X

Les francs-maçons sont-ils tous des « Charlie » ?

Les francs-maçons sont-ils tous des « Charlie » ? est une planche de Paul Quader qu’il nous offre en partage et qui est également disponible sur son blog http://paul-quader.over-blog.com/

Introduction :

La première question qui se pose est : qu’est-ce qu’être « Charlie » ? Quand, dans le numéro de « Charlie Hebdo », il est écrit : « Tout est pardonné », on peut se demander pardonner quoi et à qui ? Faut-il pardonner aux extrémistes islamistes ? Bien sûr que non. Il faut au contraire les combattre absolument sans craindre la mort. Faut-il pardonner aux dessinateurs de « Charlie Hebdo » les caricatures de Mahomet ? Bien sûr que non. Soit c’est une bonne action, et il n’y a rien à pardonner. Soit c’est une action débile, alors pourquoi la reconduire ? Connaissant le Mahomet historique, aurait-il agit, puis pleuré sur son action ? Pas du tout. C’est lui prêter une réaction très « chrétienne ». Faut-il pardonner à Dieudonné son antisémitisme ? Sûrement pas. Faut-il pardonner au Front national son fascisme ? Pas non plus. Ainsi, chacun se réclamant « être Charlie » devrait préciser ce qu’il entend par là. On constate alors que les motivations sont très variables et même parfois contradictoires.

La question des religions :

Le rire est le propre de l’homme, disait Rabelais, mais peut-on rire de tout avec tous ?  Les religions sont un sujet complexe, et on ne peut pas dire que « Charlie Hebdo » ait une ligne éditoriale très limpide à ce sujet, comme à propos d’autres sujets.

Les religions sont une question humaine. Il y a des différences très marquées entre les diverses religions : christianisme (différences aussi au sein du christianisme), islamisme, judaïsme, bouddhisme, etc. Et aussi des différences au sein de chaque religion : religions catholiques, protestantes et orthodoxes, pour le christianisme ; sunnites et chiites pour l’Islam, etc. Quelle est la manière juste de traiter ces différences ?

Les contradictions au sein du peuple, y compris en matière de religions, sont des contradictions non antagoniques. Pour les résoudre, il faut donc appliquer des méthodes non antagoniques. A savoir, le dialogue et la persuasion. L’erreur, c’est de traiter ces questions de façon antagonique, par la violence et même le massacre. C’est une faute politique.

Par contre, les contradictions entre le peuple et les ennemis du peuple sont antagoniques, et il faut leur appliquer des méthodes antagoniques, dont la guerre et la lutte à mort. La question est alors : qui sont les ennemis du peuple, en matière de religion ? Ce sont bien évidemment les extrémistes de toute religion, qui veulent imposer leurs points de vue par la force, qui massacrent ceux qui ne partagent pas leurs avis, et dans ce cadre on trouve notamment les extrémistes islamistes qui ont massacrés les dessinateurs de « Charlie Hebdo », mais aussi les chrétiens comme le norvégien Anders Behring Breivik, fondamentaliste chrétien, ou les rabbins qui appellent au massacre des palestiniens, etc. On trouve également, dans la catégorie des ennemis du peuple tous les thuriféraires des idées racistes, antisémites, islamophobes, homophobes, sexistes, etc. dont évidemment les grands chefs fascistes. On ne doit ni pardonner, ni oublier tous les criminels contre l’humanité, et en premier lieu les nazis, et leurs émules, comme la « bande des barbares », ou Mohammed Merah.

Dieu, s’il existe, n’a pas de religion, et aime tous les hommes de la même manière. Ce serait là la meilleure définition de Dieu pour un croyant, quel qu’il soit : Dieu n’a pas de religion, et il aime tous ses enfants de la même façon.

Les fondateurs de religion, comme Moïse – Bouddha – Jésus – Mahomet, étaient tous à l’avant-garde de leur temps. Ce sont sans aucun doute de beaux archétypes humains. Peut-être pas des Francs-maçons, mais des « Francs-maçons sans tablier ». Sans aucun doute, des initiés de la meilleure Tradition : des amis du peuple. On peut bien évidemment les caricaturer, mais il faut également les respecter comme prototypes de l’humanité.

Que feraient-ils aujourd’hui ? Sans aucun doute, ils se battraient pour que les droits de l’homme soient universellement appliqués.

Donc, ils auraient les positions suivantes :

  • Condamnation des barbares fascistes, meurtriers de dessinateurs ;
  • Condamnation de l’homophobie, notamment dans des pays qui se disent musulmans ;
  • Condamnation de tous les racismes, antisémitismes, et autres ségrégations (refus d’enterrer un enfant Rom dans un cimetière public,…) ;

La meilleure définition de Moïse – Bouddha – Jésus – Mahomet, en tant que représentants de l’être humain, par un athée serait qu’il s’agit de quatre êtres humains, plutôt progressistes et universalistes. Il n’y a qu’à considérer leur œuvre. Mais évidemment, comme tout être humain, ils n’étaient pas sans défauts, que l’on peut critiquer et caricaturer.

Moïse – Bouddha – Jésus – Mahomet n’étaient pas pacifistes. Ils ont été eux-mêmes persécutés pour leurs idées. Et ils ont combattu les mécréants, et aujourd’hui, ils dénonceraient ceux qui refusent d’appliquer les droits de l’homme à tous les êtres humains. Ils seraient partisans de l’idéal de Liberté, Egalité, Fraternité.

Les deux France :

Il y a « Charlie » et « Charlie ». La manifestation du 11 janvier 2015 comprenait bien deux France, bien distinctes :

  • D’un côté ceux qui disent « Je suis Charlie », et qui sont les partisans du maintien du statut quo, c’est-à-dire de la défenses des privilèges « de ceux qui ont » (la possibilité d’exercer effectivement les droits de l’homme bourgeois, qui possèdent des biens, un travail, un logement, etc.). Il s’agit de tenir à l’écart le peuple, dont les pauvres. Ce sont les partisans de mobiliser la police avec des « patrouilles avec les armes chargées », contre l’ « ennemi intérieur », d’organiser des « fouilles des clients à l’entrée des magasins », d’instaurer un « état de guerre sur le territoire français », d’installer des « balises » sous les voitures, etc.
  • De l’autre côté ceux qui disent aussi « Je suis Charlie », mais souhaitent appliquer les droits de l’homme à tout le peuple. Ceux là courent le risque d’un déclassement, et souhaitent la généralisation des droits de l’homme, y compris à toutes les personnes qui vivent « en dehors », « en-desous », « en bas », et qui sont de plus en plus nombreux : chômeurs, travailleurs précaires, SDF, exclus du système scolaire,…

Enfin, il ne faut pas oublier de troisième part, une grande partie du peuple, dont les habitants des quartiers dits difficiles, qui n’ont pas défilés le 11 janvier 2015. Tout ceux là aimeraient sans aucun doute être aussi des « Charlie ». Ce sont les « sans dents », sans dignité, méprisés par ceux « d’en-haut ».

Forces pour le bien et forces pour le mal

Les terroristes, Chérif Kouachi, Saïd Kouachi et Amédy Coulibaly, sont français, élevés dans l’école de la république française. La police aurait pu les intercepter vivants. Or l’Etat a préféré les tuer et les abattre en direct, devant les journalistes et les caméras. Pourquoi ? Il semble que l’Etat n’a pas souhaité un grand procès public qui aurait mis en exergue de nombreux aspects de la société française. Notamment les responsabilités des élus qui n’ont rien fait pour appliquer les droits de l’homme, y compris dans les quartiers populaires. Après plus de trente années de politique de la Ville et dix années de distributions des subsides de l’A.N.R.U. (43 milliards d’euros), le bilan est l’existence d’une seconde France, cachée, avec de plus en plus de pauvres, des quartiers dégradés, et comme par « hasard », le regroupement des populations d’origine arabe, et de religion musulmane.

La même force, qui a conduit à des meurtres barbares et fascistes, aurait pu être utilisée pour le bien, si la société avait joué son rôle d’éducateur. Si ces barbares avaient bénéficié des droits de l’homme, que la république française leur garantit en parole, mais leur a refusé dans les faits, la force mise dans des actes mauvais aurait contribué à construire une société plus juste et plus égalitaire. C’est ce qu’aurait révélé un procès public ! Imaginez ces faux martyrs et faux héros, mais vrais barbares et fascistes, lors d’un procès public, obligés de regarder en face les victimes blessées, les parents des victimes mortes, et même leur mentor en matière de religion, qui a publiquement désavoué leur acte barbare! C’était le début, ici-maintenant, d’un de travail sur soi! Et surtout, pour la société, et les futurs barbares notamment, une occasion de comprendre comment des enfants de la République peuvent se tourner vers une telle sauvagerie, indigne des bêtes, qui n’a rien à voir avec l’Islam et Mahomet!

Le premier ministre, Manuel Valls a déclaré : « Nous sommes en guerre… », Sous-entendu, en guerre contre le terrorisme. D’accord ^pour se défendre contre les fascistes islamistes : mais la meilleure façon de les combattre, n’est-ce pas, enfin, d’inverser la vapeur, et de donner à tous des conditions de vie dignes ?

Où s’arrête la tolérance et où commence l’intolérable ? « Je suis Charlie Coulibaly », « Je suis Charlie Martel », voilà des propos qui indiquent que l’on a affaire à des ennemis du peuple !

La période actuelle est un accélérateur de l’histoire. En peu de temps, le peuple apprend à connaître la réalité sociale, ce qui, en d’autres temps, peut prendre des dizaines d’années.

Ce que veut le peuple, c’est le dialogue en son sein : donc ne pas mépriser quelqu’un qui a des idées différentes, et sûrement pas le tuer. Toute liberté d’expression doit être donnée au sein du peuple. Mais la lutte doit être intransigeante contre les ennemis du peuple. Il faut refuser la liberté d’expression pour les ennemis du peuple.

Il y a aussi « république » et « république » :

Il y a la république bourgeoise, la république des nantis, de ceux qui ne veulent pas partager. Les dernières statistiques indiquent que, en 2016, 1 % des habitants seront détenteurs de 50 % des biens ! Ces derniers forment une communauté des riches, vivant entre soi et méprisant les pauvres. Ce sont ceux qui se gavent.

Il y a aussi un terrorisme économique et financier ? Que penser des individus qui ont détournés dans les paradis fiscaux plus de mille milliards d’euros ? Que ce soit en Suisse, au Luxembourg ou dans les îles des Bermudes ou autres paradis fiscaux.

Quel consensus au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat ? N’est-ce pas la collusion des nantis. En effet, il serait temps que ces deux assemblées fassent la police et excluent tous les tristes sires qui ont fraudé le fisc, ou bien détournent les votes des électeurs à coups de distributions d’euros et de prébendes. Enfin, si le Parlement veut être légitime et représentatif, il convient de faire le nécessaire pour qu’y figure enfin 50 % de femmes, ainsi que des représentants des diverses catégories du peuple.

Et il y a la république sociale, celle qui veut étendre à tous les droits de l’homme : droit au travail, droit à un logement décent, droit à la santé, droit à l’éducation, etc. Les membres des quartiers dits sensibles et en particulier, les personnes de religion musulmane, ont-elles les mêmes droits que tous les citoyens ? Droit au travail ? Droit à un logement décent ?

Les mesures proposées :

L’une des mesures est de restaurer un service militaire universel concernant les garçons et les filles : c’est là une excellente proposition, car comme on disait autrefois : « Si on te donne un fusil (et la préparation militaire qui va avec), prends-le ! ». Encore faudra-t-il être vigilant quant au contenu de ce service national.

On n’a jamais vu une classe privilégiée renoncer sciemment à ses privilèges, même s’il s’agit de céder une partie infime de ceux-ci. Donc il faudra bien, après les manifestations d’unité du peuple, arracher les privilèges et les redistribuer à tout le peuple.

La seule et vraie rupture, c’est d’appliquer les valeurs républicaines (Liberté-Egalité-Fraternité, laïcité,…) et les droits de l’homme (travail, logement décent, école égale, culture, prisons décentes, égalité des sexes,…)  à tous. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter l’importance des services de renseignements, et de limiter nos libertés individuelles (Internet, etc.), comme le préconisent les hommes et femmes politiques. .

Cette façon d’appréhender la réalité conduit à infliger une double peine aux membres des clases pauvres : actuellement dépossédées de tous droits, sans aucune dignité, des textes législatifs sont proposés qui visent à prononcer contre les coupables de délits de terrorisme les peines de déchéance de nationalité et d’indignité nationale.

Et voici le retour des hommes politiques, des journalistes et des experts de toutes sortes sur l’avant-scène médiatique : tous ceux qui nous ont amené à la situation actuelle, avec les phases « terroristes », reprennent les rênes des médias, après le 11 janvier 2015. Comment espérer, dans de telles conditions une rupture avec l’avant, et une amélioration après ? Comment croire encore que ceux qui nous ont mis dans cette situation vont pouvoir nous en sortir ?;

La bourgeoisie a fait son temps, et elle a démontré son incapacité à porter la société vers un nouveau monde. De plus en plus, le peuple se rend compte qu’il ne pourra s’en sortir que par ses propres forces. C’est maintenant le tour du prolétariat de gérer la société.

Le président François Hollande parle de liberté de la presse : de qui se moque-t-il ? Quelle liberté ? Quelle presse ? Chacun sait que la presse, en France, n’est pas libre, mais qu’elle est la propriété des grands groupes capitalistes, notamment des branches industrielles de l’armement et de la construction. Cette presse exerce une véritable police de la pensée.

Heureusement, la création d’Internet permet au peuple de s’exprimer. Et c’est pourquoi la bourgeoisie rêve de limiter la liberté d’Internet.

Par exemples, la presse dite « d’opinion », qui devrait donc être libre, tant du point de vue de la ligne éditoriale, que financièrement. Sans l’aide annuelle de l’État de pratiquement sept millions d’euros, L’Humanité ne pourrait pas être publiée ; en 2013, l’État a également fait sauter une dette de quatre millions d’euros… Quant au Figaro, il est aux mains d’une famille d’avionneurs, les Dassault, et rien ne se publie sans l’aval de cette famille.

Seuls au niveau national, les hebdomadaires Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo ne vivent pas de la publicité (quand on en vit, il faut bien sûr faire plaisir aux financeurs de celle-ci : la classe bourgeoise).

Que penser de la ligne éditoriale de Charlie Hebdo aujourd’hui ?

Sa ligne éditoriale, libérale et libertaire, n’a plus rien à voir avec la ligne éditoriale d’origine de Hara-Kiri et du Charlie Hebdo du début, qui ont tiré leur prestige d’un véritable esprit d’indépendance. C’était alors une ligne en phase avec la période de Mai 1968 : le rire était rabelaisien et populaire. De nombreux lecteurs ont ressenti comme une trahison la collaboration de Wolinski à L’Humanité, à partir de 1977. Le journal a été affaibli par le départ de piliers, comme Fournier et Delfeil de Ton.

Qu’est devenu l’esprit de Mai 68 ? Des personnages bourgeois et petits bourgeois, y compris au sommet de l’Etat, comme Nicolas Sarkozy et François Hollande, se sont emparés de cet esprit, le déformant, en profitant au niveau personnel (comme le droit de la famille, la famille recomposée, le divorce, etc.), mais n’ont rien fait pour développer l’aspect démocratique au niveau du peuple. Le journal Charlie Hebdo est devenu une référence pour les « bobos » (bourgeois bohêmes) parisiens. Il est certain que les jeunes, dont ceux habitant les cités, ne sont nullement attirés par cet état d’esprit grinçant et une satire routinière, qui conforte plutôt le système existant. D’où une perte de prestige et de lectorat, du journal. C’est ce que déclarent les journalistes les plus lucides du journal, quant à l’identité de Charlie Hebdo. Voici quelques exemples de déclarations :

Jean-Marc Parisis : « En grandissant, beaucoup d’enfants de 68 sont devenus ce qu’ils étaient, des bourgeois. Et la bourgeoisie ne sait pas rire, ou pas longtemps : elle n’aime pas ».

Jean-Marc Parisis : « L’humour bête et méchant, récupéré, neutralisé par les médias officiels, est devenu parodique. Simple régulateur social, il perd sa charge critique, pourrit dans le divertissement ».

Delfeil de Ton lui-même était convaincu que Charlie Hebdo a duré trop longtemps : « Il fallait s’arrêter tant que c’était bien. Il fallait pas attendre que ça soit pas bien, que ça descende. » (France Culture, 29 septembre 2006).

Attendre ce que va devenir Charlie Hebdo : une aide de un million d’euros de l’Etat, l’hébergement du journal par Libération, journal aux mains des capitalistes, etc. tout cela ne sont pas des signes engageants pour l’avenir !

Bernier (professeur Choron) : « On s’est attaqués aux hommes politiques […]. On l’a fait uniquement pour gagner de l’argent. » (« Vous me croirez si vous voulez », 1993).

Sylvie Caster : « C’était une période inoubliable [Les 13 premières années]. Ce qu’on peut regretter, — c’est peut-être un peu nostalgique – c’est que jamais on ne retrouve cette liberté. On savait qu’elle était extraordinaire. » (Entretien du 1° juin 2002).

A chaque époque, certains francs-maçons se paient de mots : 

Lors des diverses périodes historiques, on distingue deux catégories de francs-maçons :

  • Ceux qui « se payent de mots » : issus de la catégorie la plus aisée, ils disent, en paroles, partager les valeurs universalistes des droits de l’homme. Mais dans les faits, dès qu’il s’agit d’appliquer ces droits de l’homme, ils se retrouvent sur des positions de classe privilégiée et défendent avec véhémence leurs privilèges. C’était le cas des aristocrates francs-maçons, qui ont émigrés lors de la Révolution française, de 1789 à 1794. C’était aussi le cas des francs-maçons Versaillais e 1872. Ce sera le cas des francs-maçons de pacotille, demain, lorsque éclatera le mouvement social qui donnera naissance au Nouveau Monde.
  • Ceux qui prennent l’idéal maçonnique au sérieux, et qui préfèreront renoncer à leurs quelques « privilèges », pour instaurer enfin un monde plus libre et plus égalitaire, par l’universalité de l’application des droits de l’homme.

Aujourd’hui aussi, dans les loges maçonniques, il y a les francs-maçons qui se paient de paroles, et les francs-maçons qui prennent le combat pour les droits de l’homme au sérieux.

La Révolution de 1789-1794 :

Dès le début de cette Révolution, de nombreux francs-maçons, devant choisir entre le maintien de leurs privilèges aristocratiques, et l’application à la société des principes de « Liberté-Egalité-Fraternité », prôné par l’idéal maçonnique, ont préférés choisir leurs intérêts de classe privilégiés, et ont préférer émigrer. D’autres francs-maçons se sont opposés à l’approfondissement de l’esprit révolutionnaire, et à une étape de la mise en place de la république française, ont voulu faire marcher la roue de l’Histoire vers l’arrière, et sont devenus anti-révolutionnaires, comme par exemple les Girondin.

Ainsi, pendant tout le XVIII° siècle, certains maçons ont développé l’esprit des Lumières dans les loges, mais ont préféré renoncer à la mise en œuvre de ces principes dans la réalité. C’est ce que l’on peut appeler des francs-maçons qui « se paient de mots ».

La Révolution de 1789-1794, pour de nombreuses personnes, n’est pas encore close. C’est ainsi que les héritiers d’anciens aristocrates ont menacé le présent auteur du blog à la fois d’un recours devant les instances judiciaires, et d’une fermeture du blog, si l’auteur ne supprimait pas les références à la famille Polignac, anciens francs-maçons du XVIII° siècle.

« Armand Jules François Duc de Polignac (1745-1817) : Premier écuyer du Roi. Franc-maçon. Membre de la Loge « La Candeur ».

Yolande Martine Gabrielle de Polastron, Duchesse Yolande de Polignac dit « la Polignac » par la populace parisienne (1749-1793) : Franc-maçonne. Membre de la Loge « La Candeur ». De petite noblesse, elle épousa le Comte de Polignac, passablement désargenté. Elle réussit à supplanter la princesse de Lamballe, dont elle prit la charge de surintendante de la Maison de la Reine. Elle émigra le 17 juillet 1789, avec son amant de l’époque, le comte d’Artois. C’est sous le ministère de son fils Jules de Polignac, que se déclencha la révolution de 1830. ».

La Commune de Paris de 1871, et l’après :

L’antisémitisme et le complotisme sont deux thèmes qu’il faut combattre, avec d’autant plus de vigueur, que ces thèmes sont présents dans le milieu populaire.

En France, l’un des auteurs classiques du complotisme  est Augustin Barruel (1741-1820), prêtre jésuite et polémiste anti-Lumières, qui déclare avoir été reçu en loge maçonnique et qui a publié des Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme. Il y développe la thèse d’une Révolution antichrétienne fomentée par les philosophes, les francs-maçons et les juifs. Mais c’est surtout à la fin du XIX° siècle que ces thèses vont prendre toute leur ampleur, thèses souvent développées par des Communards, Francs-maçons, et autres renégats. Souvent, il s’agit d’une mauvaise utilisation des mots : on parle de lutte « contre la haute finance, aux nez et aux doigts crochus » (sous-entendu au XIX° siècle, la banque Rothschild et consorts), au lieu de lutte « contre la bourgeoisie ». C’est ce que font parfois encore aujourd’hui quelques représentants de l’ « extrême gauche » et de la « gauche » : d’où un point commun avec le Front national. Voir à ce propos les écrits du sociologue Zeev Sternhell. L’antisémitisme, tout comme le racisme, sert à l’idéologie dominante, à diviser le peuple. Voici, par exemples, parmi de nombreux autres, trois Communards, dont deux étaient, avec certitude, francs-maçons : comme quoi, à l’aide d’un peu de science historique, il convient d’extirper ces théories malodorantes, parfois dans des milieux où on ne pense pas les trouver !

