. Entre, le sourire figé, la posture un peu raide, le dignitaire qui intérieurement est au comble de l’aise car « la déférence qui lui est due » le renforce dans ses convictions d’être un Maître maçon accompli. Mais attention ce n’est pas avec cette apostrophe qu’il est reçu ; ce serait vulgaire. Non on préfère rapidement lui donner du « grand(e) » Machin Chose . L’outrance peut aller, je l’ai entendu plusieurs fois jusqu’à l’interpeler : « Trois fois Puissant Souverain Grand Commandeur… » D’une prétention désuète à éclater de rire en 2018. Pourtant beaucoup d’entre nous qui s’estiment respectueux de la Tradition mais qui sont en fait soumis, la bouche cousue,  aux usages aiment bien ce carnaval et n’y toucherait en rien.    Mais d’où vient donc cet usage, loufoque aujourd’hui ? Des rites monarchiques qui se glissèrent dans la Franc-maçonnerie et y prospérèrent, tellement ils déclenchent des émotions de pacotille de parfum aristocrate. Que dis-je ? Royal. Cet usage est fort  pernicieux car il détourne la Voie maçonnique de ses finalités, valeurs et principes de conduite. Pour trois raisons.

D’abord parce que l’on fait croire que l’acmé de la Voie est la servitude. Bonjour la liberté intérieure que nous cherchons sans cesse en nous, inconscients de son baillonnement ! J’oubliais : cette soumission va au point où le Vénérable propose son maillet à l’Illustre. Bravo pour une loge souveraine !
Puis cet usage entretient la croyance selon laquelle, oui, il existe des Sœurs et des ƒrères qui sont arrivés à un niveau de sagesse. On fait mine de le croire, sans broncher : « Et si un jour c’était moi » ?  La prétention et la vanité-sont de la partie dans les inconscients Oh ! surtout ne pas dire cela puisque c’est le rite donc, par définition respectable, à égrener sans sourciller et sans avoir le moindre doute. La prétention, la vanité et leurs masques sont ainsi enrobées par l’acquiescement général. Hypocrisie, dites-vous ? J’ai entendu que nous avions à la combattre.  Personne (ou très peu, comme par exemple les libertaires dangereux !) ne songerait  à lancer le pont de la vanité entre les dignitaires  compassés.et les tabliers des Maîtres surbrodés et dorés.

Enfin parce que le coup des dignitaires « qui siégez à l’Orient »

(Pourquoi  d’ailleurs?) comme il est de coutume de dire quand on prend la parole introduit une confusion regrettable entre l’initatique et l’administratif. Les Illustres sont respectables parce qu’ils travaillent pour la communauté mais personne ne les y a poussé(e)s

. J’ai même entendu une Sœur d’un Conseil de l’Ordre affirmer : « Ce n’est pas du tout par ambition, c’est pour rendre service ! » Mais il ne valent, initiatiquement pas plus que le dernier Apprenti qui est assidu et travaille. C’est cela l’égalité de nos batteries.

La Franc-maçonnerie de style français porte, je le crois, les germes de l’avenir de l’Ordre. Et déjà l’on sent les valeurs anciennes se renouveler comme la tolérance qui se lie à l’empathie, la fraternité qui s’enrichit de l’affection Ou se renforcer comme la si belle laïcité. Ou bien encore émerger. J’entends encore un Grand Maître affirmer, il y a un dizaine d’années que le Maçon est un être qui doute, donnant par là toute légitimité intime au refus du dogme certes, mais aussi aux croyances et certitudes qui nous servent de personnalité d’apparat. La modestie, l’humilité chasseront la condescendance parfois due aux degrés : « Tu verras cela plus tard », dit-on à l’Apprenti(e) qui pose une question qui n’est pas son degré (sic !). Et puis cette réserve amènera les futures Vénérables et Surveillants à ne pas se croire « oints » par la vertu de leur office. Demain, ils auront à apprendre à gérer un groupe en fonction de sa composition, de sa manière de travailler, de son égrégore pour le motiver Ils vont apprendre à  amener les adeptes être autre chose que des perroquets boursoufflés de vanité et de dignité : des êtres en libération réciproque; Car la fraternité sera de plus en plus l’alpha et l’oméga de la réalisation maçonnique : une spiritualité pour agir.


 

A.S.:

View Comments (2)

  • Mon T.C.F Franck, tu as entièrement raison, sur se système ostentatoire où un pseudo et temporaire "pouvoir" corrompt et abîme. C'est aussi, parce que, trop souvent, il n'émane pas d' une Autorité spirituelle.
    Ton intervention m'apparaît particulièrement saine et nécessaire à l'aune de notre monde actuel.
    Mais après tout, n'est-ce pas, là encore, notre chère Maya qui nous éprouve avec son miroir aux alouettes.
    "Beaucoup d'appelés, peu d'Elus..."
    Tu n'es pas dupe, de moins en moins de Sœurs et Frères non plus.
    En observant de plus près, si une S. ou un F. n'a pas intégré le sens symbolique et ésotérique des titres, peut-être n'a-t-elle (il) pas éprouvé tous ses degrés.
    Si le T.Ill.F. n'est qu'un Spirou (il y en a quelques uns bien sûr mais ils ne sont pas pléthore non plus) il ne fera que passer "au vent mauvais". Rien n'est pire qu'un 33° qui s'ennuie ! Mon Travail n'a jamais été leur serviteur.
    Certaines Obédiences se sont recentrées sur des rituels plus dépouillés, plus humbles dans leurs "mouvements" et rien ne nous empêche de les rejoindre pour en nourrir l'égrégore.
    Les Juridictions que j'ai connues sont plus jurassico-dépendantes avec une tendance à la momification.
    Mais un jour " tout se désunit ", telle est mon espérance.

    Bizzz varoise et merci !

  • Combien de frères de la GLDF ont été accusés du délit « d'indélicatesse au grand maître » durant ces SIX dernières années par les GM Philippe Charuel et Marc Henry? Menacés de radiation, se devant de s'expliquer devant un « jury fraternel » pour avoir osé exprimer une opinion critique par rapport à la politique de la gouvernance. Cet absolutisme d'une dévotion exigée aux hiérarques découle directement de l'égo devenu surdimensionné de ces personnages sans grâce à la Simenon, qui un jour, sont reçus sous la voute d'acier, maillets batants !