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LA FRANC-MACONNERIE EST MORTE, LA FRANC-MACONNERIE EST VIVANTE


Mais comme je voudrais
revoir ceux de ma Loge Mère !
J’aimerais pouvoir les revoir,
mes frères noirs et noirs,
Entre l’agréable odeur des cigares là-bas,
Tandis que le feu s’y passe;
Et avec le vieux khansamah ronflant
Sur le sol du garde-manger,
Ah ! être à nouveau un Maître Maçon bien connu
dans ma Loge Mère !
A l’extérieur
« Sergent, Monsieur, Salut, Salaam »
A l’intérieur, « Frère », et il n’y avait rien de mal à cela.
Nous nous sommes rencontrés au niveau et nous nous sommes séparés au sein de l’escouade,
et j’étais deuxième diacre dans ma loge mère là-bas !

Rudyard Kipling

Un texte du site italien expartibus.it

Ceux qui entrent dans la franc-maçonnerie avec les bonnes qualifications, le cœur dur, les parjures et les narcissiques de carrière mis à part, seront toujours amoureux de cette institution malgré tous ses défauts.

Cela est arrivé (presque) à tout le monde et cela arrivera toujours au moins tant que la franc-maçonnerie existera. Du moins sous cette forme particulière. Oui, parce que rien dans ce monde n’est éternel.

Lorsque la franc-maçonnerie est née, sous une forme initiatique kabbalistique, rosicrucienne, gnostique, entre 600 et 700, sur l’échafaudage formel de la franc-maçonnerie opérative des corporations de commerce, historiquement au début sans rituels, et nette de toute mythopoéique et du moi ultérieur -configurant des légendes, sur terre un rêve s’est révélé vêtu d’un doux nom « mas-so-ne-ri-a », malheureusement désormais rendu nauséabond par les projections morbides du vulgaire et des médias , pour ainsi dire facilitées par la nature « laïque  » de certains de ses membres de base et supérieurs.

Franc-maçonnerie : une pensée unique de hauteur pure et de profondeur formative dont les dimensions spatiales et spirituelles ne peuvent être comprises et touchées que par de brefs instants.

Il y a le mal de l’Afrique. Mais pour ceux qui l’ont vécu, il y a aussi le mal de Loggia, une sorte de nostalgie aiguë qui assaille les glorieux et les destins quand ils se retirent volontairement ou de force du travail rituel.

La nostalgie qui surgit est une saudade qui nous transporte au-delà des frontières rigides du dualisme. Ce n’est pas la mélancolie existentielle du déprimé, symptôme d’un malaise pathologique, d’une blessure mortifiante, d’une manie auto-punitive d’un être encore inachevé.

La nostalgie de la Loge est une plume qui flotte librement dans l’éternel présent. C’est une découverte et une découverte « naturelle » dans un monde juste et parfait. Du moins en potentiel. Et progressant plus profondément, à la lisière des degrés progressifs qui dévoilent et dévoilent le mystère de la lumière obscure ou « l’ombre de la lumière » , la franc-maçonnerie est une avancée sans filet sur le fil du rasoir tendu sur l’abîme.

Un Chemin qui peut donner aux marqués et adaptés, non aux bourgeois en quête de faveurs, une petite monnaie misérable lui suffit, un mélange indiscernable de sensations opposées et opposées, comme dans l’image troublante d’Abraxas.

La franc-maçonnerie est un oxymore vertigineux. Une tristesse joyeuse qui chante, langoureuse qui vous caresse puis vous égratigne jusqu’au sang et vous brise. Pour faire sortir l’œuf lumineux des chaînes du cœur endurci.

Même lorsque vous n’en avez pas envie ou pensez que vous n’avez pas la force de participer aux Rounds, le prix est toujours une préoccupation rampante. Presque un sentiment de culpabilité, plus ou moins atroce.

Par contre, qui n’est pas un Homme de Désir, comme dirait Louis Claude de Saint-Martin, qui ne désire ardemment retourner dans la Jérusalem Céleste, qui n’est pas fou d’amour pour son Moi perdu et démembré, centrifugé dans le froid et dans le silence de l’espace sidéral en attente endormie de la main aimante de son Isis intérieure, il ne peut être qualifié d’Initié. Tout le reste est inspiration civile plus ou moins noble, tension éthique moralisante, sens de la solidarité civique. Philanthropie. Dans le médium non pas stat Virtus, mais « stat Virus » , permettez-moi de plaisanter.

