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BRUXELLES MAÇONNIQUE : RÉFUTATION DES CRITIQUES DE JOEL GOFFIN – JEAN VAN WIN

Texte publié à la demande de Jean van WinPM de la loge d’études Ars Macionica, GLRB, Bruxelles, Membre de la RL La Concorde n°195, GLTSO, Bruxelles 

Je suis aujourd’hui l’objet d’une controverse fort peu courtoise de la part d’un Bruxellois nommé Joël Goffin, qui dispose d’un site Internet, et qui est obsédé par la volonté de contredire mon livre « Bruxelles maçonnique, faux mystères, vrais symboles ». Il y affirme notamment que le Parc de Bruxelles, voulu par Charles de Lorraine avant 1780, reproduirait un « plan maçonnique », et il répand sa théorie partout en donnant les références de son site. Jean Van Win


Bruxelles maçonnique : réfutation des critiques émises par Joël Goffin à propos du livre de Jean van Win intitulé «  Bruxelles maçonnique : faux mystères, vrais symboles ».

               Ce qui est vrai se doit d’occulter ce qui est faux.

Exposé des motifs

Le site Bruges-la-morte.net détaille une série de réfutations, importantes ou accessoires, de mon livre Bruxelles maçonnique, publié en 2007 par les éditions Cortext, et réédité en 2012 aux éditions Télélivre, Jacques Rouben, à Bruxelles. Cette réédition fut cautionnée et préfacée par le bourgmestre de la Ville de Bruxelles. Mon contradicteur a éprouvé le besoin de donner à ses considérations une large publicité, et se répand sur divers sites Internet. Je me dois donc d’y répondre.

Je ne retiendrai du document de Joël Goffin, qui est loin de manquer d’intérêt, que les principaux points avec lesquels je suis en désaccord, le plus important d’entre eux constituant la thèse qu’il résume en sa conclusion que voici :

« la construction du Parc Royal de Bruxelles s’apparente à un investissement de l’espace public par un franc-maçon de haut rang, en l’occurrence le prince de Starhemberg. Il faut y voir un jeu (sic) intellectuel hautement spéculatif allié à un désir de prestige personnel. Et non un parcours initiatique au sens strict ». On peut en déduire ceci : ce n’est pas Charles de Lorraine qui est à l’origine de la construction du Parc de Bruxelles, et ce dernier est ornementé de symboles maçonniques introduits par Georg Adam von Starhemberg.

Cette thèse, historiquement erronée, ne peut obtenir mon agrément, et je vais tenter de démontrer, et de confirmer à ceux et celles que cette controverse peut intéresser, que le Parc de Bruxelles n’a aucune connotation maçonnique que ce soit, et que, selon mes informations, le prince von Starhemberg ne put en rien être l’auteur d’une initiative de cette nature.

Nous commencerons la démonstration par quelques points génériques, et poursuivrons, selon l’usage, par une revue des points spécifiques appuyant ma réfutation des arguments utilisés par Joël Goffin.

A–Points génériques : les analyses de spécialistes en urbanisme et d’historiens du XVIIIe siècle.

  • Christophe LOIR: « Bruxelles néo-classique ; mutation d’un espace urbain, 1775-1840 » éditions CFC, Bruxelles, 2009. L’auteur est historien, historien de l’Art, historien du Christianisme, docteur en philosophie et lettres et chercheur qualifié au CNRS. Extraits des pages 101-102 :

Citation : « Des enfants personnifient les Arts et les Sciences. Ces deux groupes, sculptés par Gilles Lambert Godecharle, représentent d’un côté, le Commerce et la Navigation, et de l’Autre, les Arts et les Sciences […]

« Les médaillons présentés par ces deux groupes sculptés mettent l’accent sur le rôle que joua le prince de Starhemberg, ministre plénipotentiaire, dans la réalisation du Quartier Royal. Né à Londres en 1724, ayant exercé de hautes fonctions administratives tant à Lisbonne qu’à Madrid,   à Paris et à Vienne. Georg Adam de Starhemberg possède une vaste culture urbaine. Ce haut-fonctionnaire cosmopolite s’est probablement promené dans les squares londoniens, sur les places royales parisiennes et dans les parcs viennois

« Nous l’avons vu, un des enfants du groupe sculpté de droite montre au promeneur un médaillon sur lequel est représenté le plan du parc de Bruxelles. Il s’agit d’un plan orienté au nord et déroulé aux deux tiers. Il représente non seulement le Parc mais également les artères qui l’entourent.[…] Grâce au plan, on découvre la régularité de cet espace rectangulaire – 440 mètres sur 305 mètres à l’origine – présentant, côté nord, deux angles coupés. Plusieurs larges allées rectilignes le structurent, des allées de pourtour longent les allées du Parc, formant, à l’intérieur, une patte d’oie depuis le rond-point : une allée axiale est en effet flanquée, de part et d’autre, d’une allée biaise et deux allées transversales coupent cette patte d’oie, selon un axe est-ouest ». Fin de citation.

