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Daniel KELLER et « Le siècle des ténèbres »

Intitulée « Le siècle des ténèbres », sur le site de MEDIAPART, la dernière tribune de Daniel KELLER, Grand Maître du Grand Orient de France, aborde « le modèle de civilisation » qui est le notre.

Extrait :

« Toutes les victimes, qu’elles soient de Paris ou de Copenhague, qu’elles soient juives, coptes d’Egypte ou chrétiennes d’Irak, sont les victimes de ceux qui ont décidé que le siècle des Lumières devait céder la place au siècle des Ténèbres », estime Daniel Keller, Grand Maître du Grand Orient de France. « Il faudra plus qu’un sursaut », ajoute-t-il, « pour ne pas céder à tous ceux qui prétendent résoudre nos maux dans la désignation de boucs-émissaires ».

 Après Paris, l’attentat de Copenhague et la profanation du cimetière juif de Sarre-Union montrent que le fléau qui s’abat aujourd’hui sur nous n’est pas circonscrit à un seul pays. Le mal est plus profond, il touche par-delà les frontières l’Europe, non pas l’Europe politique, non pas l’Europe institutionnelle, mais le modèle de civilisation dont elle est porteuse. Que deux pays socialement aussi différents soient la cible de tels attentats ne peut que conduire à relativiser l’argument selon lequel ces déferlements de haine auraient des causes d’origine avant tout économiques et sociales.

Il faut chercher l’explication ailleurs, dans le type de société dont l’Europe est l’incarnation. Ce modèle est le descendant direct de la civilisation des Lumières qui triompha au XVIIIe siècle. Cette civilisation s’enracina dans sa capacité à démontrer que les châtiments barbares qui existaient alors appartenaient à un autre temps. Elle s’affirma dans sa volonté d’expliquer que les peines devaient être proportionnées aux délits, elle s’imposa dans sa faculté à repenser le droit de punir. Ce processus de civilisation fit triompher peu à peu un principe : le principe d’humanité. Cette humanisation des rapports entre les individus trouva des prolongements institutionnels dans le cadre des démocraties naissantes qui, succédant aux monarchies éclairées, jugèrent nécessaire peu à peu de faire précéder l’organisation politique de déclarations des droits. La France, à travers le modèle républicain qu’elle s’est donnée, prolongea à son tour ce mouvement en proclamant que l’ordre politique devait être distinct de l’ordre religieux. C’est pourquoi le chef de l’Etat, en France, n’est pas le chef d’une Eglise ni ne prête serment sur la Bible.

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A.S.: