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PARABOLE D’UN CURE DE CAMPAGNE : L’INTERPRETATION

Petites Histoire et Paraboles extraites du livre  « Parabole d’un curé de campagne » 

De Pierre Trevet 

« Beaucoup de nos difficultés relationnelles viennent du poison de l’interprétation. Avant de savoir ce que l’autre pense réellement j’imagine, je fais tout un film, j’interprète. Et, la plupart du temps, je me trompe, évidemment. 

« Un homme aux allures modestes entre dans un bar. Il semble gauche et timide. Il s’installe à une table dans le coin le plus sombre. Il est là depuis un quart d’heure sans avoir commandé quoi que ce soit. Finalement le garçon s’approche de lui : 

« Qu’est-ce que je vous sers, monsieur ? » 

Et notre homme de répondre, Pair gêné : « Oh, vous savez, avec ce que j’ai… 

– Je vous conseille un whisky. C’est bon pour tout. Pour les intestins, pour le cœur. Et aussi pour le moral… » 

Il lui apporte un whisky. Le monsieur le sirote lentement. Il l’a fini depuis un quart d’heure. Comme il n’a toujours rien demandé, le serveur s’approche à nouveau : 

« Est-ce que je dois vous servir autre chose, monsieur ? 

– Oh ! Vous savez, pour ce que j’ai… » 

Le garçon, qui n’ose pas demander ce qu’il a, lui conseille un autre whisky. Il se dit que si ce n’est pas bon pour ce qu’il a, c’est toujours bon pour la caisse du bar. Trois fois encore, il va revenir. Et trois fois, le même dialogue et le même whisky. Finalement, au bout de la sixième fois, le garçon pense qu’il peut se permettre cette audace et il lui demande : 

« Mais, monsieur, si ce n’est pas trop indiscret, est-ce que je peux vous demander ce que vous avez exactement ? » 

Et l’autre répond : « C’est-à-dire, heu…, je n’ai qu’un euro. » 

A.S.: