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Alexandra David-Néel : exploratrice, femme de lettres et franc-maçonne

Le site « Désir d’Avenir« publie un dossier sur Alexandra David-Néel, exploratrice et femme de lettres….On apprend que cette femme à la vie fabuleuse «  fréquentait diverses sociétés secrètes – elle atteindra le trentième degré dans le rite écossais mixte de la Franc-Maçonnerie« 

Louise Eugénie Alexandrine Marie David, plus connue sous son nom de plume Alexandra David-Néel, née le 24octobre 1868 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), morte le 8 septembre 1969 à Digne (Alpes-de-Haute-Provence), de nationalités française et belge, est une orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra, journaliste, écrivaine et exploratrice. Outre sa longévité (presque 101 ans), son trait de gloire le plus marquant reste d’avoir été, en 1924, la première femme d’origine européenne à séjourner à Lhassa au Tibet, exploit dont la publicité fut soigneusement orchestrée dans les années 1920 et qui contribua fortement à sa renommée, en plus de ses qualités personnelles et de son érudition.

Vidéo et dossier ci-dessous :


Alexandra David-Néel

Source :http://www.desirsdavenir.org/node/33316

Née à Paris le 24 octobre 1868, Alexandra David-Néel est décédée à Digne le 8 septembre 1969 à l’âge de 101 ans. Elle a consacré sa vie à ses deux grandes passions, l’exploration et à l’étude, passions qui, dans sa petite enfance ont fait d’elle une enfant terrible, dans son adolescence une contestataire, dans sa jeunesse une anarchiste, et dans sa vieillesse un des plus sages « penseurs libres » du XXe siècle.

Première femme occidentale à être entrée dans la cité interdite de Lhassa en 1924, Alexandra David-Néel exploratrice intrépide, moderne, fuyant dès son plus jeune âge le carcan familial, féministe convaincue soucieuse de démocratiser les savoirs, affronte et renverse tous les obstacles qu’elle croise sur sa route.

Pour entrer au Tibet après plusieurs tentatives infructueuses, elle se déguise en mendiante tibétaine; pour adopter un jeune lama rencontré pendant ses voyages, elle rompt avec son mari qui ne l’accepte pas; pour ouvrir l’Europe à la philosophie indienne et bouddhiste, elle écrit de nombreux livres et articles sur les préceptes et théories des religions tibétaines. Exploratrice avide de découvrir des contrées inconnues, elle est avant tout une femme de lettres, soucieuse de partager ses connaissances avec le plus grand nombre.

« Je voyagerais !… »

Très jeune, Alexandra se passionne pour la littérature. Enfant elle saute sur les genoux d’un illustre ami de son père, Victor Hugo, et les récits imaginaires de Jules Verne lui ouvrent les portes d’un monde magique : « Leurs héros peuplaient de leurs exploits mes rêveries enfantines. (…) Ma résolution était prise… Comme eux, et mieux encore si possible, je voyagerais !... »

Elle a 17 ans quand elle accomplit son premier « vrai voyage » en robe à frou-frou et bottines, elle quitte Bruxelles où elle vit avec ses parents, et prend un train en direction de la Suisse. Quelques jours plus tard, sa mère ira la récupérer sur les bords du lac Majeur où elle est arrivée sans un sou… Un an plus tard c’est à bicyclette, baluchon au guidon, qu’elle part sans rien dire à ses parents pour visiter l’Espagne.

A sa majorité le 24 octobre 1889, elle quitte sa famille, s’installe à Paris à la Société Théosophique et entreprend en auditeur libre des études en Sorbonne, aux Langues Orientales et au Collège de France. Elle se rend le plus souvent possible au musée Guimet où, elle « s’attarde dans la bibliothèque d’où des appels muets s’échappent des pages que l’on feuillette. Des vocations naissent et, ajoute-t-elle, « la mienne y est née. »

Elle fréquente diverses sociétés secrètes – elle atteindra le trentième degré dans le rite écossais mixte de la Franc-Maçonnerie – et les milieux féministes, anarchistes, la reçoivent avec enthousiasme. En 1899, elle écrira un traité anarchiste où elle écrit entre autre : « il faut que les femmes au foyer aient un salaire« …

Partager son savoir

Tandis qu’elle étudie les traductions de textes orientaux, Alexandra David-Néel regrette que les ouvrages ne s’adressent qu’aux spécialistes et ne soient accessibles qu’à une élite. « Parmi toute cette littérature l’on en est à chercher le manuel simple, élémentaire, (…) propre à satisfaire le lecteur désireux de s’éclairer mais disposant d’un temps restreint et ne possédant aucune culture spéciale préparatoire », écrit-elle en 1891.

