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Miscellanea Macionica : Le Franc-Maçon se doit-il de bien connaître le français ?

Voici la question 116 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica : Le Franc-Maçon se doit-il de bien connaître le français ?

Il est une règle maçonnique impérative qui oblige moralement le franc-maçon, à l’instar des tailleurs de pierre médiévaux – qui se devaient de ne point séduire l’épouse du maître ou de vivre en concubinage –, d’être sa vie durant « libre et de bonnes mœurs ». Il n’en est point, cependant, pour lui imposer un usage rigoureux de la langue française. C’est bien dommage.

Un exemple parmi d’autres : l’emploi inconsidéré, à tort et à travers, comme disent les bonnes gens à cheval sur la lexicologie et la grammaire, des termes « cotisation » et « capitation ».

Expliquons-nous…

La cotisation, nous affirme le frère Émile Littré dans son grand Dictionnaire de la Langue française (1872), « est une action de cotiser, une contribution par quote-part ». Tandis que le dernier Dictionnaire Larousse paru la considère comme « une somme versée en vue de contribuer à une dépense commune ».

D’une façon générale, les loges maçonniques sont des associations – souvent déclarées en préfecture comme étant des « Cercles philosophi­ques » – qui, pour mener leurs activités symboliques, ésotériques et fraternelles à bien, perçoivent de leurs membres des cotisations, et seulement des cotisations ; ces dernières étant acquittées semestriellement ou annuellement. Pour avoir droit de prendre part aux affaires de la loge et prétendre à un office, le franc-maçon doit être à jour de sa cotisation.

Qu’en est-il alors de la capitation ? Il s’agit de bien autre chose.

Faisons pour la définir un petit retour dans le passé de la Franc-Maçonnerie. Constitué en 1773, sur les cendres d’une première Grande Loge de France en perdition, le Grand Orient de France a, dès ses premiers jours d’existence, imposé un « don gratuit » aux loges de sa « correspondance », c’est-à-dire relevant de son autorité ; savoir une participation volontaire (!) aux frais de l’Ordre maçonnique, qu’il a assorti de la four­niture payante de ses rituels. Les loges se faisant fort d’ignorer ses demandes, le Grand Orient a alors inventé la « capitation maçonnique ».

La capitation, nous indique la quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie française, datée de 1762, « est une taxe par tête ». Littré parle d’« impôt de capitation », tandis que le Dictionnaire Larousse souligne que le terme vient du bas latin Capitatio signifiant effectivement… « taxe par tête ».

Il en ressort que le franc-maçon paie – volontairement – à sa Loge une cotisation, et que la Loge verse – obligatoirement – à l’obédience une capitation ; en d’autres termes une somme qui lui est imposée pour chacun de ses membres et dont elle ne peut s’affranchir.

Toute Loge qui n’est pas à jour de ses capitations ne peut envoyer de député aux assemblées générales, congrès et convents de l’obédience. Et se voit exclue par celle-ci de son Tableau général si elle ne s’acquitte pas de son « imposition » – qui, comme chacun sait, est une autre façon de concevoir l’impôt que l’on se doit de payer sans l’avoir désiré.

• Voir  : Petit Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Guy Chassagnard, Éditions Alphée – Jean-Paul Bertrand, 2005).

© Guy Chassagnard – 2016



A.S.: