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LES 77 MOTS DE LA VOIE MACONNIQUE – LEXIQUE (PART.1)

Planches | 11 janvier 2021 | 1 | by A.S.

Une contribution de Jean Favry

LEXIQUE

Les 77 mots de la Voie maçonnique

Introduction

            Les parcours spirituels religieux ont été maintes fois décrits. Par les théologiens, les mystiques et certains philosophes. Sans compter les psychologues qui démontent les processus de croissance spirituelle. Quelques mots conviennent aux quêtes sans transcendance divine. Je les utilise dans mes ouvrages. Mais beaucoup d’autres concepts n’ont pas encore de dénomination. En particulier pour la Voie maçonnique. Son originalité tient à l’association d’un rite de passage, d’un parcours de sagesse et d’un engagement dans l’action. Ce que l’on peut résumer dans la maxime une spiritualité pour agir. Cette originalité réclame des termes adéquats qui décrivent exactement leur objet.

            Les auteurs maçonniques qui tâchent de spécifier notre Voie s’expriment donc avec des mots déjà employés dans un contexte de spiritualité. Cette pratique n’est pas sans causer des confusions. Que l’on songe à des termes tels qu’esprit, âme, transcendance et autre principe. Leur sens varie d’un livre à l’autre. Alors que faire ?

 Les auteurs les plus audacieux, tel Daniel Béresniak, forgent des néologismes, comme humanimal, cratophilie, qui occupent , dans le vocabulaire, une place blanche. J’en proposerai, à sa suite, quelques-uns pour combler les manques.

            Ce lexique, je l’ai voulu plus ambitieux qu’une liste de mots, comme le ferait un dictionnaire. Chaque définition, en effet, présente trois caractéristiques :la définition proprement dite ; puis les liens que le terme entretient avec d’autres, de la même aire lexicale. C’est pourquoi certains mots sont en majuscules : ils font d’une définition dans le lexique..; enfin la place et le rôle du mot-concept dans la modélisation de la Voie maçonnique ‘Une spiritualité pour agir » telle que je la développe dans mes ouvrages  Je me suis efforcé de mettre un nombre de définitions qui ne soit ni trop court ni trop long mais qui s’ajuste bien, sans digression, à la compréhension de cette Voie extraordinaire, la nôtre. Jeune adulte, elle n’a que 300ans, elle est appelée, selon moi, à s’épanouir dans les décennies proches.

            Bien sûr, l’ordre de lecture est ajustable à tes désirs du moment. Tu peux vagabonder à loisir d’une définition à l’autre, en faisant des sauts et des cabrioles. Tu dessineras de cette manière ton chemin de découverte de notre splendide Voie maçonnique. Celle que tu portes, en bagagiste loyal et fidèle.

ACTIF. Et son alter ego, l’ inévitable et le décrié, deux passif. Manière de généraliser le masculin et le féminin. Dualisme meurtrier qui tapisse trop souvent le fond des crânes occidentaux. Une tout autre manière de concevoir ces relations délicates tient à une des conceptions-clefs de la quête spirituelle, de la Voie maçonnique en particulier. Je veux parler du regressus ad uterum, le retour à la matrice, maintes fois chanté depuis l’antiquité. Selon cette lecture, notre voyage se fait à rebours. Les trois degrés avec les cérémonies d’initiation et d’élévation récapitulent notre histoire personnelle en remontant à la naissance et au-delà au ventre maternel . Pour « renaître » effectivement et grandir jusqu’à l’âge appelé justement de raison, 7ans, celui de la maîtrise.

            Parler de masculin et de féminin est typique de la lecture d’un adulte. C’est une erreur d’optique que d’imaginer  que nous avons toujours connu, nourrisson, la séparation des sexes telle que nous l’observons, adultes. Or il nous faut trouver, grâce à nos mythes et à nos symboles,  les deux états qui précédaient cette spécification tardive. Les psychanalystes, la plupart des pédiatres admettent aujourd’hui que le nourrisson connaît deux états : celui qui consiste à recevoir en soi le monde extérieur et celui qui tient à investir la réalité en dehors de soi. Il serait pertinent de qualifier ces deux positions par les deux adjectifs : actif et passif, s’ils n’étaient connotés. Et ce n’est pas un hasard. Les truismes culturels vont en effet bon train, pour maintenir, en loucedé, l’ordre  patriarcal, à l’insu des locuteurs, toi peut être. C’est ainsi qu’actif est perçu positivement et se glisse dans le masculin ; tandis que la passivité ne saurait être autre que féminine. Et les Maçons d’en rajouter, en sexualisant les colonnes Jakin et Booz. On pousse parfois encore plus loin cette bipartition qui paraît si naturelle qu’on ne se remet pas en cause. J’ai entendu plusieurs fois cette équivalence outrée : Actif, masculin, lumière et passif, féminin, ténèbres. Nous devons nous rendre à Canossa pour oublier ce dualisme mécanique et tordu pour revenir à la dualité première, quand nous étions petit enfant ;

