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NAISSANCE DE LA FRANC-MAÇONNERIE À GENÈVE

La Tribune de Genève a publié le 09 mai 2020, un dossier sur :

1769 La franc-maçonnerie prend pied à Genève

Le 24 juin 1769 – il y a deux siècles et demi et quelques mois –, la Grande Loge de Genève se constitue dans notre ville. Elle regroupe dix loges genevoises, donnant ainsi pour la première fois une assise solide à la franc-maçonnerie à Genève. Celle-ci était d’abord un produit d’importation venu de Grande-Bretagne, dans le sillage d’un rejeton des nobles Hamilton, dont le beau-père genevois avait fait fortune dans la fabrication des toiles de coton imprimé: les fameuses indiennes. Ce Hamilton était plutôt remuant et querelleur, traits de caractère qui n’aidèrent pas les autorités à se faire une idée positive de cette confrérie composée de jeunes Anglais venus étudier à Genève.

En deux mots, la franc-maçonnerie, née outre Manche au début du XVIIIe siècle s’inspire des us et coutumes des architectes et constructeurs du Moyen Âge, revus et corrigés par des gens exerçant des métiers variés. Ensemble ils cultivent des liens tenus secrets, soudés par un idéal d’amitié, de bienfaisance et d’entraide. Dans leurs cérémonies et leurs vêtements, certains outils des maçons médiévaux prennent valeur de symboles.

Tablier, gants et truelle

En 1769, pour la première fois à Genève, les francs-maçons sont recrutés entièrement dans la population locale. Leur grand maître est un Genevois de vieille souche, François Rilliet, qui remplit la charge de jaugeur public, tout en étant maître d’orthographe et d’arithmétique. La constitution de cette Grande Loge de Genève survient après vingt-cinq années où les francs-maçons ont fait profil bas.

Les «Magnifiques et très honorés Seigneurs, Syndics, Petit et Grand Conseil» avaient cru mettre fin à leurs activités en novembre 1744, par un arrêté stipulant que défense était faite à «tous les citoyens, bourgeois, natifs, habitants et sujets de tenir aucune loge soit assemblée de Francs-Maçons, d’assister à aucune de ces assemblées, sous quelque prétexte que ce soit.» Le texte est placardé en ville mais il resta lettre morte.

Un diplôme de la Grande Loge suisse Alpina. Photo: BGE/DR

Du moins les loges existantes n’osaient-elles pas se montrer au grand jour, comme l’avait fait en juin1744 un groupe d’affiliés portant tablier, gants et truelle d’argent, qui traversèrent la rade en barque pavoisée aux couleurs de l’Angleterre, pour se rendre à leur assemblée tenue dans le jardin des marchands toiliers aux Pâquis. Une visibilité très mal vue des autorités, qui, de surcroît, jugeaient sévèrement le secret et le serment, deux usages typiquement maçonniques. Le second les choquait car, en République, le magistrat seul a le droit d’exiger le serment.

D’autre part, le risque que les loges transgressent par leur faste l’interdiction des signes extérieurs de richesse héritée des siècles précédents les condamnait aux yeux des membres du Consistoire et des Conseils. Pour l’anecdote, il était revenu aux oreilles de l’Église que certains jeunes pasteurs fréquentaient les assemblées de francs-maçons, ce qu’ils nièrent quand on les interrogea. «Le Conseil, fort jaloux de son autorité, n’avait aucune sympathie pour tous les groupements qui affichaient un petit air de mystère et d’indépendance», souligne l’historiographe de la franc-maçonnerie genevoise François Ruchon.

D’autant plus que Genève est le théâtre au XVIIIe siècle de troubles politiques qui culmineront le 8avril1782 lors d’une tentative de révolution durement réprimée par le pouvoir oligarchique. Un ancien maître de la Grande Loge fondée en 1769, François Joannin, est dans les rangs du parti populaire. Il est condamné à l’exil après cette terrible journée. En position de force, grâce au recours à l’alliance avec Berne, le gouvernement aristocratique publie un édit de pacification qui contient l’abolition de toutes les sociétés et coteries, taxées de «funestes à la tranquillité publique et à l’autorité du gouvernement». «Ainsi les maillets furent brisés, l’Étoile flamboyante obscurcie et les loges fermées», lit-on dans un mémoire de 1801.

A.S.:

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  • C est dommage que majorité des vos articles sont
    Submergée par les PUB que finalement on abandonne a lire
    Il fat retrouvé une solution que les article de PUB ne
    Détruise pas vos article
    Salutations Fraternel