L’apprentissage et l’accomplissement des rituels maçonniques sont l’un des sujets les plus controversés de la Franc-Maçonnerie. Nombreux sont ceux qui, comme moi, pensent que les rituels doivent être mémorisés et accomplis. D’autres soutiennent qu’il faut prévoir des tolérances, comme la lecture, car tout le monde n’est pas capable de mémoriser le rituel. Mais je suis ici pour vous expliquer pourquoi la mémorisation des rituels est non seulement possible pour tous, mais essentielle à la pratique de la Franc-Maçonnerie.
Commençons par dissiper les idées reçues sur l’apprentissage des rituels. Nombreux sont les frères qui croient devoir consacrer beaucoup de temps, par exemple une heure et demie le matin et une heure et demie le soir, à l’apprentissage de l’œuvre. Cette approche est non seulement intenable, mais aussi inutile. La solution réside dans des techniques d’apprentissage adaptées, conformes à nos enseignements maçonniques.
Vous souvenez-vous de la règle de 24 pouces ? Elle nous apprend à décomposer les choses en petites parties. Lorsque vous apprenez un rituel, n’essayez pas de l’aborder en une seule fois. Décomposez-le en parties faciles à gérer. Si vous apprenez une obligation, divisez-la par les pauses où le candidat répète après vous. Fixez-vous un calendrier réaliste : consacrez 80 % du temps disponible à l’apprentissage du travail et les 20 % restants au perfectionnement et à la pratique.
Le marteau nous apprend à agir. Au lieu de vous réserver de longs moments, trouvez de petites occasions de vous entraîner tout au long de la journée. Lorsque vous attendez l’ascenseur, que vous vous rendez au travail ou que vous promenez votre chien, profitez-en pour revoir vos répliques. Vous seriez surpris de voir à quel point ces petits moments s’accumulent.
Bien sûr, apprendre un rituel n’est pas toujours facile. C’est là qu’intervient le ciseau, nous enseignant la persévérance. Certes, il y aura des mots et des phrases difficiles. Certes, vous aurez peut-être des difficultés par moments. Mais continuez à travailler. N’oubliez pas qu’il faut des milliers de petits coups pour perfectionner la pierre brute, pas un ou deux grands.
Abordons maintenant le problème de l’absence de récompense immédiate. Contrairement à la navigation sur les réseaux sociaux, qui procure une dose instantanée de dopamine, mémoriser un rituel n’apporte pas de satisfaction immédiate. Vous pourriez passer des semaines à apprendre une mission, pour la remettre une fois en loge à un candidat qui, dépassé par la cérémonie, pourrait ne plus s’en souvenir.
Mais voici la solution : comprenez les bénéfices à long terme. En mémorisant le rituel, prenez le temps de rechercher et de comprendre le sens des mots. Cela approfondit votre compréhension des principes maçonniques. Vous n’apprenez pas seulement des lignes ; vous intériorisez la sagesse de notre art. De plus, vous développez la capacité d’accomplir des tâches difficiles sans résultat immédiat – une compétence qui vous sera utile dans tous les domaines de la vie.
N’oubliez pas que vous ne présentez pas le rituel uniquement au candidat. Vous le présentez à tous les frères présents. L’accent que vous mettez sur une phrase particulière pourrait trouver un écho auprès d’un frère qui a besoin de l’entendre ce jour-là. En mémorisant et en comprenant le rituel, vous serez mieux armé pour le transmettre avec sens et impact.
Abordons maintenant la question épineuse de la possibilité de lire les rituels. Certains affirment que la mémorisation n’est pas accessible à tous et qu’il faudrait donc autoriser la lecture pour rendre la franc-maçonnerie plus accessible. Mais je suis totalement en désaccord, et voici pourquoi.
J’ai été témoin de la vie de deux frères qui, de toute évidence, auraient dû avoir des difficultés de mémorisation. Tous deux ont grandi dans des familles où l’anglais était une seconde langue. Tous deux avaient des difficultés d’apprentissage et ont abandonné l’école à 16 ans pour se lancer dans un métier. S’il y avait bien des candidats aux « allocations », ce seraient eux.
Pourtant, ces deux frères ont suivi un office progressif et ont mémorisé le rituel avec un niveau exceptionnellement élevé. Comment ? Ils ont relevé le défi, suivi le processus défini lors de nos cérémonies et ont été soutenus par des frères encourageants.