            Françoise Dolto  propose, avec tact, d’employer émissif et réceptif. Ces termes sous-entendent clairement que l’on ne vit pas, quand on a deux ans à peine, dans un univers génitalement connoté. Nous connaissons alors à cet âge ces deux états qui engendreront, plus tard, la différenciation sexuelle. En prenant garde à ne pas coincer les termes dans chaque côté, comme on le fait avec les séquences vues plus haut : actif-masculin-lumière… La plasticité, en effet, joue un rôle fondamental dans la compréhension de la dualité. Ce qui est capital dans notre voyage maçonnique. De fait, le tout petit enfant est parfois émissif, quand il braille pour demander de l’aide ; parfois réceptif, quand il tète le sein. Tu auras noté qu’il n’y a pas d’assignation particulière. Selon les situations, les besoins, nous sommes l’un ou l’autre, voire l’un et l’autre.

Ce sont ces deux états que la quête nous invite à reprendre. Ne pas se laisser berner par notre sexe, le dépasser pour le mettre de côté. Puis, dans un dernier effort initiatique, aller jusqu’à oublier le Deux. Et à remonter encore plus haut, jusqu’au ventre maternel, le pays de l’UN et de la béatitude. Pour en ressortir dans le fracas du franchissement de la porte basse.

AFRÈREMENT. Néologisme de Michel Maffesoli pour signifier deux haltes dans notre voyage : le désir de fraternité et le passage à l’acte. La récente psychologie positive, illustrée notamment par Martin Seligman, reprend à son compte les pulsions d’amour (Eros) de Sigmund Freud, en les actualisant dans les comportements altruistes visibles. Spontanément l’Homme a une orientation positive tant vis-à-vis de lui-même que de ses semblables. L’empathie est naturelle et serait plus fondamentale que l’agressivité, la haine, la violence. Le message d’amour de plusieurs religions se construit sur cette disposition. Le christianisme le met au centre de sa doctrine : « Aimez-vous les uns les autres » ou, encore plus clair : « Aime ton prochain comme toi-même ». La Franc-maçonnerie, de substance originelle protestante a fait de l’amour sa plus grande valeur. Sous les auspices de la fraternité, nous sommes amené(e)s à conjuguer la paix, la concorde universelle, la bienfaisance, les respect d’autrui, la tolérance…entre autres déclinaisons de la fraternité. Celle-ci, dans l’Ordre, est à la fois spontanéité, apprentissage et devoir.

            Cette fraternité qui est le troisième terme de la devise révolutionnaire. J’en ^profite pour singulariser la fraternité au sens maçonnique. La fraternité humaine, celle de la devise, nous mène  à l’idée que, malgré leurs différences, tous les Hommes sont frères. Bien sûr, pour nous initié(e)s, mais en y ajoutant un sens complémentaire : comme la tolérance, la fraternité est mutuelle. Je te considère, toi, mon Frère, ma Sœur d’abord comme un frère (une sœur) humain ; n’appartiens-tu pas à la même espèce animale que moi ? Mais, en plus, ne sommes-nous pas sortis tous les deux, du ventre de notre loge-mère ? C’est pourquoi, tu n’es pas seulement ce Frère (Sœur) devant moi, à l’extérieur de moi. Tu l’es aussi, parce que tu te reflètes en moi et que je me reflète en toi. Tu es le chemin qui me mène à moi-même. En Maçonnerie, je ne puis m’épanouir qu’en faisant des haltes chez toi pour me rafraichir et me découvrir. Je m’explore dans le MIROIR que tu me tends. Et je t’en suis gré.

