Franck Fouqueray se souvient très bien de sa cérémonie d’initiation à la franc-maçonnerie, il y a 25 ans. D’abord passer 1’heure sous terre, dans l’obscurité d’un réduit appelé « cabinet de réflexion ». Puis pénétrer dans le temple, les yeux bandés, « escorté par une musique ». Se retrouver face à la pesanteur du silence. Entendre fuser des questions : « Quelle différence faites-vous entre fraternité et solidarité ? Pourquoi voulez-vous nous rejoindre ? Et si vous étiez déçu ? » Tâcher d’y répondre avec justesse. Se soumettre à d’autres rituels encore, liés symboliquement à l’air, l’eau, le feu, sans savoir à l’avance ce qu’ils sont et quelle est leur fonction. Bref, accepter de s’abandonner au moment présent, faire confiance à ces gens qu’on ne voit ni ne connaît…
« C’est tout le sens du secret, poursuit Franck Fouqueray. Ne pas révéler en amont le contenu de l’initiation, c’est ne pas voler à l’autre ce qu’il doit vivre. À chaque étape du processus, la surprise est nécessaire pour contourner le mental. Une initiation passe par l’expérience et le ressenti. »

Secret : le mot est lâché. Il colle à la peau des francs-maçons. Leur discrétion intrigue, leurs codes interpellent. Ils ont leur vocabulaire, leur façon de se saluer. Parfois, à votre approche, leur conversation se tait. Vous êtes « profane ». Ils sont « initiés ». Pour qui se prennent-ils ? S’agit-il d’un cercle ésotérique ? D’un club d’affairistes ? Cherchent-ils le sens du monde ou sa domination ? …