« Benoît Malon (1841-1893) : Franc-maçon. Membre de la loge « Le Lien des Peuples ». Ouvrier teinturier. Militant ouvrier, communard, journaliste, écrivain. Il fait partie du bureau de la section parisienne de l’Internationale, adhérant à l’AIT en 1865. Proudhonien de gauche. Collaborateur du journal La Marseillaise de Rochefort. Le 8 février il est élu à l’Assemblée nationale comme socialiste révolutionnaire. Il est élu le 26 mars au Conseil de la Commune. Il siège à la commission du Travail et de l’Echange. Il vote contre la création du Comité de salut public et se range du côté de la Minorité. A écrit : La troisième défaite du prolétariat français (1871). Condamné à mort par contumace, il émigre en Suisse. A Palerme, il est reçu en 1877 au grade de compagnon et de maître de la loge « Fedelta ». Revenu en France après l’amnistie, il devient le leader des opportunistes-possibilistes. Il assiste, ainsi que Jules Vallès, à son retour de proscription, à une tenue de la loge parisienne « La Ruche libre ». Préside en 1882, le Congrès socialiste de Saint-Etienne. Directeur de la Revue Socialiste. Il reprend une activité maçonnique en 1889, à la loge du Grand Orient « Le Lien des Peuples et les Bienfaiteurs réunis ». Incinéré au Père Lachaise, sur le socle de son monument figure l’équerre et le compas.

Libre-penseur, chef de file des blanquistes, Malon est partisan d’un socialisme national, opposé au socialisme allemand. Admirateur de Drumont, l’auteur de La France juive. Il écrit dans La Revue Socialiste N° 18 de juin 1886, pages 509 à 511, un article sur La question juive : « Oui, la noble race aryenne a été traître à son passé, à ses traditions, à ses admirables acquis religieux, philosophiques et moraux, quand elle a livré son âme au dieu sémitique, à l’étroit et implacable Jéhovah. (…) En brisant le cœur et la raison aryens, pour croire aux radotages antihumains de quelques juifs fanatiques, butés et sans talent (voyez Renan) ; en faisant de la littérature d’un peuple dont toute l’histoire ne vaut pas pour le progrès humain, une seule olympiade d’Athènes, on a autorisé les fils de ce peuple choisi, de ce « peuple de Dieu », à nous traiter en inférieurs ».

Albert Regnard (1832-1903) : Leader des étudiants blanquistes. Libre-penseur anticlérical, représentant de la France à l’anti-concile de Naples de 1870. Communard. Réfugié à Londres, puis il se rallie à Gambetta.

Antisémite de choc. Il écrit dans son article Aryens et Sémites, paru dans La Revue Socialiste n° 30 de juin 1876, page 499 : « La haine du sémitisme était à l’ordre du jour parmi les jeunes révolutionnaires de la fin de l’empire ». « La réalité et l’excellence de la race aryenne (…) et qui seule est en mesure de préparer et d’accomplir l’achèvement suprême de la rénovation sociale. ».

Victor Henri de Rochefort, marquis de Rochefort-Luçay, plus connu sous le nom d’Henri Rochefort (1831-1913) : Franc-maçon. Sous l’Empire, il fonde La Lanterne, puis La Marseillaise.  Membre des Amis de la Renaissance. Fait partie du gouvernement de la Défense nationale. Sous la Commune, il s’élève dans ses écrits contre les Versaillais. Condamné à la déportation, il s’évade. Après l’amnistie, il fonde L’Intransigeant. Au retour du bagne de Nouvelle-Calédonie, il se rapproche progressivement du boulangisme et de l’extrême droite. Lorsque éclate l’affaire Dreyfus, il laisse libre cours à son antisémitisme pour mener campagne avec les « anti ». A écrit en 1896-1898 : Les aventures de ma vie.

Antiparlementariste, antidémocrate révolutionnaire. Créateur de divers mouvements politiques nationaux et socialistes, dont La Ligue Intransigeante Socialiste et le Parti Républicain Socialiste Français. Animateur du boulangisme de gauche. Antisémite militant, il est une des grandes figures de l’antidreyfusisme de gauche. Dans son article « Le triomphe de la juiverie », paru dans Le Courrier de l’Est le 20 octobre 1899, il y menace les juifs d’un « effroyable mouvement antisémitique ». Il devient monarchiste. »

1940-1945 : On n’est trahi que par les siens.

Durant cette période aussi, à côté des francs-maçons qui ont lutté dans le cadre de la Résistance, allant jusqu’à sacrifier parfois leur vie, on trouve des maçons qui « se paient de mots ». Ainsi par exemples :

« Jean Pierre Abel, son vrai nom est René Château (1906-1970) : Philosophe, militant radical-socialiste. Collaborateur. Elève d’Alain. Agrégé de philosophie. Franc-maçon, initié au Grand Orient de France. Il est élu en 1936 député de Charente-Inférieure sous l’étiquette du Parti radical-socialiste. Vichyste. En 1940, il vote les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Sous l’occupation, il entre à L’œuvre de Marcel Déat, puis il est nommé à la direction de La France socialiste, quotidien qui deviendra La France au travail, et où il dénonce, en 1942, le « rôle des trois internationales : la capitaliste, la bolchevique, la juive », et s’en prend particulièrement à cette dernière. Pendant les années 1950, il reprend ses publications philosophiques sous son véritable nom.

François Ernest Chasseigne (1902-1977) : Député « pupiste », puis socialiste de l’Indre (1932-1941). Maire d’Issoudun. Il se rallie au gouvernement de Vichy, qui en fit un ministre de l’agriculture et du ravitaillement en 1944. On dit de lui qu’il est un « ancien communiste passé à la SFIO ». Il vote les pleins pouvoirs pour le maréchal le 10 juillet 1940 à Vichy. Il fréquente Lafont, le chef tortionnaire de la Gestapo française. Pacifiste, il est membre de la Milice. Ami de la LICA (ancienne LICRA) en 1936, il est aux « Amis de la Waffen SS » en 1944. Condamné, puis amnistié en 1950. Franc-maçon. Il fut initié en 1933 à « La Gauloise », orient de Châteauroux.