Michel de Montaigne emploie un autre mot, fort joli et évocateur : la frairie . Nous pourrions annoncer que les Maçons fraient ensemble pour que chacun se sente à la fois unique et membre d’un groupe sécurisant. Deux besoins constamment à l’œuvre en nous. Que le groupe-loge parvient, par sa spécificité, à combler assez bien.

ÂME. Raisonnons-nous en deux, le corps et le psychique ? Ou en trois, le corps, l’âme et l’ESPRIT. ? La tripartition me semble plus conforme à nos trois points et au ternaire que nous honorons et travaillons. Qu’est-donc l’âme, dans le cadre de la Franc-maçonnerie LIBERATIVE que je promeus ? Je réponds : le psychique conscient, celui de la volonté, du choix, de l’action décidée, des émotions reconnues… et une partie du psychique inconscient, celui d’en-bas ; là où s’originent  nos pulsions,  nos désir et  nos peurs ; celui qui , selon certaine conception, fait de nous des marionnettes auto-satisfaites. Les symboles, de la loge-mère, et ceux, universels, de la caverne, de la grotte,  rencontrés dans les degrés d’avancement, imagent cette partie sombre et ténébreuse qui palpite dans notre for (fort, aussi) intérieur. Mais c’est à chacun(e) de se prononcer : Suis-je le maître en ma demeure ? Le bandeau, les voyages, les épreuves peuvent être considérées comme des symboles de l’inconscient  « inférieur », celui de l’âme. Aveuglement, mouvements désordonnés, purifications, autant de déclinaisons de ce que nous ressentons, cet inconscient qui bouge en nous et nous dicte parfois (toujours ?) ses lois.

AMOURHAINE. Je préfère ce néologisme à celui de Jacques Lacan, « hainamoration ».Pour deux motifs :d’une part parce que les deux mots ne sont pas noyés par un suffixe et, de ce fait, s’entendent clairement. D’autre part parce que l’amour est en premier. Cette place est cohérente avec la récente psychologie positive qui pose comme postulat que nous sommes, nous les Hommes, spontanément mus par l’empathie avant que d’être agressifs. Je pose comme hypothèse que l’amourhaine est plutôt bien pris en charge par la Voie maçonnique. L’amour avec la fraternité et la haine en deux fois : quand nous prenons conscience que nous aussi, sommes ou pourrions être les assassins d’Hiram.  Quand nous transformons l’énergie de la haine, et la convertissons  en engagement militant dans le monde profane. Un parcours de sagesse tel le nôtre ne peut ignorer Eros pas plus que Thanatos. Voir FRÉROCITÉ.

ANABASE . Au sens littéral, l’anabase est la montée de l’ESPRIT dans un contexte religieux. Gardons l’idée de montée spirituelle dans un contexte TRANSCENDANT, religieux ou athée. C’est le processus par lequel, l’initié(e) s’élève jusqu’à ce que certains auteurs appellent le surconscient, les régions réputées élevées du psychisme. On peut rester plus orthodoxe et parler de SURMOI, selon le vocabulaire freudien. N’est-il pas le siège de l’introspection , de l’idéal du Moi, de l’altruisme ?  Cette élévation est en partie consciente, en partie inconsciente. En tenue, quand nous travaillons sur les ARCANES, par le jeu des miroirs avec les autres, nous progressons dans notre introspection. S’ensuit la formulation ou la confirmation du sens que nous donnons à notre vie ; la recherche du bonheur, pas celui fugace mais celui qui nous rapproche de notre idéal maçonnique, celui, par exemple, de la concorde universelle. Tout ce grand voyage, vers les cimes, c’est l’anabase.

            Cette montée dans ces régions spirituelles, menée en loge, ne peut s’imaginer qu’en complément de la descente dans le monde profane. Là nous nous efforçons par l’exemple de nos qualités et par l’engagement dans l’action, de vivre concrètement le meilleur de ce que nous avons acquis en tenue, dans le contact fraternel. Cette descente est appelée CATABASE, que je sors ici de sa nuance seulement religieuse. Anabase et catabase sont les deux termes qui évoquent le mouvement vers le haut et celui qui va vers le bas. Comme dans un balancement entre la spiritualité et l’action. L’alchimie connaît ce va-et-vient : après l’Œuvre au rouge (la montée) succède la projection de la pierre (la descente). Le génie maçonnique a su retrouver ces passages qui vivent en nous, dans l’alternance. A noter qu’anabase et catabase ne sont pas tant des états que des mouvements. Cette distinction est essentielle dans une Voie maçonnique qui aiment beaucoup trop  distinguer deux états, souvent symbolisés par les colonnes Jakin et Booz ; états sexués, fixes et immobiles ; ce qui est une vue de l’esprit. Certes commode et confortable –il n’y a rien à changer- mais gelée et figée.

ANDROGYNE. L’androgyne est un mythe que l’on rencontre dans plusieurs cultures d’Occident comme d’Orient. Il n’est pas délivré, en clair dans la Voie maçonnique. Pourtant il affleure avec les deux colonnes, Jakin et Boaz. Elles sont réputées émissive (ACTIVE) et réceptive. La lecture immédiate, facile mais parcellaire les fait masculine et féminine. Il est loisible de les associer dans la mesure où la circumambulation nous fait aller de l’une à l’autre, en suivant les colonnes, celles des adeptes. Mais, à ma connaissance, il n’y a pas d’ARCANE qui les associe dans un même symbole. L’androgynie est, en fait, imaginée à partir de ces deux éléments de départ et pourquoi pas ? Nous ne faisons que marcher dans les pas de Platon .

            L’androgynie est un avatar, parmi d’autres, du nombre Deux. Mais il faut se méfier du DUALISME qui joue trop souvent des tours en posant qu’il y a deux pôles, qui sont fixes et d’égale intensité. Dans le cas présent cela consiste à énoncer cette caricature : il y a les hommes et il y a les femmes, ils sont opposés et/ou complémentaires. Et de s’appuyer sur les deux colonnes. Effectivement la tentation est trop grande : les colonnes sont bien fixes, d’intensité symbolique semblable, l’une masculine et l’autre féminine. Alors l’androgyne, et c’est bien la tradition occidentale, est fait de deux moitiés équivalentes. Cette lecture, au XXIème siècle, me semble dépassée, dussent Jakin et Boaz revoir leur copie ! Depuis Sigmund Freud, au moins, depuis Carl Gustav Jung aussi, depuis les études en psychologie, nous savons que le féminin et le masculin  entrent dans des proportions diverses, sinon dans l’anatomie, du moins dans le psychisme. Faut-il rappeler l’Animus et l’Anima de Jung ?

            Le symbole de l’androgyne, également perceptible au chevalier Kadosh (30ème degré du R.E.A.A.) est celui d’une fusion  mais pas nécessairement, plutôt même rarement, à parts égales. De même sens, les noces du Roi et de la Reine, en alchimie, consacrent la hiérogamie, la fusion sacrée ; la lune et le soleil de nos loges ne sont pas de reste : quand ils s’aiment, ils se rapprochent et forment la syzygie.

            Prenons du recul sur la VOIE maçonnique et interrogeons-nous : « Comprend-elle une phase de croissance spirituelle fondée sur l’androgynie ? » Je suis tenté de répondre d’abord oui ; et je la situerais en fin de parcours spirituel. Son évocation très discrète, au 30ème degré du REAA irait dans ce sens. Vivre en soi son androgynie psychique serait une première annonce de l’Un/Tout, le retour à la béatitude fœtale, inaccessible, dans la durée, à la plupart des Hommes. J’ai donc aussi l’envie de marteler un non Pourquoi ? . Car cette tentative tourne court. Voici ma sensibilité sur ce blocage : dans la tête de beaucoup, l’androgynie « capote » pour la raison susdite : Notre manie culturelle du dualisme gèle en quelque sorte, la fusion du deux en Un. Je gage que c’est un point d’évolution de notre Voie.

APPEL PANSOPHIQUE . Pansophie est un néologisme forgé par  Coménius (1592 – 1670). Littéralement « la sagesse du Tout ». Je l’emploie pour qualifier l’appel que ressent l’Homme, vers un dépassement spirituel, qui est censé lui procurer la sensation d’être Tout dans l’Un. En toute disponibilité. Soit l’euthymie de Démocrite et d’Épicure .Cet état que d’aucuns, comme Annick de Souzenelle,  nomment le « féminin de l’être ». Ce serait l’état ultime de la croissance spirituelle. Plus que ce « féminin », je préfère employer l’expression de « toute réceptivité ».Mais je suis tenté de la nommer aussi « toute disponibilité ». À toi de choisir !