Ceci nous amène à la solution : encourager la croissance par le défi. La franc-maçonnerie devrait être un lieu où nous pouvons nous dépasser. Si nous ne leur offrons pas cette opportunité, nous ne sommes pas à la hauteur de nos cérémonies. Nous manquons de l’intégrité que nous sommes censés avoir.
Il est intéressant de noter que j’ai vu davantage de frères diplômés et exerçant des métiers exigeant beaucoup de lecture et d’écriture avoir des difficultés avec le rituel. Pourquoi ? Souvent, c’est parce qu’ils utilisent des méthodes d’apprentissage inefficaces. Ils essaient de bachoter à la dernière minute, comme ils l’auraient fait à l’université. Mais le rituel ne fonctionne pas ainsi.
La solution réside dans une approche holistique de l’apprentissage rituel. Appliquez les leçons de nos outils de travail. Divisez le travail en petites étapes. Agissez de manière cohérente, en trouvant des moments privilégiés tout au long de la journée pour vous entraîner. Persévérez face aux difficultés. Recherchez et comprenez le sens des mots.
Cette approche fonctionne, car c’est ce que nos cérémonies nous enseignent. Le calibre de 60 cm nous apprend à répartir notre temps judicieusement. Le maillet nous apprend à agir. Le ciseau nous apprend à persévérer et à nous instruire.
En apprenant les rituels de cette manière, vous ne vous contentez pas de mémoriser des mots. Vous vous entraînez à accomplir des tâches difficiles, sans résultat immédiat, mais qui apportent des bénéfices significatifs à long terme. Vous passez d’une technique brute à une technique parfaite, non seulement dans votre travail rituel, mais aussi dans votre personnalité.
Je sais que certains d’entre vous se demandent peut-être : « Et si je fais des erreurs ? Et si j’ai besoin d’être guidé ? » À cela, je réponds : ce n’est pas grave. Nous faisons tous des erreurs. Ce qui compte, c’est la façon dont nous y réagissons. En tant que frères, nous devons être encourageants et solidaires. Lorsqu’un frère trébuche dans son rituel, nous devons le soutenir, et non le rabaisser. Ce soutien lui donne la motivation de faire mieux la prochaine fois.
N’oubliez pas que le fruit de tous ces efforts ne sera peut-être pas immédiatement récompensé. À mesure que vous progresserez dans vos fonctions, vous vous demanderez peut-être pourquoi vous fournissez tous ces efforts. Mais lorsque vous prendrez enfin place en tant que Vénérable Maître, tout ce qui a précédé aura porté ses fruits. C’est alors que vous réaliserez la valeur de tous vos efforts.
En conclusion, l’apprentissage et la mémorisation des rituels sont absolument essentiels à la pratique de la franc-maçonnerie. Il ne s’agit pas seulement de réciter des mots ; il s’agit d’intérioriser les principes de notre métier. Il s’agit de développer la capacité à accomplir des tâches difficiles, à persévérer face aux défis. Il s’agit de devenir quelqu’un capable de mettre de côté les distractions du monde pour se concentrer sur l’essentiel : son épanouissement personnel.
Alors, à tous mes frères et sœurs, je vous mets au défi de vous lancer dans la mémorisation des rituels. Ne vous laissez pas faire. Ne vous contentez pas de lire. Dépassez vos limites. Utilisez les techniques que j’ai décrites. Divisez le travail en étapes. Trouvez des moments pour vous entraîner. Persévérez malgré les difficultés. Comprenez le sens des mots.
N’oubliez pas que la franc-maçonnerie consiste à passer d’une pierre de taille brute à une pierre de taille parfaite. C’est une question de perfectionnement personnel permanent. En mémorisant un rituel, vous n’améliorez pas seulement votre mémoire ou votre capacité à réciter des mots. Vous vous améliorez en tant que maçon et en tant qu’être humain.
Et à ceux qui pensent qu’ils n’y parviennent pas, je dis : oui, vous pouvez. Si des frères et sœurs ayant des difficultés d’apprentissage et des barrières linguistiques y parviennent, vous aussi. Relevez le défi. Cherchez le soutien de vos frères et sœurs. Et voyez-vous grandir.
En fin de compte, c’est précisément l’essence même de la Franc-Maçonnerie. Il ne s’agit pas de simplifier les choses. Il s’agit de se mettre au défi de s’améliorer. Et il n’y a pas de meilleur moyen d’y parvenir qu’en apprenant, en comprenant et en pratiquant notre magnifique rituel.
