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LE DEVOUEMENT DE 2 FRANCS-MACONS PERE ET FILS, DANS LA LUMIERE


Armand et Bernard Gombert, membres de la loge maçonnique « L’Humanité », se sont engagés au service des Bernayens au début du XXe siècle. Leur œuvre est aujourd’hui méconnue.

À Bernay, le dévouement de deux francs-maçons père et fils, dans la lumière – un article du journal Paris Normandie

À la charnière entre le XIXe et le XXe siècle, les Gombert, père et fils, se distinguent pour leur engagement au service de leurs contemporains. Si Bernard Gombert possède une rue à son nom et une plaque à sa mémoire sur la façade de sa maison de la Couture, son père Armand est aujourd’hui oublié des Bernayens.

Un engagement au service des autres

Leur œuvre, mise en lumière lors d’une conférence donnée par Jean Jayer et Dominique Rousseau, membres de la loge d’Évreux, méritent d’être rappelés. Il faut dire que, « au-delà des fantasmes que suscite la franc-maçonnerie, notre engagement au service de la société est une valeur essentielle », nous indiquait Marc Henry, grand maître de la Grande Loge de France, lors d’une conférence donnée à Bernay en février 2016.

Le dévouement d’Armand et Bernard Gombert est donc indissociable de leur engagement maçonnique. Le père et le fils sont membres de la loge « L’Humanité ». Confrontés à l’horreur des deux guerres mondiales, le premier comme médecin aide-major sur le front, le second comme résistant et déporté (Bernard meurt en déportation le 4 mars 1945), les deux hommes n’ont pas abdiqué leur foi dans l’humanité.

« Armand Gombert a la particularité de combiner le métier d’instituteur et de directeur de l’école Jules-Ferry de Bernay, et celui de médecin. Auteur d’une thèse Hygiène et éducation, il reçoit ainsi des malades en dehors de ses heures de cours. Une curieuse vocation et un bel exemple », apprécient Jean Jayer et Dominique Rousseau.

Médecin des miséreux, et d’un prince…

Au lendemain de la Grande Guerre, il ouvre une clinique, « L’acacia », dans l’annexe de sa maison. L’édifice, à peine transformé, abrite aujourd’hui des appartements. L’établissement acquiert une certaine renommée, malgré les idées politiques et l’appartenance affichée d’Armand à la maçonnerie, qui devait foncièrement contrarier la société bien-pensante locale, selon les deux conférenciers. Quant à Bernard Gombert, instituteur lui aussi, il défend passionnément le socialisme et milite pour une reconnaissance du droit des femmes.

Les circonstances font d’Armand Gombert le médecin, non seulement des miséreux, mais d’un prince, le beau-frère de l’Empereur du Japon, accidenté sur la Nationale 13. « On raconte qu’il aurait voulu prendre le volant. Il y a laissé la vie, tout comme son chauffeur. Trois de leurs proches sont aussi soignés à la clinique. Une plaque commémorative a d’ailleurs été installée sur les lieux de l’accident. Une autre voiture s’y étant encastrée, la plaque a été déplacée au centre du village où a eu lieu le drame », indique Jean-Luc Montaggioni, président des Amis de Bernay.

Le Grand Orient de France hérite, au décès du Docteur Gombert, du bâtiment de la clinique, incendié dans les années 1970 par des jeunes gens, convaincus qu’il abritait une association satanique.

A.S.: