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Miscellanea Macionica : Que nous dit le Manuscrit Regius ?

Voici la question 46 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica : Que nous dit le Manuscrit Regius ?

En ce temps là, Charles VI le Fol règne de concert, en France, avec Isabeau de Bavière. Le roi Richard, fils aîné du Prince Noir veille au destin de l’Angleterre. En Écosse, le comte Jean Carrick s’apprête à monter sur le trône. Un clerc – ou plusieurs, peut-être – de la région des Midland s’attelle à la composition d’un poème, long de quelque 800 vers, en vue de conter l’histoire et d’établir les statuts des maçons du royaume.

Ici commencent les Statuts de l’Art de Géométrie, selon Euclide…

En ce temps là, de par la Géométrie,

Cet honnête métier qu’est la Maçonnerie

Fut conçu, constitué et organisé

Par une noble assemblée de clercs…

Le Regius – tel est le titre donné communément au poème ; qui comporte six parties : d’abord une brève histoire de la Maçonnerie, ensuite les statuts de la corporation des bâtisseurs, une évocation de la vie des quatre Couronnés, la cons­truction de la tour de Babel, un éloge des sept Arts libéraux, enfin un code de savoir-vivre. C’est, selon le texte historique, « par la bonne science de Géo­métrie » que commença le Métier de Maçon­nerie. Euclide le fonda au « pays d’Égypte » d’où, de nombreuses années plus tard, il gagna l’Angleterre « au temps du bon roi Athel­stan » – qui fit construire des ma­noirs et des temples de grand renom pour honorer son Dieu, « de tout son cœur ».

Dans la partie consacrée aux statuts de la corporation, il est précisé que le Maître ma­çon doit être digne de con­fiance, constant, loyal et sincère ; on doit pouvoir se fier à lui. Il a no­tam­ment pour obligation de rémunérer ses ouvriers (compagnons et apprentis) en fonction du prix des vivres et de leur « payer sans tricher ce que chacun d’eux aura mérité ».

Il lui faut encore :

– Ne pas prendre d’apprenti pour une durée inférieure à sept années ; ne pas engager un serf, un bâtard ou un infirme –  l’apprenti devant être de bonne naissance

– N’abriter ni voleur ni meurtrier sur le chantier,

– Ne pas léser le seigneur, ne pas prendre l’ouvrage d’un autre, ne pas dénigrer ses compagnons, enfin ne pas payer un apprenti autant qu’un compagnon.

Si le Maître a des devoirs envers ses ouvriers, il est aussi des obligations pour ses compagnons et ses apprentis :

– Ne causer aucun préjudice au métier ou au Maître,

– Ne jamais coucher avec la femme ou la concubine du Maîtreo; jurer à celui-ci obéissance et fidélité,

Mais surtout :

– L’Apprenti doit garder secret tout ce que son Maître lui dit et tout ce qu’il entend ou voit en Loge.

– Si un maçon, qu’il soit maître, compagnon ou apprenti, transgresse ses obligations, ou mène une vie dissolue, il sera convoqué devant une as­semblée de la Corporation et éventuellement exclu de celle-ci.

Père et Mère, quels qu’ils soient,

Digne est l’enfant qui agit dignement,

En salle, en chambre, où que tu ailles :

Les bonnes manières font l’homme.

Fais attention au rang de ton prochain,

Pour lui rendre la déférence qui convient…

Quand tu es assis à table,

Mange avec grâce et bienséance,

Veille d’abord que tes mains soient propres,

Que ton couteau soit tranchant et aiguisé,

Et ne coupe ton pain pour la vian­de,

Qu’autant que tu en mangeras.

Le manuscrit Regius (Regius Manuscript) doit son nom au fait qu’il appartint, pendant plusieurs décennies, à la bibliothèque royale d’An­gleterre, avant d’ê­tre offert par le roi George II (1683-1760) au British Museum, qui le détient toujours. Il est également con­nu sous le nom de manuscrit Halliwell, pour avoir été publié, en 1840, par un certain James O. Halliwell. C’est le premier des Anciens Devoirs anglais, et par voie de conséquence le plus connu, portant sur le métier de tailleur de pierre et de maçon de pose ; en quel­que sorte « la » référence de la Maçonnerie opérative.

• Voir : Les Anciens Devoirs (Guy Chassagnard, Éditions Pascal Galodé, 2014).

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