  • Xavier Duquenne : auteur de deux livres importants, dont l’un consacré au château de Seneffe, et couronné par l’Académie française, l’autre au Bois de la Cambre. L’ouvrage Le Parc de Bruxelles, édité par CFC éditions, Bruxelles, 1993, constitue une étude pointue du Parc et comporte de nombreux documents iconographiques d’un haut intérêt. Extrait de la page 50, Ch. III :

« C’est dire aussi, à l’encontre d’autres opinions, qu’il ne provient pas non plus d’une volonté d’y représenter des emblèmes maçonniques, que l’on peut y voir aisément – notamment le compas, lequel est dû avant tout aux contraintes susdites et à la structure classique de la patte d’oie. »

  • Georges Renoy: narrateur prolixe de Paris et de Bruxelles, enseignant, écrivain, journaliste et collectionneur de tout ce qui concerne Bruxelles dont il a lu tout ce qui s’écrit à son propos. Il est préfacé ici par l’architecte Victor G. Martiny, membre de l’Académie, et ancien Grand Maître du Grand Orient de Belgique, qui cautionne cette œuvre « que l’on abandonne que difficilement une fois commencée » écrit-il. Georges Renoy fut un libre-exaministe convaincu. Extrait de son ouvrage : Bruxelles Vécu Quartier Royal, éditions Rossel 1980. L’iconographie est abondante et souvent inédite.

Citation :

« Trois petits points et puis s’en vont.

« Le tracé du Parc de Bruxelles, conçu à la fin de ce que l’on a coutume d’appeler le Siècle des Lumières, a donné lieu aux interprétations les plus fantaisistes, particulièrement de la part de quelques marginaux de l’Histoire qui ne sont heureux que si une pierre, aussi anodine soit-elle, se trouve chargée de mystère et de symbolisme occulte.

Pour ces maniaques de l’ésotérisme, une balade du temple carré de Saint-Jacques au grand bassin circulaire, en passant par l’octogone du premier carrefour, permet la réalisation de ce vieux rêve qui hante la nuit des chercheurs : la quadrature du cercle.

« Grâce au plan gravé dans le médaillon de pierre du groupe des Arts, l’ « initié » découvre, avec la joie que l’on devine, les outils symboliques de la Franc-maçonnerie spéculative : équerre, compas, maillet, niveau, truelle. Tout un arsenal d’accessoires de constructeurs de cathédrales réduits à transmettre les secrets de la tradition par le truchement des allées d’un parc public. Savent-ils, ces décortiqueurs de plans, qu’en entrant dans l’Ordre, le futur Apprenti fait le serment « de ne jamais graver, tracer ou buriner aucun caractère, par où les secrets de la Maçonnerie puissent être dévoilés » et qu’il préfèrerait « avoir la gorge coupée plutôt que de manquer à sa parole » ?

« Mais sans doute les rangs du Grand Orient de France, tout nouvellement créé en 1773, recèlent-ils des traîtres, parjures, au nombre desquels figurent les Guimard, les Barré, ces petits architectes de l’univers… Rêver pour rêver, autant aller jusqu’au bout.

« Dommage cependant que le théâtre du Parc n’était pas prévu dans le pan initial et que cette césure dans le périmètres du Parc, qui permet aujourd’hui d’y découvrir une équerre, n’existait pas à l’origine. De toutes manières, si équerre il eût fallu, elle se serait trouvée ailleurs et autrement disposée. Au fait : quid de l’étoile flamboyante, des trois points, du pavé mosaïque, du Delta, de la chaîne d’union… Et quelle est cette perpendiculaire, sans triangle, inscrite dans un polygone irrégulier ?

« Il ne suffit pas de compiler le petit Léo Taxil illustré pour s’en aller à la découverte de l’Art Royal, et il y a très gros à parier que le Parc de Bruxelles ne soit que ce qu’il est : une merveilleuse promenade urbaine au cœur d’un quartier digne d’elle, plutôt qu’un temple maçonnique en plein air.  Ce qui n’est déjà pas si mal.

« Quant à vouloir découvrir à tout prix les symboles qui permettent aux Maçons de se reconnaître entre eux, il doit être possible, en cherchant bien, d’en apercevoir dans le plan terrier du Vatican… ».  Fin de citation.

 

Conclusion de ces trois extraits venant de chercheurs qualifiés, et il en est encore bien d’autres : ils sont édifiants et nous pourrions arrêter ici les réponses documentaires que je fais aux allégations de mon contradicteur. Sans doute est-il illusoire d’imaginer le prince von Starhemberg traçant les plans d’un parc maçonnique, qui plus est situé aux Pays-Bas autrichiens. Mais on ne convainc pas ceux qui ont la foi. Passons donc aux arguments spécifiques portant cette fois sur des points d’histoire, selon les méthodes éprouvées de la critique historique et selon des sources contrôlables et non imaginaires.


A.S.:

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