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QU’EST CE QUE LA TRADITION … MAÇONNIQUE ?

Qu’est-ce que la Tradition ? est une planche maçonnique de Loge Maçonnique René Guenon, de la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) à Lausanne.

La tradition désigne une pratique ou un savoir hérité du passé, répété de génération en génération. On attribue souvent aux traditions une origine ancestrale et une stabilité de contenu. Et Transmettre une tradition c’est, bien souvent, faire un choix présent !

Belle lecture !

« Parler de Tradition, c’est supposer la persistance d’un contenu préexistant. L’Ésotérisme et, plus particulièrement encore, les sociétés initiatiques se réclament d’une Tradition, à tort ou à raison. Les traditionalistes sont ceux qui s’attachent aux valeurs et notions transmises par cette Tradition écrite ou orale. 

La Tradition pour eux est le pré supposé des informations transmises de génération en génération, de doctrines enfermées dans certaines sphères, de pratiques développées dans l’Église depuis le début du christianisme.Pour d’autres, comme Guénon et Tourniac, cette Tradition est bien antérieure à tout récit biblique ; elle appartient au plus lointain des siècles, elle transcende toutes valeurs actuelles.

L’âge d’or et la Chute

Au-delà des vérités historiques, la Tradition, ou plutôt le recours à la Tradition, a valeur de mythe. La Tradition primordiale est celle de l’âge d’or, celui d’avant la chute, lorsque l’Homme disposait de tous ses pouvoirs. Ce mythe se retrouve dans de nombreuses écoles, religions et sociétés. C’est aussi le mythe de l’Eden, du Paradis perdu, Paradis où l’Homme avait un statut divin. Cet état l’amenait sinon en Dieu, du moins en présence de Dieu. Puis vint la chute, par erreur ou par sacrifice. La chute engendre la création telle que nous la connaissons.

La chute explique et excuse la faiblesse humaine, mais en même temps lui donne la certitude d’une réintégration possible. C’est parce qu’il a été que l’Homme pourra être. Promesse d’un retour, retour de l’enfant prodigue, résurrection lors du jugement dernier. La Tradition prend toute sa valeur à travers le mythe qu’elle véhicule.

La Tradition Universelle

Certains auteurs, comme Madame H.P. Blavatsky, ont tenté une synthèse des traditions, traditions d’Orient comme d’Occident, tentant par là de découvrir une Tradition Universelle. En créant la Théosophie, Madame Blavatsky et à sa suite Annie Besant affirment que les religions sont des méthodes pour la recherche de Dieu. L’homme parfait doit acquérir les perfections inhérentes à chacune des religions. La Théosophie prenant pour base la Morale et la Religion, disposant d’enseignements spécifiques des Maîtres devenait la base de la religion et de la morale, en se référant à un passé plus lointain, au-delà de l’ère chrétienne où Théosophie signifiait Brahmavidya.

Pour Guenon, la Tradition Primordiale égalise la tradition chrétienne avec les autres traditions. Mais Guenon préfère utiliser le terme de « Religio perennis » ou Religion primordiale, car le premier terme exprime une réalité intrinsèque en reliant le terrestre au céleste. Il s’agit de la recherche d’une réintégration et d’une quête d’un état originel perdu, où Guenon veut établir des Centres dépositaires du Graal et des centres secondaires en relation avec la Connaissance.

Les anti-guénoniens, les religieux, les mystiques et les rationalistes, s’opposant aux traditionalistes ont démontré les contradictions, les erreurs et les fictions d’une telle démarche.

La quête de la Tradition universelle

Cette recherche, qui équivaut à la recherche symbolique de la Parole perdue, débouche sur un assemblage transculturel qui se voudrait universel parce que transcendant les particularismes de chacun des systèmes étudiés. Sans négliger les apports de telles démarches, il nous paraît plus opportun de chercher à dégager les apports de chaque Tradition au regard de son propre champ symbolique.

Faire référence à une tradition consiste à se rattacher à une lignée, à un sens, parfois même un contre-sens. Le sens donné par l’histoire ou par une histoire n’est jamais le même. Nombre de sociétés dites initiatiques font référence à une histoire plus ou moins ancienne où se mêlent des faits avérés et d’autres mythiques. Si tel est le cas, c’est dire l’importance que prend pour certains ce « chaînage » dans le travail initiatique. Le sentiment d’appartenir à une chaîne ininterrompue, qui relie l’adepte à de grands ancêtres fondateurs, est certainement un élément qui flatte l’Ego. Mais nul ne peut remonter bien loin sans dévoyer. Si l’initié en reste là, ce n’est pas très efficace d’un point de vue ésotérique.

En abordant le problème de la Tradition d’un point de vue technique, se relier à elle équivaut à se situer hors de l’espace et du temps profanes. C’est changer de système de référence et donc avoir accès à une réalité différente, ce qui est le premier pas sur le chemin initiatique. Il s’agit de l’abandon des métaux, de l’abandon des principes de réalité et du champ référentiel ordinaire. Déstructuration sans laquelle aucune avancée ne peut se faire sur le chemin de l’initiation. A partir de là, guidé par le mythe fondateur, le néophyte peut commencer à parcourir son chemin initiatique qui sera le sien propre car issu de sa propre expérience.

