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Miscellanea Macionica : Quelle est l’origine de la devise : Liberté – Égalité – Fraternité ?

A compter de ce dimanche 05 janvier 2014, je vous invite à retrouver une rubrique régulière de Questions-Réponses intitulée « MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard.

Guy Chassagnard est un ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Voici la Question 3 de la Série Miscellanea Macionica.

QUESTION  N°  03 :  « Quelle est l’origine de la devise : Liberté – Égalité – Fraternité ? »

La Franc-Maçonnerie a eu, de tout temps, pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité… Cette contrevérité doit être « contredite », une fois pour toutes. Non ! La Franc-Maçonnerie, française s’entend, n’a pas imposé cette devise ; elle l’a empruntée à la République. Expliquons-nous dans le détail.

Traditionnellement, la Franc­Maçonnerie n’a pas de devise, mais des maximes et des acclamations. Au XVIIIe siècle, les documents maçonniques officiels, les planches tracées des derniers travaux, sont ainsi généralement précédés de la simple formule « Salut, Force, Union »

L’idée d’associer la Liberté, l’Égalité et la Fraternité revient semble-t-il à l’un des principaux acteurs de la Révolution, savoir Maximilien de Robespierre (1758-1794) qui propose le 27 avril 1791 à l’Assemblée constituante d’inscrire les trois mots sur les drapeaux et les boutons des Gardes nationales ; ceci à seule fin de rendre hommage à leur civisme et à leur courage.

La proposition de Robespierre n’est pas retenue, tout comme demeure vaine l’initiative prise par Jean-Nicolas Pache, maire de Paris, le 21 juin 1793, de placarder en ville des affiches portant l’inscription « Unité et Indivisibilité de la République, Liberté, Égalité, Fraternité ou la Mort ».

Sans suite encore est l’inscription des trois mots précédemment cités par le rédacteur du compte-rendu des travaux de reprise d’activités de la Grande Loge de France, le 24 juin 1795, après un sommeil forcé de plusieurs années.

Revenons en juillet 1791, pour extraire d’une circulaire de la Mère Loge du Rit écossais philosophique, Saint-Jean du Contrat social, cette affirmationo: « Bien des siècles avant que Rousseau, Mably, Raynal, eussent écrit sur les droits de lHomme et eussent jeté dans lEurope la masse des Lumières qui caractérisent leurs ouvrages, nous pratiquions dans nos Loges tous les principes dune véritable sociabilité. Légalité, la liberté, la fraternité, étaient pour nous des devoirs dautant plus faciles à remplir que nous écartions soigneusement loin de nous les erreurs et les préjugés qui, depuis si longtemps, ont fait le malheur des nations. »

Il faudra, quoi qu’il en soit, attendre le 25 février 1848 pour que Louis Blanc (1811-1882), alors membre d’un gouvernement républicain provisoire – et futur franc-maçon – fasse inscrire la triade Liberté, Égalité, Fraternité comme devise nationale dans la constitution de la seconde Répu­blique.

Et ce n’est que le 10 août de l’année suivante, soit en 1849, que celle-ci sera adoptée comme devise maçonnique par le Grand Orient ; avant que toutes les obédiences françaises à venir s’en réclament à leur tour. Rendons donc à César ce qui appartient à César ; Reddite quae sunt Caesaris, Caesari.

En admettant toutefois que si, officiellement, les francs-maçons ne peuvent se prévaloir du fait qu’ils ont été les premiers à faire usage d’une devise mondialement renommée, ils restent à même de prétendre avoir inspiré celle-ci à la nation… En se souvenant notamment qu’un secrétaire de Loge a, le 7 août 1793 à Lille, paraphé un diplôme « au nom et sous les auspices de la Liberté, de lÉgalité et de la Fraternité » ; diplôme sur lequel il venait de gratter la mention maçonnique imprimée : « au nom et sous les auspices du Sérénissime Grand Maître ». Ceci quelque 56 ans avant l’avènement de la seconde République.

✦ Pour un complément d’information, voir : Les Annales de la Franc-Maçonnerie (Guy Chassagnard, Éditions Alphée, 2009) pour les années 1791, 1793, 1795, 1848, 1849.

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