Mais quand même une petite fibre de la trame dense du voile lourd qui nous enveloppe est déchirée, la Lumière fait irruption. La Franc-Maçonnerie est, ou devrait être, une révélation spatio-temporelle, une épiphanie de l’Etre de la Tradition primordiale qui fut, est et sera.

Mais attention : il n’y a aucune garantie que cette forme spéciale vivra éternellement puisqu’elle est née ab aeterno . Tout dans ce monde naît et meurt. Civilisations, religions, confréries initiatiques. Les Pythagoriciens, les Eleusiniens, les Esséniens.

Quand la forme « se rebelle » et tente de prendre le pas sur le fond, le fond, quand le formalisme vide des scribes et pharisiens éternels d’hier, d’aujourd’hui et de demain, le dogmatisme sous ses innombrables déguisements et autojustifications, la soif de pouvoir des prêtres professionnels ou de la caste de certains PDG déguisés en Grands Maîtres se manifeste, là est sanctionnée la mort d’une idée puissante, vive et fougueuse. Et surtout gratuit.

De même que le corps d’un scarabée mourant sur un trottoir ou sur une pelouse s’efface de plus en plus, comme une mèche désormais sans cire, et se dessèche et se cristallise dans un douloureux battement de pattes. Justement alors il faut repenser cette nostalgie, la faire mourir, au point de pouvoir la libérer d’une expression spécifique, d’un « style », des formes historiques qui l’ont engendrée. Pour ensuite le déconstruire et le réélaborer dans un cheminement initiatique encore plus puissant et spirituel.

Le Retour à l’Ile Blanche, à la Jérusalem Céleste, au Temple intérieur, où il n’y a plus ni formes ni colonnes, mais immersion pure et indicible dans une pureté de sens et une intensité de perception.

La franc-maçonnerie peut et peut-être, en un certain sens, « devra mourir » pour faire place à l’éternel renouvellement de la Tradition, de l’Être. Mais ce qui ne peut jamais mourir, de façon ésotérique, c’est le « baptême » initiatique de la Terre, de l’Air, de l’Eau et du Feu.

Et l’idée d’un espace sacré capable d’unir, comme un pont, la Terre et le Ciel et d’une œuvre opérationnelle capable d’activer l’Éveil, ne mourra jamais. Et l’amour et la chaleur de la Fraternité Universelle qui unit les Chercheurs de Lumière ne mourront jamais.

Si quelque chose meurt nous ne mourons pas avec lui : nous ne laissons mourir que la forme, la coquille, sans exercer aucune possession, aucune idée de la mienne, de la nôtre. Ou d’éternel. Ce ne serait pas possible. Le vent souffle toujours où il veut.

Et si la franc-maçonnerie devait mourir, vive la franc-maçonnerie.

Car infailliblement son noyau initiatique renaîtrait sous une autre forme pour donner vie à une nouvelle Ecole, une nouvelle Révolution, terme qui, astronomiquement, on le sait, désigne le mouvement qu’un astre effectue autour d’un centre de masse jusqu’à ce qu’il revienne au point d’origine. Quelque chose renaît déjà sous nos yeux aveugles dans un ailleurs créatif, étonnant et contemporain.

Une fois de plus le cœur et la sophia d’une femme viennent à notre secours. Un des nombreux maîtres trahis, inouïs, gardés en marge des églises et temples « solaires » de la franc-maçonnerie patriarcale.

Ce passage de Sœur Katrei, tiré du texte ‘Devenir Dieu’ du Pseudo Meister Eckart, nous invite à abandonner la rationalité, les schémas, les définitions, pour entrer dans le plus pur vertige du détachement, du non-attachement et enfin revenir à sa propre source.

Je suis là où j’étais avant d’être créé, là où il n’y a que Dieu et encore Dieu, il n’y a ni anges ni saints, ni chœurs angéliques ni cieux. Certains parlent de huit cieux et de neuf chœurs angéliques, mais là où je suis, il n’y a rien de tout cela.

Sachez ceci : tout ce qui s’exprime par des mots et qui est proposé aux hommes par des images n’est qu’un moyen d’attirer à Dieu.

Mais sachez qu’il n’y a rien en Dieu que Dieu, sachez qu’aucune âme ne peut entrer en Dieu si elle n’est d’abord devenue Dieu, puisqu’elle était Dieu avant d’être créée. 

A.S.:

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  • "Ils y perdaient leur énergie,
    Car abuser de la nostalgie
    C'est comme l'opium, ça intoxique"