             L’appel, selon, moi est en potentiel dans chaque individu. Il y répond de multiples façons, substitutives ou authentiques ; dont la principale est de trouver un sens à sa vie. Je crois que l’appel pansophique se fait plus pressant à partir de la mi-vie quand l’Avoir, le Pouvoir, le Paraître, le Faire s’effacent peu à peu pour que se lève l’Être. Je ne sais pas si certain(e)s parviennent à répondre complètement à cet appel mais je pense que ceux et celles qui sont en recherche intérieure sont aimanté(e)s plus que guidé(e)s par l’appel pansophique. Cet appel, je le corrèle après d’autres, à la nostalgie de la béatitude fœtale et au rêve de la revivre. Ce qui déclenche, en seconde main, la recherche d’un sens à sa vie. L’appel est, tout à la fois, cette nostalgie, une transcendance ultime et le désir jamais rassasié. Pour moi, évidemment !

            La Voie maçonnique est une démarche qui nous aide et nous soutient dans la recherche d’ une réponse à l’appel pansophique. Théoriquement l’appel trouve sa réponse dans le vécu de l’Un/Tout.  Mais à mon sens, notre Voie ne va pas plus loin que le Deux en Un, l’androgynie. La toute réceptivité, état ultime, n’est pas selon moi, dans les gènes de la Voie maçonnique. Voir REGRESSUS AD UTERUM.

ARCANES. La Franc-maçonnerie est riche en arcanes : les symboles, les rites et les mythes. Nos arcanes sont cristallisés dans quelques mythes fondateurs, deux principalement : la fratrie bienheureuse et la construction/destruction du Temple. À partir d’eux et de leurs avatars, nous pouvons leur donner des sens nombreux, eux-mêmes symboles, mythèmes et ritèmes.Ce dernier mot, est formé sur le modèle du précédent « mythème ». Quand nous parlons de rite, nous évoquons une origine, une sui te de degrés, une culture…et des rituels. Le risque de confusion est permanent. Aussi je propose que le ritème soit un élément de rituel : par exemple, les pas, la circumambulation, la batterie…

            Des ouvrages très nombreux traitent des symboles maçonniques, sous plusieurs aspects : diachronique (historique) et synchronique : les similitudes symboliques, à la même époque, en plusieurs endroits. Il s’agit dans ce cas d’une approche rationnelle, le regard de l’historien, qui délivre des savoirs. Ce pourrait être celui du sociologue, de l’ethnologue, tout aussi bien. Nous restons là dans l’érudition. Est-ce suffisant pour l’initié(e) qui travaille sur les symboles ? Surtout pas ! Les formateurs d’adultes savent bien qu’une simple information rationnelle entraîne rarement une émotion, a fortiori un changement de comportement. Or c’est sur le socle des sensations-émotions que la pensée discursive, la raison, la logique s’enracinent, d’une part et l’action d’autre part. De fait, sait-on aujourd’hui grâce aux neuro-sciences, il n’existe pas d’approches rigoureusement objectives, neutres et  impartiales. Alors dans le domaine éminemment subjectif de la croissance spirituelle, on se doute bien que le travail rationnel sur les arcanes est une pierre jetée dans l’eau.

            La conclusion, pour désagréable qu’elle soit pour plusieurs, s’impose : le travail sur les arcanes ne passe pas par les connaissances, les savoirs qui ne sont que la superficie de l’Être ; mais par le vécu, l’expérience personnelle, les émotions, voire les sensations ; bien que ces dernières soient médiocrement sollicitées à l’état brut dans notre voyage initiatique, à la différence d’autres rites de passage. Comment (se) transmettre alors ? Le contre-exemple type, c’est la lecture d’une planche. Plus aucune émotion spontanée ! et si en plus elle porte, comme souvent, sur des connaissances, elle m’amène à poser un verdict sévère dont j’assume les conséquences : finie, la lecture de planches érudites. Passer à l’expression ORALE, sur un arcane ou  un thème métaphysique, debout entre les colonnes. Mon expérience de 27 ans de cette pratique m’a convaincue des effets profonds et durables qu’elle a sur les esprits en quête, sur les CHERCHANTS. À la lumière de ce qui précède, envisageons les trois familles d’arcanes, les symboles, les mythes et les ritèmes ;

