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LE DROIT HUMAIN, AVANT GARDE DU FEMINISME | FRANCE TV INFO


L’obédience maçonnique célèbre ses 130 ans d’existence le 4 avril 2023 à Paris. L’occasion de retracer une histoire à l’avant-garde du féminisme, et loin des fantasmes parfois associés à la franc-maçonnerie.

L’événement est ouvert au grand public. Samedi 4 avril, le Droit Humain fête les 130 ans de la création de « la toute première loge mixte de l’histoire de la franc-maçonnerie universelle en pleine égalité de droits et de devoirs entre femmes et hommes« . Lors de l’événement prévu au 9 rue Pinel (XIIIe arrondissement), Amande Pichegru, Grand Maître National de la Fédération française de l’Ordre Maçonnique Mixte International du Droit Humain, animera une conférence.

« C’est l’occasion de faire découvrir cette obédience en expliquant comment nous travaillons dans les loges, contre les fake news qui courent sur la franc-maçonnerie, explique-t-elle. Chaque membre est libre de dévoiler ou non son appartenance, chacun a son jardin secret. Il ne faut pas gâcher les rituels et l’effet de surprise. Et nous ne sommes pas secrets mais discrets, pour des raisons historiques. » La franc-maçonnerie a notamment été interdite et persécutée pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Nous fonctionnons comme n’importe quelle association. Nos statuts sont déposés en préfecture, c’est transparent. Et penser par exemple qu’on privilégie nos membres avec des passe-droits, c’est archi-faux. C’est un fantasme« , poursuit-elle. « Nos loges sont comme des écoles, on y réfléchit ; et comme des laboratoires, on y travaille pour un idéal de société humaniste. On y débat avec notre méthode maçonnique, qui consiste notamment à apprendre à écouter les autres sans les interrompre lors des prises de parole. Ce qui permet d’évoluer dans sa façon de penser, en dépassant ses préjugés face à d’autres opinions« , indique Amande Pichegru.

Maria Deraismes, pionnière féministe

Pour remonter aux origines de l’obédience, il faut rembobiner jusqu’au XIXe siècle, avec la figure de Maria Deraismes. « C’était une journaliste très cultivée, avec des talents remarquables d’oratrice« , raconte Annick Drogou, membre depuis 25 ans du Droit Humain et co-auteure du livre Soyez parfaites, mes Soeurs ! en 2020, qui retrace les origines historiques de l’obédience. 

Le temple situé rue Jules Breton, lors de Journées du Patrimoine en 2012. • © PASCAL DELOCHE / GODONG / GODONG

« Les premières femmes qui ont intégré le Droit Humain étaient des amies qui se connaissaient depuis des décennies, poursuit-elle. Elles n’avaient alors pas le droit de vote, qui date de 1944. Et ces femmes étaient impliquées, avec des hommes, dans de nombreux combats : le droit à l’éducation des enfants, la caisse des écoles, la lutte contre la prostitution, contre la pauvreté, contre l’abandon des filles avec la création de refuges qui existent toujours à Paris…« 

« Beaucoup d’entre elles se sont par ailleurs engagées pour la Commune de Paris, détaille-t-elle. Leur mot d’ordre, c’était la cohérence : si on affirme en France la liberté, l’égalité et la fraternité, alors pourquoi la moitié du genre humain est exclue ? Et comment peut-on parler de suffrage universel ? On peut faire un parallèle avec le mouvement des suffragettes au Royaume-Uni.« 

« D’entrée de jeu, le Droit Humain est mixte »

« A l’époque, les loges sont strictement masculines, précise Annick Drogou. Mais en 1882, Maria Deraismes est initiée à la loge des Libres Penseurs à l’Orient du Pecq, dans les Yvelines. Maria Deraismes est immédiatement interdite de maçonnerie. En 1866, elle est ensuite invitée à une conférence publique par un membre du Grand Orient (la principale obédience maçonnique en France, qui compte aujourd’hui 50 000 membres, NDLR), rue Cadet à Paris. De quoi provoquer une nouvelle fois un tohu-bohu, la franc-maçonnerie masculine ne supporte pas qu’une femme mette son pied dans l’entrebâillement de la porte, dans un contexte de misogynie ambiante.« 

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«  Le Droit Humain, première obédience mixte de la franc-maçonnerie, fête ses 130 ans »

A.S.: