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Miscellanea Macionica : Questions maçonniques éparses

Voici la question 120 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica :  Questions maçonniques éparses (2)

En quoi consiste le Secret maçonnique ?

C’est à un homme du XVIIIe siècle, venu de Venise, et du nom de Giacomo Casanova (1725-1798) – dont l’appartenance à la Franc-Maçonnerie a parfois été mise en doute –, que l’on doit d’avoir énoncé, dans ses Mémoires, la meilleure définition du Secret maçonnique :

Le secret de la Maçonnerie est inviolable par sa propre nature, puis­que le maçon qui le sait ne le sait que pour l’avoir deviné. Il ne l’a appris de personne. Il l’a découvert à force d’aller en loge, d’observer, de raisonner et de déduire. Lorsqu’il y est parvenu, il se garde bien de faire part de sa découverte à qui que ce soit – fût-ce à son meilleur ami maçon –, puisque s’il n’a pas eu le talent de le pénétrer, il n’aura pas non plus celui d’en tirer parti en l’apprenant oralement.

Ce secret sera donc toujours secret. Tout ce qu’on fait en loge doit être secret ; mais ceux qui par une indiscrétion malhonnête ne se sont pas fait un scrupule de révéler ce qu’on y fait, n’ont pas révélé l’essentiel : comment pouvaient-ils le révéler s’ils ne le savaient pas ?

S’ils l’avaient su, ils ne l’auraient pas révélé.

Qu’appelle-t-on l’Ary royal ?

Après avoir fait de la Maçonnerie un Art libéral, plus important que la Science de Géométrie dont elle était traditionnellement issue, les maçons de taille et de pose l’ont placée sous des auspices royaux.

Selon les Anciens Devoirs, les rois Salomon, Charles Martel (!), Athelstan, pour ne citer que ceux-là, ont parrainé et dirigé l’Art ; ils lui ont donné des statuts et accordé à ses adeptes des privilèges. De simple métier manuel, la Maçonnerie est ainsi devenue Art royal. A relever cette dédicace des Constitutions d’Anderson faite au prince de Galles (fils de George II) : « Votre Altesse Royale sait bien que notre Confrérie a souvent été protégée par des personnes royales dans les temps passés ; ce qui a permis à l’Architecture d’obtenir très tôt le titre d’“Art Royal”. »

Qu’appelle-t-on la Gnose ?

Le terme, bien que n’ayant rien à voir avec la météorologie, fait penser à l’anticyclone des Açores. On l’emploie souvent sans bien s’en rappeler le sens. La gnose, donc (du grec gnösis) se présente non comme un savoir acquis mais comme une révélation intérieure reposant sur le dualisme connaissance-ignorance, bien-mal, esprit-corps. Il s’agit d’une connaissance initiatique et ésotérique.

Qu’appelle-t-on l’Egrégore ?

Il est inutile d’ouvrir un dictionnaire pour y chercher ce mot. Il ne s’y trouve pas… Selon Jules Boucher, qui a voulu le définir : « L’egrégore  – ou égrégore – est une entité, un être collectif issu d’une assemblée. Chaque loge possède son egrégoreo; chaque obédience a le sien et la réunion de tous les égrégores forme le Grand Egrégore maçonnique (La Symbolique maçonnique) ». En un mot, l’egrégore est une entité morale et spirituelle, une puissance des pensées assemblées, qui transcende l’addition des pensées et des convictions individuelles.

Qu’appelle-t-on Ordre maçonnique ?

Ce terme prête à confusion et favorise diverses interprétations. Étymologiquement, un « Ordre » est une compagnie ou une association de person­nes, dotée de règles particulières, dont les membres partagent les mêmes intérêts et les mêmes idéaux.

Ce peut donc être l’une ou l’autre des centaines, voire des milliers, d’obédiences maçonniques répandues à la surface du globe – ainsi le Grand Orient de France peut affirmer être « un » Ordre maçonnique, ce qui, toutefois, ne signifie pas qu’il puisse prétendre être, à lui seul, « L’Ordre maçonnique ».

L’appellation peut être étendue à l’ensemble des organisations ma­çonniques et de leurs membres, c’est-à-dire de la Franc-Maçonnerie dans sa globalité : ainsi devient-il l’Ordre de toutes les obédiences et de tous les francs-maçons du monde.

Qu’appelle-t-on Volume de la Loi sacrée ?

Il s’agit de la Bible (Ancien et Nouveau Testament) que les loges pratiquant le Rite écossais ancien et accepté exposent, ouverte au Livre de Jean, sur l’autel des serments. Lors des cérémonies d’initiation, le Volume de la Loi sacrée peut être, à la demande du postulant, remplacé par l’un ou l’autre des autres livres sacrés : Veda de l’Hindouisme, Tao Te King des Taoïstes, ou Coran des musulmans.

Dans les loges adogmatiques – notamment du Grand Orient de France –, le Volume de la Loi sacrée est remplacé par une copie des constitutions de l’obédience mère, voire par un Livre blanc.

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© Guy Chassagnard – 2016



Guy Chassagnard: