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La lettre d’Alain Bauer à François Stifani

Le grand maître de la Grande Loge nationale de France (GLNF) affirme avoir obtenu le soutien d’Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient, quatre jours après avoir été mis en minorité dans son obédience. Une version contredite par l’intéressé. L’ Express révèle un courrier échangé entre les deux dignitaires.

Source : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/correspondance-en-haut-lieu-de-la-franc-maconnerie_881867.html

Dans le journal interne de frères de la GLNF, Brève n°21, le grand maître de la Grande loge nationale française François Stifani évoque s’être entretenu au téléphone avec Alain Bauer, ancien grand maître du Grand orient, qui laurait, selon Stifani, « assuré de son soutien et de son amitié ».

Cet entretien a eu lieu le 29 mars, soit quatre jours après lAG [assemblée générale] de la GLNF où François Stifani a été mis en minorité par les représentants des loges, ouvrant une crise sans précédent dans la deuxième obédience en France. Le « soutien » de Bauer semble de pure invention, comme on peut le lire dans le courrier du célèbre maçon proche de Nicolas Sarkozy, adressé à François Stifani quelques heures après lentretien téléphonique, que LExpress sest procuré [voir doc joint]. Bauer y soutient surtout son « ami de qualité » Roger Dachez, qui déclarait dans les colonnes de lhebdomadaire: « François Stifani est un despote non éclairé. » Et Bauer dajouter, de manière quasi menaçante, que Dachez  » est très proche et très écouté de plusieurs membres influents de [la] direction actuelle » de la Grande loge unie dAngleterre, considérée comme la maison-mère de la GLNF.

Dans sa revue Brèves, François Stifani soutient aussi que, dans le dossier de LExpress consacré à la GLNF (le 18 mars), les propos de Bauer ont été « déformés », « comme [le journaliste] a coutume de le faire ». Contacté par LExpress, lintéressé a démenti avoir tenu de tels propos à François Stifani.

Voici la lettre:

Un Echange téléphonique avec Alain Bauer…

Le Grand Maître s’est longuement entretenu ce lundi avec Alain Bauer, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, qui l’a assuré de son soutien et de son amitié. Alain Bauer a déclaré avoir été approché par certains frères de la GLNF cherchant à l’impliquer dans la crise que traverse l’obédience. Il leur a clairement répondu qu’il n’avait pas à s’immiscer dans cette situation. Il a rappelé avoir toujours entretenu les meilleures relations avec les trois derniers Grands Maîtres. Evoquant le dossier de L’Express , il a affirmé que le journaliste avait déformé ses propos « comme il a coutume de le faire ». Lors ce cet entretien, ils sont convenus de réaffirmer clairement qu’ « il n’y a aucune concurrence entre les obédiences françaises dont les domaines de rayonnement restent très différents ». Le terme de fraternité peut se décliner de diverses manières et il est tout à fait concevable d’emprunter des chemins différents pour atteindre les mêmes horizons Source : Brèves de la GLNF (n°21)

« Suite à notre entretien de ce matin, je ne peux que te confirmer par écrit ce que je réponds aux nombreux Frères de ton Obédience qui me sollicitent.

Depuis le rétablissement des relations administratives entre le GODF [Grand Orient de France) et la GLNF [Grande Loge nationale de France], entrepris avec le TRGM [Très respectable grand maître] Charbonniaud, je me suis interdit de juger ou de critiquer la GLNF. Nos différences structurelles et fondamentales sont telles que je ne vois aucune « concurrence » possible entre une dimension d’équilibre voulu entre initiation et engagement citoyen d’une part, et spiritualité sans prise de parole publique de l’autre. Je respecte les parcours et la diversité des Frères et des Sœurs.

Dans ma pratique personnelle, j’ai fait en sorte que de manière systématique la GLNF, en la personne de son Grand Maître (et parfois de ses anciens Grands Maîtres) soit invitée à toutes les occasions ou la puissance publique voulait entendre la voix, les voix, de la Franc-maçonnerie française.

Certes, il m’est difficile de confirmer à un journaliste, sur la seule question posée, que le Président de la République aurait confié une mission à qui que ce soit alors que ce n’est pas exact. Pas plus que je ne signale le fait qu’à son invitation tel ou tel vienne accompagné….

S’il m’arrive d’être parfois surpris des déclarations et des affirmations des uns et des autres sur la taille, le nombre ou les dynamiques existant parmi l’offre maçonnique en France, je ne les ai jamais jugées.

Aux nombreux frères de la GLNF qui m’ont sollicité, je n’ai jamais répondu qu’une seule chose: les affaires intérieures de la GLNF ne concernent que les Frères de la GLNF. L’appartenance à une obédience est un choix libre que chacun jauge à sa mesure, en référence à des valeurs, des croyances et un serment librement consenti. Et je n’ai jamais jugé publiquement ou dans la presse des qualités ou défauts supposés d’un Grand Maître en fonctions. Pour l’avoir été moi même, je connais parfaitement bien les difficultés de l’exercice. Je me suis d’ailleurs permis de rappeler ces éléments à un site de « supporters » tombé dans le conspirationnisme (L’Acacia) qui a d’ailleurs fort démocratiquement « oublié » de le publier…

La GLNF reste un élément essentiel du paysage maçonnique national

Si Roger Dachez est un ami de qualité, sa plume et sa pensée sont libres. Nous ne partageons d’ailleurs pas toujours le même point de vue, notamment sur la question du GADLU, ou sur la Grande Loge Unie d’Angleterre en raison du statut personnel très particulier qui est le sien, il est très proche et très écouté de plusieurs membres influents de sa direction actuelle. Mais je crois surtout qu’il faut aussi entendre son message qui, le connaissant, était sans doute calibré et maîtrisé comme dépassant nettement sa personne et la tienne. Mais c’est avec lui qu’il faudrait en discuter. Un tel échange pourrait sans doute téclairer…

La Grande Loge Nationale Française reste un élément essentiel du paysage maçonnique national. Ses Frères et ses Loges doivent être préservés dans leur quête initiatique. Il leur appartient et à eux seuls de choisir leur obédience et leur dispositif de gouvernance, comme le font tous les Francs-Maçons, en France comme en Angleterre un pays qui a inventé et mis en œuvre la Franc-maçonnerie.

Pour ma part, je m’interdis aujourd’hui comme hier tout commentaire ou toute intervention sur des éléments de vie intérieure des obédiences qui n’entacheraient pas la Franc-maçonnerie dans son ensemble.

Je te souhaite donc, ainsi qu’à ton obédience, le retour à la sérénité et au travail, de midi à minuit.

Fraternité à toi.

Alain BAUER. « 

A.S.: