X

LA PSYCHOLOGIE DU RITUEL


Voici un extrait de l’article « La psychologie du rituel » du magazine Alpina (mai 2018) de la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) :

Nous, francs-maçons, aimons parler du mystère qui surgit dans l’œuvre du Temple. Elle montre de manière exemplaire que l’art royal repose moins sur la connaissance que sur la dimension ésotérique, sur l’expérience intime non reproductible. Mais comment nos symboles et rituels sont-ils pertinents pour ces processus ?

Qu’est-ce qui rend notre secret secret ? Certes, l’aspect tactique de la sécurité joue un rôle, peut-être plus dans le passé qu’aujourd’hui. De plus, il y a la discipline arcanique qui va au-delà du purement tactique. Cela inclut un aspect moins souvent évoqué : se taire sur quelque chose, et si possible collectivement, augmente le poids et la valeur de ce sur quoi on se tait. Une troisième raison est que ce mystère échappe au langage ou à toute autre médiation. Pour le mettre dans une formule simple : On devrait sagement ne rien dire. Vous n’êtes pas autorisé à dire quoi que ce soit. Vous ne pouvez rien dire.

Qu’est-ce qu’un rituel ?

Nous avons tendance à mentionner les rituels et les symboles dans le même souffle. Le sociologue germano-américain Thomas Luckmann (1927-2016) a résumé leur lien en une formule simple : les rituels sont le « mode d’action des symboles ». Ils relient des symboles individuels pour créer une dynamique significative et primordiale.

Selon les mots de l’anthropologue social thaïlandais Stanley Jeyaraja Tambiah (1929-2014) est un rituel

  • un système de communication symbolique culturellement construit.
  • Il se compose de séquences structurées et ordonnées de mots et d’actions,
  • qui s’expriment souvent dans le multimédia
  • et dont le contenu et la composition sont plus ou moins caractérisés par la formalité (caractère d’une convention), la stéréotypie (adhésion rigide à une forme), la condensation (fusion d’éléments différents) et la redondance (répétition).

Pendant que nous parlons, nous agissons. Cela se voit, par exemple, dans le vœu ou dans l’enregistrement

Dans les années 1970 et 1980, le soi-disant « tournant performatif » s’est opéré dans la recherche rituelle. Tambiah était l’un de leurs défenseurs. Ce sont moins les textes et les symboles qui font la valeur et l’effet des rituels que les actions correspondantes. Les rituels sont performatifs dans la mesure où ils forment une mise en scène et créent avec elle de nouvelles réalités. Par ailleurs, le langage peut aussi revêtir un caractère performatif : en parlant, on agit. Cela se voit, par exemple, dans le vœu ou dans l’enregistrement.

Comment fonctionne un rituel ?

Selon le chercheur en franc-maçonnerie Hans-Hermann Höhmann, les rituels sont un « espace spirituel de pratique et d’expérience ». Au cours de l’œuvre du temple, le frère peut entrer dans un état de flux, c’est-à-dire d’approfondissement et d’absorption. Il peut faire l’expérience de lui-même et de ses confrères d’une manière nouvelle ou du moins extraordinaire. La paix et la réflexion peuvent s’installer. Vous avez des expériences limites. Des conséquences éthiques peuvent également découler de ce qui a été vécu.

Le rituel maçonnique est très complexe et, comme l’a dit Tambiah, multi-médial. L’effet découle de divers facteurs. Les sens sont sensibilisés. Le rapport, les sentiments et la spiritualité sont abordés de la même manière. De manière subliminale, c’est-à-dire avant le seuil de la conscience, le contenu peut atteindre le subconscient.

LIRE LA SUITE DE

« La psychologie du rituel »

A.S.: