X

LE REGARD DU MAITRE


Bonjour dit l’apprenti, en accostant le Maître,
Pourrais-tu m’enseigner, le savoir, le connaitre,
M’apprendre l’alchimie, la langue des oiseaux,
Les outils les symboles, l’équerre et le niveau ?
Je veux être premier, le meilleur de la classe,
Que faut-il que je donne, que faut-il que je fasse ?
Si tu le veux vraiment, lui répondit le Maître,
Je pourrai t’expliquer, t’instruire et te transmettre !
Mais le meilleur élève n’est pas celui qui veut,
Il ne lui suffit pas, de bien ouvrir les yeux,
Ou d’apprendre par coeur le signe et puis les mots,
Faut-il qu’il comprenne ce qu’est l’homme nouveau !
Bonsoir dit le compagnon, en fixant bien le Maître,
J’ai beaucoup travaillé, il faut le reconnaitre,
A présent je pourrai expliquer les symboles,
Montrer aux apprentis et leur faire l’école !
Mais j’ai encore besoin, de quelques instructions,
Pour être ce que je crois, un excellent maçon !
Qui t’a permis ainsi de porter jugement

Lui répliqua le Maître sans un ménagement !
Le deuxième palier de l’échelle à monter,
N’est qu’une résultante de deux années passées.
Le travail du maçon est bien celui du coeur,
Quand tu l’auras compris reviens moi donc à l’heure !
Bonne nuit, dit le Maître novice, en toisant le vieux
Maître.
Je suis devenu grand, de ça il faut l’admettre.
Aujourd’hui comme vous j’ai mes sept ans passés,
Suis arrivé au but, je suis à l’apogée.
Maintenant que je porte un nouveau tablier,
Donnez-moi un sautoir, un poste d’officiers !
Le Maître doucement, qui était un vieillard,
Prononça quelques mots, sans lever un regard :
L’humilité s’acquiert en quittant son écorce
Qu’on appelle égo, mais en as-tu la force ?
Il faut que tu le saches, la route sera longue,
La sagesse n’est pas, pour toi dans ce bas monde

Pourtant tout était là, quand tu étais dans la tombe,
À ton initiation, avant que tout ne gronde !
Quand tu nous quitteras, pour le dernier voyage,
Tu prendras ton habit, de ton tout premier âge,
Celui de l’apprenti sensé te préserver,
Des travers de la vie, de ses nombreux excès.
Et puisque tu as l’âge, que tu penses être grand,
Continue ton travail, n’enlève pas tes gants,
Regarde avec respect les petits apprentis,
Les jeunes compagnons, tu dois leur faire envie.
La plus belle des choses dans la maçonnerie,
C’est le regard des autres, j’espère que t’as compris ?
Le Maître tout nouveau ne dit plus rien du tout,
Quitta son tablier qui couvrait ses genoux,
Se rendit au cachot relire les inscriptions,
Regarda le vieux Maitre ; il comprit la leçon !
LC
Cet article n’engage que son auteur

Source : BULIM de la GLFMisraim


A.S.: