La tolérance est une valeur cardinale de la Franc-Maçonnerie. Elle ne se réduit ni à l’indifférence ni à la simple résignation, mais constitue une véritable décision de rejeter la coercition. Tolérer, c’est reconnaître et accepter que d’autres puissent penser, agir ou ressentir différemment, sans que cela n’implique de renoncer à ses propres convictions.
Dans la vie quotidienne, cette attitude n’est pas synonyme de faiblesse. Tolérer, c’est admettre la pluralité des consciences, tout en gardant le droit – et le devoir – de discuter, d’argumenter et de chercher à convaincre par la raison ou l’émotion.
L’histoire, cependant, montre que la tolérance n’a pas toujours été la règle. Le XVIIᵉ siècle en Europe fut marqué par des guerres de religion sanglantes, comme la Guerre de Trente Ans, ou encore par les persécutions dans la Salem puritaine et la Rome ultramontaine. C’est dans ce contexte que John Locke publia en 1689 sa célèbre Lettre sur la tolérance, affirmant que seule la reconnaissance de la diversité pouvait conduire à la paix civile et sociale :
« Ce n’est pas la diversité des opinions, mais le refus de tolérer ceux qui pensent différemment, qui a engendré la plupart des conflits et des guerres dans le monde. »
La tolérance n’efface pas les différences, mais elle les rend fécondes. Elle invite à comprendre que nul n’est propriétaire exclusif de la vérité, et que chaque affirmation ou négation contient toujours une parcelle de lumière.
Pour le franc-maçon, cette vertu ne se confond ni avec un laxisme sans borne ni avec un pardon naïf. Elle suppose un comportement respectueux envers toutes les manifestations de la conscience humaine. Dans le Temple, le Maçon se tient à égale distance de toute croyance, à l’image du cercle tracé entre les parallèles ou du Soleil parcourant son chemin régulier entre les tropiques.
Ainsi comprise, la tolérance est une voie d’équilibre. Elle n’interdit pas la confrontation d’idées, bien au contraire : la Loge est précisément ce lieu où nous pouvons confronter nos pensées, aiguiser notre esprit, et chercher ensemble le meilleur de nous-mêmes.
Chaque initié est invité à construire l’édifice de ses propres convictions. L’initiation n’est pas la remise d’une vérité toute faite, mais l’apprentissage de l’Art de Penser, afin de transformer la diversité en harmonie et les différences en source de progrès.
Source :
José Carreiro – Camp d’Apprentis ARLS BO – Or. Mogi das Cruzes – SP
John Locke, Lettre concernant la tolérance, in Les Penseurs, São Paulo, Abril Cultural, 1973.
