Le troisième secret
de Steve Berry
Avec ce thriller qui, selon The New York Times, « porte le genre à sa perfection », Steve Berry tisse une toile machiavélique autour du secret le mieux gardé de l’Église catholique : le troisième secret de Fatima.
1917, Fatima, Portugal. La Vierge apparaît à la jeune Lucia et lui confie trois secrets. Les deux premiers sont rendus publics par le Vatican. Rien ne filtre sur le troisième secret, avant que Jean Paul II n’en livre en 2000 une « version officielle » immédiatement mise en doute.
2005, Rome, Vatican : le souverain pontife envoie son homme de confiance, monseigneur Michener, au fin fond de la Roumanie, afin de transmettre un message confidentiel à un vieux prêtre, le père Andrej Tibor. Michener découvre que celui-ci est l’homme qui a traduit pour le Vatican le troisième secret de Fatima. Michener, accompagné de la belle journaliste Katerina, devra dès lors faire preuve de toute son habileté pour déjouer la conspiration qui se trame et échapper à ceux qui, à l’ombre du Vatican, veulent à tout prix garder secrète la terrible vérité… Car, si elle était dévoilée, les fondements mêmes de l’Église en seraient menacés.
Extrait du prologue :
Fatima, 13 juillet 1917
Le regard fixe, Lucia examinait la Vierge qui descendait du ciel. Comme les deux fois précédentes, elle apparaissait du côté du levant. C’était d’abord un point étincelant qui, émergeant d’une mer de nuages, se rapprochait à grande vitesse, et la forme grossissait dans un mouvement continu. La Vierge, scintillante, s’arrêta à deux mètres cinquante du sol, au-dessus du chêne vert.
Elle se tenait très droite, nimbée d’un voile cristallin qui la rendait plus radieuse encore que le soleil. Éblouie par tant de beauté, Lucia baissa les yeux.
La petite avait aujourd’hui une foule autour d’elle. Cela n’avait pas été le cas lors de la première apparition, deux mois plus tôt. Ce jour-là, elle gardait comme d’habitude ses moutons dans les champs, avec ses cousins Francisco, neuf ans, et Jacinta, sept ans. Elle-même en avait dix, et se sentait à juste titre l’aînée des trois. Francisco, à sa droite, bonnet de laine et pantalons longs, s’était agenouillé, imité à sa gauche par Jacinta, jupe, foulard et cheveux noirs.
Lucia remarqua de nouveau la foule, qui avait commencé à se rassembler la veille. Beaucoup venaient des villages alentour, certains accompagnés par des enfants infirmes, comptant peut-être sur une guérison miraculeuse. Pour le père prieur de Fatima, ces apparitions étaient une supercherie, et il avait pressé tout le monde de ne pas y faire attention. «C’est l’oeuvre du diable», avait-il dit. Personne ne l’avait écouté. Un paroissien l’avait même traité d’imbécile, puisque jamais le diable ne demanderait à quiconque de prier.
Une femme dans l’assistance se mit à crier. Qualifiant Lucia et ses cousins d’imposteurs, elle promettait que Dieu punirait leurs blasphèmes. Manuel Marto, le père de Jacinta et de Francisco, se tenait derrière les trois enfants. Lucia l’entendit exhorter cette voix à se taire. Manuel inspirait le respect dans toute la vallée car, contrairement à la plupart des habitants, sa connaissance du monde n’était pas confinée à la Serra de Aire. Son calme et son regard brun, perçant, rassuraient Lucia. C’était une bonne chose qu’il soit là parmi ces inconnus.
Elle s’efforça de ne prêter aucune attention aux cris, aux paroles qu’on lui jetait, de ne pas sentir non plus les odeurs de menthe et de pin, ou celle, piquante, du romarin sauvage. Elle se concentra entièrement sur la Vierge qui flottait devant ses yeux.
Jacinta, Francisco et elle étaient seuls à la voir. Des trois, pourtant, il n’y avait que les deux filles pour entendre ce qu’elle disait. Ce que Lucia trouvait étrange – pourquoi la Vierge refusait-elle ce droit à Francisco ? De plus, lors de sa première apparition, Marie avait bien fait comprendre qu’il n’irait au Ciel que s’il récitait plus souvent son rosaire.
Un vent léger parcourait le paysage bigarré de la vallée, la Cova da Iria. Couverte d’oliviers, de buissons toujours verts, elle appartenait pratiquement à la famille de Lucia. Ses herbes hautes donnaient un foin excellent, et on y cultivait la pomme de terre, le chou, le maïs.
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