André Grisoni (1886-1975) : Député radical de la Seine de 1932 à 1936, maire de Courbevoie de 1927 à 1944. Franc-maçon. Membre de la loge « Emile Zola ». Antiraciste convaincu, il est membre du comité central et de la commission de propagande de la Ligue internationale contre le racisme et l’anticommunisme. Proche de Pierre Laval, il militera au Rassemblement national populaire.

Jean Luchaire (1901- mort fusillé le 22 février 1946 au fort de Châtillon) : Journaliste et patron de presse. Franc-maçon. Orateur de Loge. Collaborationniste. Homme de gauche, briandiste zélé des années 30, il se fait le promoteur d’un rapprochement entre la France et l’Allemagne. Ami d’Abetz. Il fonde en 1927, le mensuel Notre Temps, qui appuie le pacifisme, et qui a pour collaborateurs : Bertrand de Jouvenel, André Weil-Curiel, Jacques Chabannes, Pierre Brossolette et Pierre Mendès-France. En novembre 1940, il fonde le journal collaborationniste Les Nouveaux Temps.

Jean Michel Tournaire, dit Jean Michel Renaitour (1896-1986) : Homme de lettres. Député indépendant de gauche, puis Gauche indépendante de l’Yonne de 1928 à 1942. Maire d’Auxerre de 1929 à 1941. Membre du Comité central de la LICA en 1931. D’abord socialiste, brièvement communiste après le Congrès de Tours, candidat SFIO aux législatives de 1924. Il ne prend pas part au vote du 10 juillet 1940. Franc-maçon. Membre de la loge « Francisco Ferrer ». Sous l’Occupation, il fréquente les collaborateurs et donne des articles dans des revues de cette tendance.

Emile Roche (1893-1990) : Fils d’épicier. Secrétaire en 1929, puis vice-président du parti radical dans les années 30. Franc-maçon. Membre de la loge « Les Amitiés Internationales ». Résolument anticommuniste. Hostile au Front populaire. Sous l’Occupation, Roche fréquente les milieux du RNP de Marcel Déat, sans en être membre. En 1950, il interviendra en faveur d’Otto Abetz, dont il fut et restera l’ami. Après guerre, il est président administratif du parti radical (1951-1954) et présent au Grand Orient de France. Il est président du Conseil économique et social de 1954 à 1974.

Charles Spinasse (1893-1979) : Franc-maçon. Orateur en Loge. Elu en 1924 député SFIO de la Corrèze, et sera réélu jusqu’en 1942. Ministre de l’économie nationale de juin 1936 à mars 1937, il signe les accords de Matignon, et devient ministre du Budget (mars-avril 1938) dans le gouvernement du Front populaire. Il fait partie du courant pacifiste, anticommuniste et planiste de la SFIO. Le 6 juillet 1940, à Vichy, il proclame son appui à la politique du maréchal Pétain. Vichyste. Il vote les pleins pouvoirs le 10 juillet. Relaxé le 22 octobre 1945. Il participe à la création du Parti socialiste démocratique, comme tous les socialistes compromis avec Vichy. Dans les années 1960, il soutient en Corrèze l’ascension du jeune Jacques Chirac. ».

La position du G.°. O.°. D.°. F.°. concernant le fascisme et l’extrême droite est limpide :

« Pour un Front Uni des républicains contre le fascisme

Les francs-maçons rappellent que, pour être membre de leur association, il ne faut pas être ou avoir été adhérent ou sympathisant d’une association ou d’un groupement appelant à la discrimination raciale, à la violence envers une personne ou un groupe de personnes en prétextant de leur origine, leur appartenance à une ethnie ou à une religion déterminée et qui propagerait ou aurait propagé des idées ou des théories tendant à justifier ou à encourager cette discrimination, cette haine, cette violence.

Les francs-maçons constatent que, suite aux élections municipales, les éléments d’extrême droite, dont le Front National et la vague « bleu marine », poursuivent inexorablement un mouvement d’implantation durable, tant au niveau local, que national et même européen. C’est un mouvement qui s’oppose de manière irréconciliable avec nos valeurs maçonniques de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. C’est pourquoi nous appelons tous les républicains qui refusent le retour à la barbarie de se rassembler, chaque fois que possible, dans un Front Uni contre le fascisme.

Pour éliminer cette peste brune, il convient d’être vigilant et de ne pas hésiter, au moindre dérapage, à interdire purement et simplement ce type de mouvement : si aujourd’hui, les fascistes se contentent de paroles, nous savons de quoi ils sont capables si l’opportunité leur offre la possibilité d’accéder au pouvoir, comme cela a été le cas avec le régime de Vichy, de 1940 à 1945. C’est pourquoi tous les républicains doivent utiliser tous les moyens pour dénoncer la démagogie de l’extrême droite.

Cependant, si de nombreux concitoyens se tournent vers ce vote d’extrême droite, cela signifie que les paroles ne suffisent plus : chacun, à la place qui est la sienne, doit aussi agir, pour que, enfin, les droits économiques et sociaux fondamentaux (droit à un travail pour tous, logement décent pour tous, véritable pouvoir d’achat pour tous, santé et éducation pour tous,…), mais aussi les droits politiques (approfondissement des droits démocratiques, droit électoral pour tous, possibilité d’accéder aux mandats électoraux pour tous, égalité de sexe, lutte contre toute forme de discrimination, ,…), soient mis en œuvre véritablement dans la vie quotidienne.

Au nom des nombreux francs-maçons morts en martyrs, victimes du fascisme, (Pierre Brossolette, Jean Zay,…), les francs-maçons s’engagent à rester vigilants et à agir pour s’opposer à tout retour de la barbarie et à refuser toute idéologie raciste, antisémite, anti-roms ou islamophobe, qui prépare le terrain à toute nouvelle forme d’holocauste.

Avril 2014. »

Et aujourd’hui ?

Que constate-t-on dans diverses loges ? D’abord la quasi absence des habitants des quartiers dits sensibles, et en particulier des jeunes. Lorsqu’un français de religion musulmane adhère aux idéaux de la franc-maçonnerie, cela change tout de suite le contenu des débats concernant la religion musulmane. Mais parfois on constate, soit par maladresse, soit par « haine viscérale » de l’Islam, des comportements maladroits de certains « frères » : ainsi, dans une loge dite des « Hauts Grades », on a pu constater un comportement d’incompréhension, conduisant un bon frère musulman à démissionner de la loge. Quand on veut dialoguer, il faut savoir créer les conditions d’un dialogue. C’est très mal parti, quand on s’exprime de la façon suivante : « Je ne suis pas d’accord avec toi, et en plus tu es un gros con, et ta mère est une putain ! », ceci alors que l’on sait pertinemment qu’un musulman considère Mahomet au-dessus de sa mère ! Bien évidemment, on a le droit de caricaturer Mahomet, et tous les prophètes. Mais il faut auusi savoir que cela peut choquer certains croyants, musulmans, juifs, chrétiens, etc. Il faut donc savoir prendre ses responsabilités. Mais il est indigne que certains « frères », présents dans les loges, n’hésitent plus à afficher des idées communes avec le Front National, idées racistes et d’exclusion ! Au vu et au su de tous, certains sont même candidats sur des listes frontiste, ceci au nom de la « démocratie » et de la tolérance : il y a là une ligne de rupture et de fracture, car ces pseudo frères se retrouvent aux côtés des ennemis du peuple ! Cela n’a rien à voir avec l’idéal maçonnique de Liberté, d’Egalité, de Fraternité, et je refuse d’être « Charlie » aux côtés de ces mauvais compagnons là.

S’il faut combattre « à mort » les fondamentalistes, dont les fanatiques musulmans qui jettent de grande hauteur les homosexuels pour les « punir », et décapitent les incroyants, il faut savoir user de méthodes non antagoniques avec les croyants. Ainsi, quel chef de service administratif n’a pas eu besoin de faire preuve d’autorité et de persuasion, pour empêcher un agent féminin de porter un simple foulard sur la tête, lorsqu’elle délivre des actes sur un guichet ?

Ainsi la franc-maçonnerie devrait s’engager à recruter plus de frères et de sœurs de religion musulmane, et à développer une notion non hypocrite de la laïcité : la laïcité est un cadre qui permet la coexistence et le débat entre toutes les croyances, y compris les athées et les agnostiques. C’est dire, qu’à l’image des pères fondateurs de la République française, en 1792, il reste encore des efforts à faire pour déchristianiser notre société et la rendre véritablement neutre.

La journée du 11 janvier est une journée des dupes :

  • D’une part, les nantis, dont les élus, qui ont participé à la manifestation, espèrent maintenir le statut quo, c’est-à-dire préserver une république bourgeoise, où les droits de l’homme sont réservés aux bourgeois et aux nantis. Il faut donc continuer à tenir à l’écart les classes travailleuses, considérées comme dangereuses, les banlieues, quitte à créer un régime d’oppression et de limitation encore plus drastiques des diverses libertés. En d’autres termes, en donnant le pouvoir d’Etat aux fascistes. C’est là une impasse, qui va accentuer les divers problèmes, dont le « terrorisme » ! La fausse distinction entre « gauche » et droite disparaît face à l’union des nantis contre le peuple.
  • D’autre part, la majorité des Français, qui souhaitent une république sociale, avec des droits réels pour tous. Dont la sécurité notamment pour les minorités musulmanes et juives. Là aussi le réveil est dur le 12 janvier 2015, et ces manifestant là auront aussi la gueule de bois, car ils vont se rendre compte qu’il ne suffit pas d’une manifestation, où dégoulinent les bons sentiments (« Fraternité »), pour que la majorité obtienne enfin l’application à tous des droits de l’homme : seule une révolution radicale, menée par la classe ouvrière sera à même d’obtenir ce résultat, après un parcours long et sinueux.

Cet événement historique du 11 janvier 2015 en rappelle d’autres, comme par exemple la mobilisation nationale autour du meurtre du journaliste Victor Noir, tué le 20 janvier 1870 par un membre de la famille de Napoléon III, ou bien les manifestation antifascistes de 1934, qui ont préparé le Front Populaire de 1936. . Sans être devin, un tel événement en prépare d’autres de grande ampleur.

Entre ceux qui veulent faire descendre les valeurs de la République (« Liberté-Egalité-Fraternité ») des frontons des hôtels de ville et des bâtiments publics, pour les faire vivre véritablement dans la vie de tous les jours, et ceux qui veulent continuer de bénéficier des divers droits, sans les partager avec la grande majorité des pauvres, mais en maintenant ces citations comme des sortes de vaches sacrées sur les murs des bâtiments publics, lesquels seront cocus et dupés ? Seul le proche avenir nous le dira.

Comme le déclare, Joseph Macé-Scaron, directeur du journal Marianne: « La majorité de nos élites ne croit pas aux valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Il nous faut les interpeller, car leurs seules valeurs, ce sont l’argent et le cynisme individuel. »

Y a-t-il encore une classe ouvrière?

Selon l’INSEE, en 2012, il y avait environ 6 millions d’ouvriers, qualifiés ou non. Chiffre auquel il faut ajouter leur famille, les demandeurs d’emploi, les retraités, les petits commerçants, etc. ainsi que les employés; cela en fait du monde! Sûrement plus de la moitié de la population totale. Mais tout est fait pour rendre cette population invisible. En 2010, plus de 50 % des salariés gagnaient moins de 1675 € par mois, dont les ouvriers en moyenne un peu plus de 1500 € !

Le Front national se vante d’être le parti qui obtient le plus de suffrages des ouvriers: mais que ce soit à Hénin-Beaumont, ou ailleurs, quand les ouvriers (et tous les petits salaires, dont les retraités) vont constater que les élus frontistes sont du côté des plus riches (voir les salaires de leurs élus), le réveil va être, je le crois, très brutal pour ces mêmes élus.

Attention, il ne s’agit pas seulement de statistiques! Il s’agit aussi des leviers économiques dont on dispose (il y a ceux qui ont les capitaux, et ceux qui ont la force de travail)! D’accord pour parler des classes pauvres, ou des classes dangereuses (plus de 50 % du total de la population française, à laquelle il faut ajouter un grand nombre d' »étrangers »). N’oubliez pas qu’en trente années, la richesse globale de la France a doublé, alors que le nombre de pauvres ne cesse de s’accroître! Comme on dit: « Ils n’ont que leurs chaînes à perdre! ». J’ai eu l’occasion d’observer des luttes ouvrières de près, tant en Lorraine, que dans l’Oise et le Nord-Pas-de-Calais. Prenons un exemple récent: une centaine d’ouvriers de Beauvais (seulement une centaine!) se sont « invités » au siège de la CGT, pour demander que les « pourris » (les compromis, qui ont fait de la CGT un organe de collaboration de classe et non un outil au service des luttes de la classe ouvrière, et qui s’en mettent plein les fouilles), soient démis. Même si ces « grands chefs » représentent le pouvoir dans la confédération, à mon avis, ils devront obtempérer, et, comme on dit, tout penauds, rendre leurs tabliers (souillés). Sinon tous les « technocrates-bureaucrates » de la CGT vont voir leurs oreilles chauffer. Transposez cette démarche au niveau national ou local. Imaginez par exemple, une centaine de femmes et d’enfants, se rendant avec des casseroles vides, à l’Hôtel de ville: que fera le maire? Qu’a fait Louis XVI lorsque 5000 ménagères se sont rendues à Versailles pour demander au « boulanger » et « au petit mitron » de les accompagner à Paris?

Conclusion :

Le mouvement « Je suis Charlie » est une vraie auberge espagnole, où l’on trouve le meilleur et le pire. Et ce n’est pas sur les journalistes corrompus et au service de l’idéologie dominante qu’il faut compter pour distinguer le bon grain de l’ivraie ! Par exemple, est-il bienséant de défiler derrière les représentants d’Etats ultraréactionnaires, semi coloniaux et semi féodaux, au nom de la liberté de presse, d’expression, de la liberté tout court, et au nom de l’égalité ? Le peuple partage-t-il les mêmes valeurs que la « troïka » de Bruxelles (président de la Commission européenne, président du Parlement européen,…), derrière laquelle on l’oblige à défiler ?

Les francs-maçons sont-ils tous des « Charlie » ? Je demande d’abord aux manipulateurs de l’opinion publique ce qu’il faut entendre par « Charlie » :

Si être Charlie, c’est adhérer à la ligne éditoriale de « Charlie Hebdo », alors il faut préciser de quelle ligne il s’agit : si c’est la ligne des treize premières années d’Hara-kiriet Charlie Hebdo, ligne anticonformiste, insolente, et humoristique, alors je suis Charlie. S’il s’agit de la ligne libérale et libertaire de ces dernières années, alors je ne suis sûrement pas Charlie. Et pour la ligne éditoriale de l’avenir, on verra. Mais on peut être pour la défense des libertés, dont la liberté d’expression, sans être pour autant Charlie.

Si être Charlie, c’est défendre la liberté de la presse, je ne suis pas Charlie. Car il n’y a pas de liberté de la presse en France (à l’exception du Canard enchaîné).

Si être Charlie, c’est condamner les crimes antisémites et la barbarie fasciste, dont les attentats contre les musulmans, je suis Charlie.

Si être Charlie, c’est accepter les guerres injustes impérialistes, où la jeunesse est sacrifiée aux intérêts du CAC 40, je ne suis pas Charlie.

Si être Charlie, c’est opposer au reste du peuple les arabes et en particulier, les français musulmans, je suis résolument anti-Charlie.

Je refuse résolument de défiler derrière tous ceux qui prennent prétexte pour prôner des idées d’exclusion et de ségrégation, qu’ils se disent francs-maçons ou pas. Mais je défile sans hésiter pour qu’enfin on applique les droits de l’homme à tous les citoyens !

Si, être Charlie, c’est vouloir l’application des droits de l’homme, dès aujourd’hui, à tous les êtres humains, dont les habitants des quartiers difficiles, je suis résolument et absolument Charlie. Cela signifie l’instauration d’une république sociale et d’une démocratie populaire. Mais je doute que dans ce cas, d’autres personnes, dont des francs-maçons soient encore Charlie. Notamment tous ceux qui prônent le statut quo : république bourgeoise et « démocratie » bourgeoise. La franc-maçonnerie grandirait son rôle à être un pont entre ceux qui ont véritablement défilé lors du 11 janvier 2015, et les habitants des quartiers difficiles, exclus de tous les droits, ainsi qu’à faire le ménage et à exclure tous les faux frères qui se réclament d’idéologies d’exclusion.

Paul Quader  paul-quader.over.blog.com

26 janvier 2015


 

A.S.: