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PHILO-FABLE : Les étudiants et le lion

Les étudiants et le lion : Voici une « philo-fable » extraite du livre de Michel Piquemal « Les philo-fables ». Une fable à méditer pour celles et ceux qui pensent tout savoir et surtout mieux que les autres !

Quatre étudiants étaient partis sur les routes à la recherche de la fortune. Les trois premiers avaient tant appris qu’ils étaient devenus des savants diplômés, mais il leur manquait un peu de bon sens et d’intelligence pratique. Le quatrième au contraire était très réfléchi et débrouillard, mais peu versé dans les études.

En chemin, ils se disputaient sur les valeurs respectives de l’érudition et de l’intelligence. Arrivés dans une forêt, ils aperçurent les ossements d’un lion mort. Les trois savants voulurent alors démontrer au quatrième l’étendue de leur savoir.

–  Nous allons lui rendre la vie, affirmèrent-ils.

–  Moi, dit le premier, grâce à ma science, j’assemblerai ses os.

–  Moi, dit le deuxième, je lui redonnerai sa chair et son sang.
–  Moi, dit le troisième, je lui rendrai le souffle de la vie.

Et ils se mirent aussitôt au travail. Le premier assembla les os. Le second rhabilla de chair. Mais, au moment où le troisième s’apprêtait à lui redonner la vie, le quatrième essaya de l’en empêcher :

–  Ne vois-tu pas que c’est un lion ! Si tu lui redonnes la vie, il va tous nous dévorer !

Mais les trois autres réagirent avec arrogance et l’envoyèrent promener :

–  Tais-toi ! Tu n’es qu’un ignorant. Rien ne doit entraver la marche de la science

Comprenant que rien ne pourrait les arrêter, le quatrième fila sans tarder se mettre à l’abri au sommet d’un arbre.

Quand le lion retrouva la vie, il retrouva aussi la faim. Il se jeta sur les trois érudits et les dévora. Puis il s’éloigna vers sa tanière et le plus futé des quatre put descendre sain et sauf de l’arbre.

(‘D’après le Pancatantra, recueil de textes sanskrits du Vie siècle de notre ère)

« Cette fable, parmi les plus anciennes que nous connaissons, montre avec humour que le savoir et l’érudition ne sont rien sans un peu de bon sens… et peuvent même se révéler dangereux. Le savoir serait-il l’ennemi du bon sens, serait-il source parfois d’aveuglement ? Nous qui vivons le temps des experts et des spécialistes (en politique, en science, en économie…) en avons parfois hélas le sentiment. » (Michel Piquemal)

 

 


A.S.:

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