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AU CHEVET D’UN MONDE FIÉVREUX – Episode 2 – Des marionnettes rebelles ?

Jacques Fontaine ose descendre aux racines naturelles de l’homo sapiens. Il découvre une autre manière de vivre ensemble.

AU CHEVET D’UN MONDE FIÉVREUX

Des marionnettes rebelles ?

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Le présent est également adoubé dans les récentes expressions de méditation ; mais il s’agit d’une autre étoffe de jouissance et j’y reviendrai. Tant de facteurs nous précipitent du haut de la falaise : le fric, notre Seigneur et notre dieu, la qualité de nos informations parcellisées, les écrans qui font écran, l’assèchement de la courtoisie, particulièrement dénoncée dans notre beau pays. Et, j’insiste sur un autre facteur, trop souvent négligé (tiens ! Pourquoi ?), la sale renaissance de la division du travail, depuis trois décennies. Les métiers de l’informatique ne fouettent pas plus le sang de leur serviteur que ne le faisait la chaîne. Moins pénible quand même m’objecte-t-on. Oui mais pas plus « épanouissant » mot bienvenu pour rester dans la mode, mais évocateur. FW Taylor revient sur un char victorieux. D’ailleurs, tout comme lui, l’ingénieur, nous encensons les avancées scientifiques, les seules crédibles aux yeux de beaucoup. En outre, notre socio-religion hyper-capitaliste possède ses prêtres, la majorité d’économistes, fervents zélateurs et développeurs du système.

            Car il nous faut, dans cette danse de l’Avoir, du visible, du démontré même si la raison, cette folie cérébrale, nous entre le rationnel et le concret. La vogue scientiste nous avale dans les tourbillons : « Quoiqu’il en soit, le but de la vie, de la vie réussie, c’est une satisfaction sans effort du désir ». Et en jolie redondance : « Vous jetez l’ancre à un endroit, vous la remontez, vous allez ailleurs et vous la jetez à nouveau. Il ne vous arrive rien de fâcheux, juste des aventures[1] ».

            Balance entre l’avidité frénétique et l’hécatombe apocalyptique. Oui, avec le décervèlement, des réactions qui me donnent des motifs (pas des raisons !) d’espérer. Malgré des rébellions, en crispation sur le système actuel mondial. Ne descendons pas en nous-mêmes. Des comportements, surtout, et fichez moi cette psychanalyse nauséeuse, au trou ! Comme toutes les approches de nos profondeurs. Les Américains s’en font les chantres et le monde suit ; tout en inventant des formes de réconfort plus subtiles et qui, je le reconnais loyalement, nous aident, parfois, à sortir de la cave où les chiens aboient. Les TCC, les pratiques de développement personnel, les retraites méditatives, les recentrements sur soi… sont désormais des réponses à notre grande peur instinctuelle qui bout dans nos inconscients et se réveille brutalement avec un virus menaçant. Ce qui pourrait bien être une chance pour déloger le scientisme, qui prétend donner de la raison dans une société folle d’Avoir. Cet arsenal ne mène pas à l’introspection bagarreuse, mais ventile en fait les fumées malodorantes, voire néfastes. Pas toutes quand même ! Je vais citer une pratique prometteuse, je le dis par expérience : le Dialogue intérieur de Hal et Sidra Stone (années 70) : chacun est amené à jouer, devant un groupe, tous les rôles que nous endossons. Alors nous dévoilons notre semblant de personnalité, par la descente mesurée, en soi. Et la retrouvaille émouvante avec notre « Enfant vulnérable ».

            Il faut bien tout cet arsenal pour parer aux dépressions, ce virus psycho-organique dont nous sommes de plus en plus nombreux à être porteurs. Ainsi, on compte plus de 300 millions de personnes dans le monde souffrant de dépression soit une augmentation de plus de 18 % de 2005 à 2015. Chaque année, près de 800 000 personnes meurent en se suicidant. Cela, bien souvent, parce que Nous sommes contraints à réduire la complexité de nos rôles à des marionnettes manipulées, non pas sur leur besoin de relations mais sur les gratifications les plus rapides possibles, vaines.

Une phrase bien sentie : « Bref on cherche plus l’accomplissement de soi, qui est l’impératif de la modernité psychologique, que la dépossession de soi qui est le mot d’ordre de la spiritualité traditionnelle ».[2]

La consommation est le premier et grand symptôme d’un vacillant état de santé du monde. Symptôme à ne pas confondre avec la maladie. Elle en est une conséquence ; Mais il faut continuer à  identifier les symptômes pour mieux remonter au virus. Les technologies, sont, à n’en pas douter, une autre expression fiévreuse, visible à en hurler !


[1] Deux phrases raccourcies et fortes de Zygman Baumann, cité par M.Atlan et J.P. Droit. Voir biblio.

[2] Citation de F. Lenoir. Voir biblio.

A.S.:

View Comments (1)

  • Les 2 premiers paragraphes sont un copié/collé des 2 derniers paragraphes de l'épisode 1.
    Etait-ce un test pour savoir si tout le monde suit ?