            Les symboles maçonniques sont de bons suports pour qui veut témoigner de son érudition. A quoi cela sert-il ? À pas grand-chose. Ils nous accompagnent  lirebeaucoup plus loin que l’érudition. Ils sont  susceptibles de provoquer des émotions. Nous venons de le voir, c’est la porte d’entrée royale de l’introspection. N’est-elle pas la première phase du parcours de sagesse, dans la Voie ? La question permanente du Franc-maçon, qui cherche à pénétrer le sens des symboles, est donc la suivante : « Qu’est-ce que j’éprouve quand je songe à « équerre », « voûte étoilée … ? » en lâchant prise, sans juger, bref en se laissant aller. Dès qu’il (elle) s’est approprié une ou des émotions, il (elle) devient capable de construire un autre discours que celui de l’érudition pour tous. Celui de l’émotion qui est sienne quand il sollicite l’imagination , l’intuition, la sensation .C’est cela l’appropriation  du symbole. Pour autant, faut-il déconseiller la lecture des livres sur les symboles ? Bien sûr que non et certain(e)s en ont même besoin car la lecture peut favoriser la mémoire en faisant plaisir. Mais les Surveillants seront toujours attentifs : « quelles sont les émotions… ?» Et non : « Que savez-vous sur… ? ». Les symboles deviennent ainsi des chambres d’écho de nos émotions parfois enfouies et toujours personnelles. Je pleure quand j’entends lire les planches toutes faites, platement tirées de Wikipédia ou de tel site maçonnique.

            Une démarche d’appropriation donc qui aide à descendre en soi-même. Mais qui a une autre vertu indispensable dans la Voie maçonnique : le miroir, entrevu dans de plus en plus d’initiations et qui est une des rares méthodes claires de la Maçonnerie. C’est par mon Frère, ma Sœur que je me découvre . « j’entends qu’il (elle) éprouve  telle émotion, telle sensation quand il songe au delta. Qu’en est-il pour moi, la même chose, une différence, une complémentarité.. ? » C’est dans le jeu des miroirs de tous que chacun(e) progresse dans son introspection. Du moins c’est une des approches.

Les mythes maçonniques sont bien plus nombreux qu’il n’y paraît. La fratrie bienheureuse, la construction/destruction du temple et le meurtre d’Hiram sont ceux qui affleurent le plus à la conscience. Mais on peut en recenser une vingtaine, par exemple, le mythe de Prométhée, celui d‘Isis,  et ceux de Médée, Jacob, Pygmalion, Ishtar…. Nous avons quelques progrès à faire, me semble-t-il, dans le travail sur les symboles. C’est encore plus évident pour les mythes. D’abord parce qu’ils sont , pour la plupart, inconscients, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas d’effet, au contraire. Ensuite parce que leur usage est rarement dévoilé, tout comme la méthode pour les transformer en richesse personnelle. Le rôle des mythes, disent les spécialistes,  est de fournir des conduites utiles, des attitudes qui ont fait leur preuve ,des manières de se comporter dans des situations repérées. Le mythe d’Hiram, pour prendre en exemple le plus connu et commenté, nous murmure tout bas : « Oui, tu as le droit d’avoir envie de tuer le père, c’est ordinaire et ne t’en fais pas une montagne. D’ailleurs cela va avec l’amour que tu lui portes ». Entre autre chose car ce mythe est riche de plusieurs sens. Et ne se borne pas au parricide entrevu dans la cérémonie.

            Enfin les ritèmes sont la troisième sorte d’arcanes que nous avons dans notre sac de randonneur. Symboles, mythes et ritèmes sont nos viatiques, notre nourriture et nos boussoles dans notre croissance spirituelle et notre engagement citoyen. Ce qu’exprime, en quatre mots, l’apohtegme une « spiritualité pour agir ».

ARQUÉPHILIE. Néologisme qui signifie littéralement « qui aime être commandé » .Les Hommes sont des « animaux » de bande. Ils s’associent, coopèrent, s’assemblent pour tous les actes de la vie . Ce faisant, ils doivent s’organiser, c’est à dire répartir le pouvoir  entre eux. D’où les chefs, les hiérarchies et les organisations le plus souvent pyramidales à l’instar des entreprises et de leur management.

            . Avec leur Conseil national, leur Suprême Conseil, leur Grand Maître et autre Souverain Grand Commandeur, les obédiences maçonniques relèvent inévitablement de ce modèle social quasi instinctif. D’autant plus qu’elles s’en défendent, avançant, au titre d’un alibi, la souveraineté des loges.. Apparemment, certains initié(e)s font leur la devise « un Maçon libre dans une loge libre » ; mais dans la réalité s’empressent de se choisir des chefs, persuadés de leur liberté, tant prisée dans l’Ordre. Jean de La Fontaine a mis en fable cette « arquéphilie » dans Les grenouilles qui voulaient un roi ».

            Mais les temps changent sous nos yeux. L’essor prestigieux et mondial du réseau Internet remet en cause la distribution pyramidale et traditionnelle du pouvoir. Les décisions ne sont plus prises par un chef et la hiérarchie mais de manière aléatoire, au gré des évènements et des situations. Les entreprises elles-mêmes s’organisent en réseau avec des organigrammes en rateau et délaissent de plus en plus la sacro-sainte pyramide.

            Souvent les Francs-maçons, en revendiquant la liberté absolue de conscience, prônent la liberté de pensée et d’action. Ce faisant ils sont méfiants à l’endroit des pouvoirs institutionnels. Pourtant, de Charles Fourier à Léo Campion, les anarchistes ne dédaignent pas « rentrer dans l’Ordre » ! Ô paradoxe ! La question se pose et le sera de plus en plus : Faut-il perpétuer les obédiences pyramidales au risque d’être en divorce avec les valeurs de liberté, d’autonomie et de responsabilité affichées ? Ces valeurs qui prennent chaque jour plus d’importance dans la régulation de la société post-moderne et de ses membres.

            Les réseaux de loges sont une réponse nouvelle, différente. Et qui est en harmonie avec lesdites valeurs. Je connais déjà cinq réseaux de ce genre en France. Et je ne compte pas les quelques 200 fraternelles, qui, pour être décriées par les obédiences officielles, n’en sont pas moins des formules de répartition du pouvoir, adaptées aux temps présent et futur.

`           Une Maçonnerie LIBÉRATIVE  attend de ses membres qu’ils (elles) prennent conscience de leur « arquéphilie » qui les amène à se soumettre facilement à une autorité. Et c’est difficile tant la pyramide de pouvoirs est incrustée dans notre nature. Ce travail de « purification » sera de plus en plus accessible  grâce à l’existence des réseaux qui proposent une autre organisation humaine que celle de la pyramide des temps anciens.

            La traque de l’arquéphilie ne saurait être dissociée de son répondant, la CRATOPHILIE.

ATELIER DES TROIS MAILLETS. Demain, nos successeurs seront plus exigeants sur la manière dont leur loge sera conduite. C’est ce que nous apprend, entre autres, le post-modernisme qui aura bien d’autres répercussions sur la manière de vivre la Franc-maçonnerie. Ils ne se contenteront plus des paroles prévues par le seul rituel ; ils (elles) demanderont aux officiers, en particulier au Vénérable et aux Surveillants, de se comporter de telle manière que le groupe-loge soit toujours très fraternel. La fraternité est déjà l’alpha et l’oméga de notre voyage initiatique ; elle deviendra, encore plus, le lit, le limon, le liant et la loi de la Voie. Certes le rituel, dans son génie, prédispose sans cesse à vivre la fraternité ; Frères et Sœurs sont imprégné(e)s de cette orientation confuse et bien réelle. Ils sont réceptifs. il faudra désormais être plus offensif, si je puis dire. Trouver, pour maintenir un haut niveau de fraternité, le plus permanent possible, trouver les mots qu’il faut, les dire comme il convient et aux moments adéquats. Or les officiers, les trois maillets en tête, ne sont pas bien préparés à cette évolution. D’une part, ce n’était pas nécessaire jusqu’à aujourd’hui ; d’autre part les certitudes du LATOMOCENTRISME laissent croire que tout est déjà dit dans le rituel. Ce ne sera plus le cas.

            La journée de réflexion et de décision, l’Atelier des 3 MailletsÓ, prépare avec succès ces nouvelles responsabilités. Deux autres journées le complètent dans le programme du CONSEIL DES ANCIENS, le Jardin des Vénérables et le Portique de la Loge

LA SUITE DEMAIN…





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