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Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm, voie d’Eveil : Le Naos

Gérard, auteur du blog « Gérard Platon – RAPMM Voie Orientale » a voulu partager avec les lecteurs de GADLU.INFO, un planche maçonnique intitulée « Le Naos » ayant trait au Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm – voie orientale ..ou voie d’Éveil …

C’est un sujet souvent abordé mais peu ont écrit et expliqué : quel est sa nature, sa fonction et surtout qu’il peut être vu comme la pierre angulaire de toute une approche maçonnique …

***

LE NAOS

Avant tout … et tout d’abord … voici deux citations suggérées par deux frères par le hasard des échanges …

« Pour que se ranime une tradition sclérosée, durcie, pour éliminer les surcharges dont celle-ci s’est grevée en s’inscrivant dans la durée, pour se débarrasser des alluvions qu’elle a déposé, il faut adopter une attitude fondamentalement critique à laquelle il est possible de donner le nom de « destruction » pour en marquer la radicalité et l’importance. »

Rabin M.A. Ouaknin.

« Nos problèmes ne cessent de croître. Bien que nous jouissions d’une certaine sécurité matérielle, d’une protection sociale, notre psychologie est, en grande partie encore, animale et tant que nous ne comprendrons pas toute la structure psychologique de la société – et notre propre structure psychologique, qui en fait partie -, notre esprit ne sera jamais libre, il demeurera toujours torturé par la peur. C’est pourquoi il me semble qu’un être humain, suffisamment mature, qui voudrait aller très loin, non pas dans la lune mais en lui-même, afin de découvrir ce qui est vrai, doit avoir un esprit très clair, non contaminé, sans tache. Et un esprit ne peut être limpide et clair que s’il est libre, libre de la peur. »
Jiddhu Krishnamurti

Concernant la première d’entre elles sans aller jusqu’au terme de « destruction » nous dirons qu’il sera fortement opportun d’opérer une re-visitation de cette tradition afin de la « regarder » et de « l’étreindre » en changeant d’angle de vue … certains exprimeront cela par « changer de paire de lunettes » … alors une tradition quelle qu’elle soit retrouve sa force et son opérativité … Il en est ainsi de notre Rite (Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm) dont les sources philosophiques doivent être retrouvées afin que sa forme extérieure redevienne productrice de sens …

Concernant la seconde : celle de Krishnamurti, elle désigne sans détour cette partie de l’humanité qui, bien qu’ayant acquises toutes les conditions d’accès à un haut niveau de conscience, sombre dans une décomposition létale faute de ne pas avoir le courage de muter vers une autre civilisation plus conforme à l’évolution du (ou des) monde manifesté … Sans être Darwiniste : la mort attend le vivant incapable de s’adapter. Il est donc vrai que seul l’homme libre de tout attachement (donc plus concerné par la peur de perdre la moindre prérogative ou le moindre lien) peut prétendre à ce changement de statut … pour atteindre cela, seule une « spéléologie » des profondeurs et quelques autres pratiques seront les bienvenues

L’homme est dans un véhicule certes … parce qu’il est  et vit dans l’incarnation qui est la sienne … mais s’il utilise un « véhicule » il est et doit être un esprit totalement libre afin que se réalise non sa propre volonté mais qu’il soit acteur efficient d’une évolution d’un monde qu’il découvre peu à peu mais qui le transcende …

Ces deux magnifiques assertions vont me permettre d’être plus précis sur le vaste thème de méditation suivant: Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm, Voie d’Eveil … et sa notation « Voie Orientale »

Être libre c’est :

  • S’affranchir de tout conditionnement (Conditionnements reptiliens, exigences limbiques, dictatures mentales, impératifs sociétaux, et nous en passons … tant il y en a),
  • Découvrir la réalité ou la non réalité de notre être (faire la différence entre notre réalité éphémère, nos composants illusoires, et notre réalité ponctuelle dans une succession d’espace-temps infinie)
  • C’est se placer dans le champ d’une construction universelle (cela désigne ce que l’ancien Egypte enseigne nomme « Maat » et que le bouddhisme Tibétain nomme « l’Ordre Cosmique »

Afin de réaliser cela, notre Rite devient un moyen :

  • De confronter « Sciences Objectives » et « Sciences ésotériques »
  • De rendre plus performants nos outils de discriminations du savoir et le repérage des voies d’accès à la connaissance (Arts Royaux, Symbolisme, Philosophie, Hermétisme, …)
  • D’exiger une investigation holistique de toute pensée humaine. Ce qui inclut, bien évidemment, l’obligation d’une méditation de type encyclopédique tant il n’existe pas d’éveil possible sans vivre et connaitre soi-même la plupart des traditions disponibles. Chacune d’entre-elles informant le cherchant sur les points forts de sa propre existence, mais aussi, de son rôle « ici et maintenant »