L’Egrégore et la Tradition

Un autre aspect développé autour de la Tradition est la notion d’Egrégore. L’efficacité d’un Egrégore repose sur la cohérence du groupe. Cohérence au niveau de l’identité, des objectifs, cohérence dans le temps et par delà le temps.

L’Egrégore peut être comparé à une entité autonome, vivante, ayant une qualité, une personnalité, un type d’action spécifique et disposant d’une énergie propre plus ou moins grande. L’Egrégore tire son énergie de l’énergie psychique de chacun des membres de l’association qui le nourrit. Etant autonome, il perdure tant qu’il est alimenté et pour nourrir un égrégore, quoi de mieux que le recours à la Tradition qui assure le maintien des formes à travers le temps.

Ainsi, se relier à une tradition, c’est pouvoir encore bénéficier ou subir l’énergie d’un égrégore. Chaîne qui relie les adeptes d’une société par-delà le temps et l’espace. C’est l’Egrégore qui donne sa coloration, son esprit, son « ambiance » à une assemblée humaine. L’énergie disponible sur un chemin spécifique dépend de la qualité d’intégration de l’individu à l’Egrégore qui préside à ce chemin. Mais toute médaille à son revers : ce qui relie est aussi ce qui enchaîne. Ce qui peut être une aide dans une voie spécifique est également une entrave pour tous ceux qui veulent s’en écarter. La question étant bien sûr faut-il s’en écarter ? Elle n’est pas simple aujourd’hui où les valeurs sont bouleversées et des repaires immuables changent.

Contenus, rituels et symboles.

Assez proche de la notion précédente est la supposée efficacité des contenus traditionnels. Autrement dit, le recours à la tradition suppose la faculté de bénéficier de l’expérience des aînés qui nous ont précédés sur la voie. Notion très proche de celle de la transmission d’un savoir profane, si les modes d’apprentissage de la connaissance ésotérique se limitaient à ceux d’un savoir technique, ce qui est loin d’être le cas. L’approche suivante est plus intéressante.

L’efficacité des rituels dépendrait de leur répétition. L’utilisation de certains symboles, consacrée par l’usage, serait d’autant plus efficace qu’elle reposerait sur une tradition ininterrompue. La persistance des formes agissantes par-delà le temps et l’espace tirerait sa force de son « inscription » dans un champ cohérent. On parlera d’inscription dans l’Astral ou de champ morphogénétique selon que l’on s’intéresse aux vieilles formules ou à des travaux scientifiques plus récents (cf. R. Sheldrake, Éd. Rocher, 1985 : « Une nouvelle science de la vie »).

Un autre abord nous est proposé par la psychologie classique. Les symboles sont le langage de l’inconscient. Ils nous permettent une certaine forme d’échange avec lui. Les symboles traditionnels sont d’autant plus puissants qu’ils reposent sur des archétypes, constituants structurels de la psyché humaine.

A l’inverse certaines formes usées n’ont plus aucune efficacité et les utiliser s’avère sans effet. L’Hermétisme se différencie de la psychologie classique lorsqu’il utilise le symbolisme de façon active, inductive. Ce sont le rituel, les figures magiques, les mandalas orientaux ou occidentaux. Représentations du Monde et de l’Homme, du Macrocosme et du microcosme qui, parce qu’ils ont une structure essentielle commune, peuvent se répondre. Flux incessant qui va de l’intérieur vers l’extérieur, du haut vers le bas. C’est aussi l’étroite interdépendance qui existe dans le travail alchimique entre le travail opératif et le travail sur soi. Ainsi, le Grand Oeuvre est autant une réalisation spirituelle que matérielle et cette dernière ne peut exister sans la première. 

Le recours à la Tradition primordiale, c’est s’enquérir du fond premier, à l’origine du concept (de nature archétypal), commun à toutes les traditions. En échange, toutes les traditions ne sont pas équivalentes, ce qui est en haut n’est plus toujours comme ce qui est en bas. C’est aussi rechercher une certaine pureté et transfiguration, celle supposée des Origines, mais surtout celle qui résulte du travail de séparation, après que la matière soit passée au Feu. Ainsi l’homme s’oriente vers la perfection, même si elle reste constamment à parfaire. La quête de la Tradition est surtout une quête du Soi en soi. C’est une quête du sens de l’être et de l’existant.

A.S.:

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  • Pour saluer et remercier voici quelques mots :
    UN PLAIDOYER POUR LE GRAND ARCHITECTE DE
    L’UNIVERS

    Le social ici bas
    Pour ce qui se sent et se voit

    Le Grand Architecte
    Au regard comme la chouette

    Plus grand que moi
    En haut et en bas je crois