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Miscellanea Macionica : D’où viennent les sept Sciences libérales ?

Depuis le dimanche 05 janvier 2014, je vous invite à retrouver une rubrique régulière de Questions-Réponses intitulée « MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Voici la Question 17 de la Série Miscellanea Macionica : D’où viennent les sept Sciences libérales ?

Vous devez savoir qu’il y a sept Sciences libérales ; grâce auxquelles toutes les Sciences et techniques de ce monde ont été inventées ; et l’une d’elles, en particulier, est à la base de toutes les autres, savoir la Science de la Géométrie. 

Ces sept Sciences sont les suivantes :

– La première qu’on appelle fondement des Sciences a pour nom Grammaire ; elle enseigne à parler cor­rectement et à bien écrire. 

– La seconde est la Rhétorique ; elle enseigne à parler avec grâce et distinction. 

– La troisième est la Dialectique ; cette Science enseigne à l’homme à distinguer le vrai du faux, et on l’appelle communément l’art de la Sophistique. 

– La quatrième s’appelle l’Arithmétique ; elle enseigne à l’homme l’art des nombres, comment calculer et faire des comptes de toutes natures. 

– La cinquième est la Géométrie, qui enseigne à l’homme toutes les dimensions, les mesures, et les poids de toutes sortes d’ouvrages. 

– La sixième est la Musique, qui enseigne l’art de chanter selon des notes émises par la voix, l’orgue, la trompette, la harpe et toutes choses les concernant. 

– La septième est l’Astronomie, qui enseigne la cour­se du soleil, de la lune et des autres étoiles et planètes du ciel. 

Ces Sciences libérales, que l’on appelle par ailleurs Arts libéraux, sont ainsi présentées dans le manuscrit Cooke (1410), constituant l’une des plus anciennes Old Charges (Anciennes Obligations) anglaises. Elles trouvent leur origine dans les écoles philosophiques de l’antiquité et dans les réflexions des penseurs du moyen âge, tels Martianus Capella (Ve siècle) et Bède le Vénérable (672-735). 

Et se résument en ces deux vers :

Gramm loquitur, Dia verba docet, Rhet verba colorat,

Mus canit, Ar numerat, Geo ponderat, Ast colit astra.

La Grammaire parle, la Dialectique enseigne, la Rhétorique colore les mots,

La Musique chante, l’Arithmétique compte, la Géométrie pèse, l’Astronomie s’occupe des astres.

Il existe des Sciences libérales (au nombre de sept) à laquelle appartient la Géométrie ; des Sciences serviles ou mécaniques (auxquelles appartient la Maçonnerie) ; ainsi que des Beaux-Arts (auxquels appartiennent l’Architecture et la Sculpture).

Dès que les tailleurs de pierre et les maçons de pose dressent des statuts et des obligations, ils se réclament des Sciences libérales auxquelles ils rattachent leur métier. Car, selon eux, la Maçonnerie découle directement de la Géométrie :

« Il n’est pas un métier ou un travail, fait de main d’homme, souligne le manuscrit Cooke, qui ne se fasse par la Géométrie et la raison en est évidente, car si un homme travaille de ses mains il travaille avec un outil déterminé et il n’y a pas d’instrument au monde qui n’ait son origine naturelle dans la terre et à la terre ne doive retourner. »

Par le biais des Sciences libérales, les tailleurs de pierre et autres maçons font remonter leur métier aux âges les plus lointains, et sacralisent du même coup, celui-ci. Dieu a créé l’homme, l’homme a créé les Sciences libérales, dont est finalement issu l’Art (ou Métier) du maçon ; du Métier tout court, comme il sera affirmé pendant des siècles.

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de rencontrer, de nos jours, les sept Sciences libérales dans le parcours rituélique du grade de Compagnon. Car, considérées comme les sept Piliers de la Sagesse, celles-ci permettent au maçon de rechercher en lui-même les principes supérieurs de l’initiation. Connais-toi toi même, la fameuse injonction de Socrate peut ainsi, par l’introspection, se transformer en : Construis-toi toi même.

L’évocation des sept Sciences libérales dans les Anciens Devoirs prouve à l’évidence que ces derniers n’ont pas été écrits par des maçons opératifs, illettrés au demeurant, mais par des clercs, qui ont cherché à rassembler dans un même texte l’histoire, le mythe et le « code du travail » de l’époque. 

– Pour plus d’information sur les Sciences libérales, consulter : Les Anciens Devoirs (Guy Chassagnard, P. Galodé, 2014).

© Guy Chassagnard – Tous droits réservés – guy@chassagnard.net

 

OUVRAGES DE GUY CHASSAGNARD :


A.S.: