GIORDANO BRUNO, FRANC-MACON SANS TABLIER ?
de Guy Chabas (Ece-d – 14 avril 2021 – 130 pages)
Une recherche impressionnante au sujet de ce philosophe déclaré hérétique, une analyse osée, une restitution de la grandeur de Giordano à travers des investigations philosophiques et symboliques, un questionnement sur son message et des comparatifs intéressants. Frère dominicain, puis prêtre, ce napolitain « voyageur » réussira à fâcher l’Eglise catholique, les calvinistes, l’Eglise anglicane et les luthériens.
Humaniste, héritier de Copernic notamment, adogmatique, anti-aristotélien, éclairé à la Kabbale, admirateur d’Erasme, Bruno sera apprécié par Henri III et égrènera sans relâche critiques, idées et érudition. Sur le chemin de la connaissance, il aura lutté contre les préjugés. La question se pose de savoir s’il a pu être sensibilisé par des idées qui ont généré la franc-maçonnerie actuelle, à une époque où elle n’existe guère qu’en Ecosse pour ce que l’on en sait.
Les références conceptuelles, les expressions et les valeurs de Bruno interpellent le franc-maçon et bien au-delà
Giordano Bruno a été condamné au bûcher par l’inquisition et sera brûlé en janvier 1600. Il soutenait ouvertement l’héliocentrisme de Copernic contre le Ptolémaïsme de l’église et affirmait que les étoiles étaient des soleils comme le notre. Il est donc une des victimes de l’affrontement entre l’empirisme expérimentale baconien naissant qui disait que toute connaissance vient du vécu humain et non de dieu. Mais alors que Bacon était reconnu en Angleterre où il exercera des fonctions politiques, Bruno sera exécuté en Italie par l’église catholique.
Comme une des institutions incarnant le baconisme est la Royal Society (« Nullius in verba ») et que l’on sait qu’elle a été à l’origine de la fondation de la première Grande Loge de Londres avec Desaguliers, premier assistant de Newton (plutôt que les brumes de l’Ecosse), on peut dire que Bruno est effectivement un des précurseurs de la séparation de la science et de la religion et que s’il était né 150 ans plus tard et en Angleterre, il aurait compté parmi les membres fondateurs de la Grande Loge.