Lors de mes derniers articles nous avions abordé :

  • La franc-maçonnerie et « ses ambitions ». nous avions privilégié les aspects qui concourraient à la notion d’éveil.
  • Nous avions fait un petit détour par Platon … le Platon historique dont la vie à su interroger deux aspect de la nature humaine … l’Homme, le Philosophe Grec, disciple de Socrate et défenseur de la vérité dès lors que l’on peut la décrire avec « objectivité » … mais aussi, admirateur du « beau », du « vrai » … et de surcroit l’acceptation raisonnée de l’Occulte !!!
  • A pas de loup, le mystère de l’entre-deux avec « Profanum »

Aussi, bien nous sommes, maintenant, dans le Temple et nous donnerons de temps en temps la parole à un personnage de fiction que nous appellerons « Noen »  … selon l’expression consacrée : « Toute ressemblance avec un personnage existant serait absolument une pure coïncidence …  » …

L’Apprentie Jakin alias « Noen » prend place au septentrion … et c’est dans le silence le plus absolu que le Temple, et son organisation, constitue une mandala dont il cherche à comprendre la signification … Tout n’est que symbole … et tout symbole possède en lui la force d’un message urgent à considérer. Le Soleil, la Lune, un Orient d’où émerge un « sublime triangle » (32-108-32) au centre duquel rayonne l’œil d’Horus, une voûte étoilée soulignée par une houppe dentelée de curieuse façon et à l’Occident deux Colonnes semblant séparer deux territoires … pourtant ce qui attire le plus son regard c’est cet espace étonnant au centre … une forme si singulière !!! …

A la verticale d’une voûte stellaire … un fil à plomb … puis un triangle équilatéral sur lequel sont placés une flamme centrale, blanche, vers l’Ouest une cassolette où brule de l’encens, vers l’Est ce qui sera nommé « les trois joyaux » de la Maçonnerie … puis un pavé mosaïque formé de cases noires et blanches au nombre de 108 (soit 9*12) … sous le pavé mosaïque : les plans définissant les projets humains …

Le tout est « délimité » à trois colonnettes dont il lui est enseigné qu’elle représente la « Sagesse », « la Force » et « la beauté » …

Là est installé : le Naos …

La sœur Noen eu la chance d’être accompagné par un Maître pour assister à des travaux soumis à d’autres Rites mais aussi d’avoir assisté à la cérémonie de construction et la sacralisation d’un Temple maçonnique de Rite Egyptien.

Pour les premiers, le Naos en était Absent, en lieu et place se manifestait le « Tableau de Loge » …

Pour la seconde elle avait remarqué qu’avant toute chose toute manifestation procédait d’un esprit … voire d’une source … elle-même porteuse « d’Ordre » … et que cela était représenté par ce que l’on nommait « Le Naos » …

A : Le tableau de Loge

L’on pourrait expliquer à notre Soeur Noen que, quel que soit le Rite, les travaux se déroulent dans un espace sacré sous l’inspiration d’une transcendance.

Cette transcendance est représentée d’une manière ou d’une autre et cette représentation décrit de la façon la plus subtile possible les fondements spirituels acceptés par les frères (et les sœurs) qui se réunissent là afin que l’authenticité dans la recherche et la fraternité dans le respect de nos différences puissent s’exercer … le but ultime est, sans aucun doute, la « construction d’une harmonie nouvelle » pour toute l’humanité toute entière ..

Là est le secret des secrets … où le murmure de l’esprit qui souffle où il veut et quand il veut !!!. Le seul problème est que l’homme étant le « Sujet » et « l’objet » de sa méditation a une fâcheuse tendance à prendre ses propres visions pour des attendus universels à les ériger en règle …

Ce « défaut » devient une qualité et une force lorsque « Compagnonnage » et « hospitalité » permet l’expression de ces différentes visions. La Franc-maçonnerie devient un diamant qui brille de ses multiples facettes …

Pour avancer dans notre propos, donnons à notre Sœur « Noen » un exemple : le Tableau de Loge du « Régime Ecossais Rectifié » … une dimension très importante va apparaitre : Celle de la nécessité de rassembler en un endroit donné les représentations qui constituent le fondement et l’essence du Rite que l’on pratique !!!

Je laisse, alors, la parole à l’Union Maçonnique de 1984 dont le fondateur fut le frère Raymond Bouscarie. Dans un numéro spécial il traite du « Tapis de Loge » …  (en voici un extrait)

« Un Tapis de Loge représente beaucoup de choses, celui du Rite Ecossais Rectifié est apparemment simple ; très simple même. Par contre dans nos cérémonies, il joue un rôle important.

Le décrire ou parler de ses emblèmes n’est pas, ou ne présente pas d’énormes difficultés (Pavé mosaïque, Houppe dentelée, Soleil, Lune, Pentagramme étoilé, Colonnes, Porte, escalier, symbolisme Pythagoricien, Pierre brute, Pierre cubique, Horizon …). Il fallait donc essayer d’en approfondir toute la rigueur comme toute attirance et peut-être d’arriver à comprendre pourquoi nos anciens l’avait adopté dans la forme qu’ils nous l’ont  transmis …

Le nombre d’Or … était connu, en ce qui nous concerne, avant d’être introduit en Franc-maçonnerie … alors mettre par écrit, parler de ce que bien d’autres ont traité nous semblait un peu ridicule. Ridicule surtout quand on sait ou quand on connaît par expérience, les sourires et quolibets réservés à l’expression « Divine proportion ».

Il est également difficile de citer toutes les références auxquelles l’on fait appel. Par manque de mémoire d’une part, car où prendre les références de sa propre éducation ? Profane comme maçonnique d’ailleurs, d’autre part les idées n’apparaissent que par séquences, souvent incontrôlables, ou, encore, sous des impulsions n’appartenant qu’à l’instant où elles arrivent.

C’est donc à la façon des Grecs qu’il fallait, dans un dessin reconstitué pas-à-pas expliquer puis déposer tous les signes contenus dans le Tapis de Loge.

Expliquer à l’aide de notre langue c’est aussi en respecter la normalisation, le vocabulaire comme la syntaxe ; puis déposer en dessin les chiffres qui servent à son établissement, suivant une norme, c’était surtout parler de formes. Ainsi peu à peu, malgré nous, le tapis de loge devenait l’idéogramme et n’était-ce pas ce que les anciens voulaient ?…

Sans le percevoir, le médium de la pensée se normalise et ne peut s’interpréter qu’avec des propositions d’informations, toujours difficiles à traduire et à mettre dans des phrases cohérentes et facilement compréhensibles. C’est plutôt comme une communication d’idées qu’il faut ressentir ce travail (il s’agit là de l’analyse du message transmis par contemplation du tapis de loge). Un peu comme une lutte intérieure que nous menons et dans laquelle il ne peut y avoir, à un moment ou à l’autre, une réalisation d’équilibre ….  »

Le texte supra est transcrit tel quel mais il est déjà possible de remarquer que « le Tapis de Loge » mis au centre du Temple maçonnique découvert selon un rituelie appropriée à l’occasion de « l’ouverture des travaux puis recouvert à la fermeture constitue la représentation d’un souffle philosophique, spirituel de référence pour les pratiquants du Rite concerné … en « passant » derrière les mots et les symboles nous prenons conscience qu’un autre message plus subliminal œuvre … il est d’une nature plus transcendantale. Le texte évoque le nombre d’or … le medium de la pensée … et même la linguistique profonde ancrée dans un subconscient difficile à traduire en notre langue quotidienne !!!

Il sera, ainsi, une invitation à l’intuition, à l’acceptation consciente du beau et de l’harmonique et à la recherche du sacré … une vraie démarche Platonicienne s’il en est

Le document que j’ai proposé à la jeune soeur frère Noen précisait les sources d’inspirations qui présidaient à la création du Tableau de Loge du Régime Ecossais Rectifié. En voici quelques-unes :

  • Exode :26-16 // Il sera carré et double, d’un empan de long et d’un empan de large,
  • Ezechiel :40-5 // l’homme tenait dans sa main une canne à mesurer de six coudée, d’une coudée plus une palme ..
  • Chroniques :3-3 // Voici que l’édifice de la maison de Dieu fondée par Salomon eut une longueur de soixante coudées – coudée de l’ancienne mesure – et une longueur de vingt coudées …
  • Apocalypse :11-1 // Puis on me donna un roseau, une sorte de baguette en me disant : « lève-toi pour mesurer de temple de Dieu, l’autel et les adorateurs qui s’y trouvent ; quant au parvis extérieur du Temple laisse-le, ne le mesure pas, car on l’a donné aux païens.
  • Rois :6-27 // Il plaça les chérubins au milieu de la chambre intérieure ; ils déployaient leurs ailes en sorte que l’aile de l’un touchait au mur, que l’aile de l’autre touchait à l’autre mur et que leurs ailes se touchaient au milieu de la chambre, aile contre aile.

B : une tentative d’explication du terme « Naos »

Dans le paragraphe précédent nous avons acquis une idée de ce qui se passe au centre du temple. Ici est un point … un lien … un rappel aux fondamentaux dont on pense qu’ils structurent ou « enchevillent » notre existence … (pour le tapis de loge que nous avons évoqué et qui concerne le degré d’apprenti … le référentiel est clair !!!)  …

Pour le Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm … le Temple comporte en son centre un ensemble … au centre duquel « rayonne un Naos » … au sein de nos rites égyptiens il existe diverses façons de le mettre en place. Ce qui suit donne une interprétation, possible, de la présence « de cet édifice »

De quoi s’agit-il, donc ?

Avant toute chose : deux définitions empruntées à l’Égypte ancienne  et formulée par R.A Schwaller de Lubicz puis par le chercheur philosophe et Hermétiste patenté René Lachaud.

B.1 : dans le « Temple de l’Homme », R.A. Schaweller de Lubicz explique, au sujet du temple de Louqsor : « Toute construction si simple soit-elle, a une âme parce qu’elle est un volume. Le volume est nécessairement l’indéfinissable substance de l’esprit arrêté en espace. Il est vivant, il est spécifié, il est nombre, donc musique » … il ajoute : « l’impulsion à tout mouvement et à toute forme est donné par Phi. Phi est l’impulsion par le nombre entier 5. Phi ne peut pas être défini par un nombre rationnel. Il ne se définit que par l’harmonie qu’il engendre »

Les anciens Égyptiens représentaient cet espace-temps particulier en consacrant un lieu faisant partie de l’élément de la « construction Divine » et dans cet élément y reposait « la divinité » … Seul le prêtre pouvait ouvrir et fermer les portes du Naos et pénétrer en ce lieu d’une sacralité absolue. Le Naos était un lieu drastiquement isolé, aucun culte n’y était rendu … aucun autel ne pouvait, donc, s’y trouver …

Les hommes étant ce qu’ils sont, le besoin d’assimiler une présence divine se traduisait par la mise en place au centre du Naos d’une statuette illustrant la référence reconnue du peuple égyptien ainsi trouvait-on la Statue « d’Osiris » àAbydos, celle de «  » à Héliopolis, celle de « Thot » àHermopolis, de « Amon » à Karnak, celles de « Amon-Re + Mout + Khonshu » ou la Triade Thébaine àLouqsor,  de « Ptah » à Memphis, de « Hathor » àDendérah, de « Horus » à Edfou, de « Sobek » et de « Haroèris » à Kom-Ombo, « d’Isis » à Philae ….

Cette statue était appelée « Naophorous » … Ci-contre la reproduction d’un schéma appartenant au « Temple de l’Homme » … Louqsor épouse la silhouette de l’homme … le Naos se trouve quasiment au niveau de l’Hypothalamus-Thalamus (les Orientaux nomment cette zone la grotte de Brahma) … dans cette gravure et selon la légende le pharaon tient dans sa main l’offrande « Rendre la maison à son maître »

B.2 : Dans les Incontournables «  de René Lachaud, je produis, ici, un extrait qui illumine mon propos.

« Un temple pharaonique serait incomplet sans crypte … il est une image dans le miroir, un temple inversé caché dans l’épaisseur des murs ou sous les dalles du sol.

Entrons-y à reculons afin de ne point être suivi

La construction d’un temple ne commence pas par le Naos …. Mais bien plus logiquement par les cryptes souterraines (dont le rôle est le mixage d’énergies cosmo-telluriques) … Le naos est la culmination cryptique du temple au centre du « labyrinthe. Un centre qui n’est pas géométrique mais le résultat d’une géométrie inversée dont Thot et Seshet ont établi les règles et dont la Table d’Emeraude fournie les modalités. Le Naos est un espace exigu mais sans limite.  Le centre est la source des vertus agissant comme un ferment. C’est le lieu d’une conjonction, une réunion des contraires en unité parfaite, un accouplement inouï gratifié d’une fécondité innombrable.

Le Naos désigne le Lieu et la chose qu’on manipule, le but ultime d’une réalisation à la fois matérielle et spirituelle. Il contient l’assemblage de tout ce que l’on peut trouver sur terre, à condition de quester sans relâche. » …


 

A.S.:

View Comments (1)

  • Ceux qui ont étudié et qui étudient cette science ont droit à notre profond respect.
    FRATERNITE