Tout son travail d’écriture consiste dès lors à partager son savoir, qu’il s’agisse de ses comptes rendus de voyages, comme de ses expériences plus personnelles, ouvrant le propos à des considérations universelles. Dans les années 1890, elle intégre le milieu journalistique, un moyen d’écrire et d’informer qui correspond à sa personnalité. Elle écrit pour des titres théosophique (Le Lotus Bleu), socialiste (L’Etoile socialiste, Revue populaire hebdomadaire du socialisme international) et féminin. Sous une plume progressiste, la jeune journaliste signe du symbolique pseudonyme « Mitra », référence à un dieu de l’Inde ancienne. Avec plus d’une cinquantaine d’articles, fruits de reportages sur le terrain, Alexandra David-Néel entre ainsi dans la famille des grands reporters du début du XXe siècle.

Une infatigeable voyageuse

En 1911, elle part seule pour un voyage de quelques semaines en Inde, pour dit -elle faire découvrir aux Occidentaux « un enseignement vivant, proche des conclusions de la science d’aujourd’hui, et, j’oserai dire, de la science de demain; un enseignement adéquat à la mentalité moderne, susceptible de devenir un guide pour les individus et une lumière sociale ” , elle en reviendra quatorze ans plus tard…

Révoltée par l’interdiction qui lui est faite de se rendre dans la capitale du Tibet et après plusieurs tentatives qui se soldent par autant d’expulsions, elle réalise un prodige : au terme d’un parcours de plus de 3 000 km, des mois d’errance à pied, des accidents et des démêlés avec les brigands, elle devient la première Occidentale à pénétrer dans la cité interdite de Lhassa en 1924. Elle a 56 ans.

Alors qu’elle préparait ce voyage elle écrit :  » Mon voyage est bien décidé. De n’importe quelle manière, avec un tout petit rien de confort et suffisamment de nourriture, ou à pied à la façon des mendiants, je veux le tenter. Je ne puis pas le différer plus d’un an. L’âge me talonne, les rhumatismes se font de plus en plus méchamment sentir. Une diminution de forces prévisible m’impose la hâte. Mourir pour mourir, eh bien je préfère que ce soit sur une route,quelque part dans la steppe (…) que dans une chambre tuée par le regret d’avoir manqué de courage, d’avoir renoncé (…) J’ai un tempérament mystique et des vues philosophiques qui me permettent une vie que peu de gens nés en Occident pourraient supporter. Il viendra un temps que nous ne verrons pas où les hommes entretiendront l’idée qui semble monstrueuse aujourd’hui que tout enfant doit trouver dans son berceau égale chance de se développer suivant ses aptitudes naturelles, brillantes ou médiocres, et que quiconque prétend jouir de ce que l’on appelle la vie civilisée doit accomplir sa part du travail nécessaire au maintien des choses qui constituent la civilisation (…)

Entre 1925 et 1937 Alexandra David-Néel rentre en France, elle s’installe à Digne dans les Basses Alpes (aujourd’hui Alpes de Haute Provence), écrit plusieurs livres et fait plusieurs tournées de conférences en France et en Europe avec son fils adoptif Aphur Yongden.

En 1937, à 69 ans, elle repart une nouvelle fois avec Yongden. Destination la Chine via Bruxelles, Moscou et le transsibérien. Elle se retrouve en pleine guerre sino-japonaise, fuyant les combats, elle erre en Chine, avec des moyens de fortune, puis finit par se retrouver en 1946 en Inde avant de rentrer définitivement à Digne. Elle a 78 ans.

Installée dans sa retraite celle que les Tibétains considèrent comme une déesse passera son temps à l’étude et à l’écriture. Cela ne l’empêchera pas à 100 ans passés de demander le renouvellement de son passeport au Préfet des Basses-Alpes !

Ses cendres ont été transportées à Bénarès en 1973 pour être dispersées avec celles de son fils adoptif, mort en 1955, dans le Gange.

La maison d’Alexandra David-Néel à Digne « Samten Dzong », est aujourd’hui le Siège du Centre Culturel Alexandra David-Néel regroupant le musée Alexandra David-Néel, une association qui vient en aide aux enfants et réfugiés tibétains par l’intermédiaire de parrainages, dans le cadre « d’Entraide et Echanges Culturels Franco-Tibétains », qui gère cette action humanitaire. De nombreux chercheurs viennent également y consulter les documents d’archives réunis et rédigés par l’exploratrice.

A.S.: