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LA CIRCUMAMBULATION DANS LE TEMPLE


Dans la loge rituellement ouverte, on se déplace certes en marquant les angles dans un carré long mais la circulation se fait autour du tapis de loge, c’est pourquoi l’on parle de circumambulation, autrement dit de déambulation dans un cercle. Les circumambulations dans notre rite, le REAA, se déroulent dans le sens des aiguilles d’une montre, dans le sens du mouvement apparent des astres, nous inscrivons notre démarche dans une dimension cosmique. Ce sont des circumambulations dextrocentriques ; on tourne avec le centre toujours à notre droite ; pour les marins, on pourra dire « garder l’axe central de la Loge à tribord ». Je rappelle pour ne plus en parler par la suite que d’autres rites de la Franc-Maçonnerie ont des circumambulations sinistrocentriques, c’est à dire inverses aux nôtres ; ce sont les rites modernes qui ont inversé au début du XVIIIème siècle un certain nombre de symboles, peut-être pour brouiller les pistes.

Source : La circumambulation dans le Temple – deltalumineux.net

Nos circulations en Loge, lorsque les travaux sont ouverts, sont géométriques, nous sommes acteurs de l’Œuvre qui répond aux lois naturelles qui sont géométriques, nous oeuvrons à la Gloire du G.A.D.L’U. : il s’agit de cercle, angle, carré, perpendiculaire, verticalité.

Parcours de l’apprenti dans un temple maçonnique

1ère règle : se déplacer toujours à l’ordre, c’est avant tout la verticalité mais aussi la perpendiculaire avec le bras à l’équerre.

2ème règle : on démarre son déplacement toujours du pied gauche.

Commencer le tour jusque devant l’angle Nord-Ouest;

3ème règle : marquer les angles, c’est la perpendiculaire, le carré qui se construit.

4ème règle : avoir toujours l’axe central du côté droit de son corps (dextrocentrique, rappelez-vous), imaginez tenir l’axe comme la canne du M. de C. ; autrement dit, c’est passer toujours à gauche du Tableau de Loge.([1])
Nous circulons donc dans le cosmos et autour de l’axe central de l’Univers qui relie la terre au ciel. Nos circumambulations reproduisent le trajet visible du soleil et des planètes errantes, nous nous déplaçons dans le sens apparent du déplacement du ciel. Tout le symbolisme de la circulation dans le Temple est là et réside dans le symbolisme du bâton, de la canne du maître de cérémonie : il symbolise l’axe du monde, il marque les angles toujours du côté de l’axe qu’il symbolise. Nous retrouvons là les symboles de verticalité, mais aussi de perpendiculaire et de carré que l’on construit en marquant les angles. La boule de la canne du M. de C. représente d’ailleurs à mon sens, un astre, mais aussi l’univers en tant que ‘unité finie’.

5ème règle : tous les frères, à l’exception de l’Expert, circulent toujours derrière le Maître de Cérémonie. Celui-ci est devant et les autres suivent tout de suite après, sans attendre à chaque angle que le frère précédent ait atteint l’angle suivant.
La canne du M. de C. est aussi une arme pour assommer. Cet aspect « arme » de la canne apparaît également lorsque le M. de C. croise la canne avec l’épée de l’Expert en formant l’équerre au dessus de l’autel des serments. Le M. de C. ouvre le chemin pour les frères qui le suivent, sa canne est le bâton du pèlerin, du guide, le bâton du berger qui permet de faire fuir les ennemis, les loups et chiens errants, les serpents qui s’enfuient en entendant les vibrations du bâton qui frappe le sol.

6ème règle : il s’agit en circulant, de tracer le carré long : descendre la colonne du midi, dépasser le 2ème Surv. qui est placé sur cette colonne, pour aller tourner « entre les colonnes », ce qui ne désigne pas les colonnettes mais l’emplacement entre B. et J. qui se trouve dans notre Temple, à l’endroit où le cercle zodiacal s’ouvre, là où les houppes dentelées tombent. C’est l’endroit où nous saluons en entrant dans le Temple, c’est l’endroit où les apprentis et les compagnons présentent leurs travaux, c’est précisément le côté occidental du carré long de notre Temple.
Pour entrer ou sortir pendant que les travaux sont ouverts, la circulation commence et finit entre les colonnes, espace symbolique d’ouverture de la corde à nœud (du cercle zodiacal ou encore de la chaîne d’union des frères initiés). Pour entrer, au premier degré, l’apprenti marche de la porte jusqu’entre les colonnes, en effectuant les trois pas rituels qui correspondent aux trois marches à gravir pour accéder au niveau sacré dans lequel se trouve tous les frères apprentis réunis. Avant de sortir, le salut se fait entre les colonnes, on sort de l’espace sacré à cet endroit.
Petit détail, lorsque l’on se retourne, après avoir salué rituellement, toujours dans la logique du ‘toujours l’axe à tribord’, après le signe d’ordre on fait sa rotation sur sa droite.
En revanche, après la fermeture des travaux, on sort sur le parvis comme l’on est entré, on n’est plus à l’ordre, on ne marque plus les angles, il n’est plus question de contourner le tapis de loge qui de toute façon est effacé. A l’ouverture, chaque frère monte le long de sa colonne et à la fermeture, il descend vers la sortie le long de sa colonne.
Lorsque la loge est ouverte, pour tracer le carré long, on remonte la colonne du Septentrion jusqu’au au pied de l’Orient qui est juste devant l’autel des serments, à la hauteur des plateaux de l’hospitalier et du trésorier qui se trouvent en tête des colonnes au pied de l’Orient, et non pas à l’Orient.

La circumambulation en marquant les angles dans un carré long tout en simulant la rotation du ciel autour de l’axe du monde, symbole de la verticalité à laquelle nous aspirons, c’est tout simplement, si j’ose dire, l’expression de la quadrature du cercle, du passage du carré au cercle, du terrestre au céleste, de l’humain au divin. C’est peut-être l’acte majeur dans les travaux des francs-maçons. En circulant, chacun œuvre à la construction de son temple intérieur mais également à celui de chacun des participants ; il importe donc que tous les frères participent à la construction en suivant précisément le même tracé.

Autre symbole de la circulation dans le temple qui revêt pour des frères une certaine importance, mais symbole qui n’est pas toujours présent car il faut pour cela que le sol soit carrelé en damier. Néanmoins, le fait de circuler sur un damier comme nous pouvons le faire dans notre temple permet d’incorporer à la déambulation, le symbole du ‘marcher sur le fil du rasoir’ en plaçant ses pieds « à cheval » sur deux dalles blanche et noire. On peut même imaginer, un peu comme le font des enfants qui imaginent en longeant le bord du trottoir être au bord d’un ravin, que le sol alternant noir et blanc, alterne en fait ténèbres et lumière, ou encore alterne des parties solides avec du vide par lequel, si l’on n’y prenait pas garde, on pourrait être englouti dans le cosmos intersidéral.

La circumambulation est aussi l’expression du temps qui passe ; il s’agit donc de circuler « en rythme », pas nécessairement lentement mais, en harmonie, selon le degré de solennité du moment. C’est un temps qu’il faut prendre, qu’il faut vivre pleinement car c’est un temps pendant lequel on participe en geste à la construction le temple symbolique, virtuelle mais aussi réelle, construction collective que tous les frères présents voient mais aussi individuelle et qui demeure secrète; c’est un des rares moments opératifs dans nos travaux, c’est un moment magique de transformation, un moment initiatique majeur.

Le néophyte effectue son premier voyage dans le temple, les yeux bandés et dans la confusion la plus totale, justement dans le mauvais sens, et c’est la seule et unique fois que cela se fait ; le premier enseignement de l’initiation est précisément de lui apprendre à le faire dans le bon sens dès son deuxième voyage, qui se déroule d’ailleurs beaucoup plus sereinement.

Le frère qui circule dans le Temple rituellement ouvert, poursuit son voyage en une geste rituelle effectuée en harmonie avec tous les frères présents, passés et futurs, et, en même temps, effectue un travail de construction. L’œuvre qui s’accomplit dans la circulation des frères en loge rituellement ouverte est une véritable « transmutation », une opération magique qui est le travail du franc-maçon par excellence, une participation individuelle, corps et âme à une alchimie collective qui transforme l’individu au plus profond de lui, en le faisant agir selon un ordre géométrique, cosmique, œuvre qui participe du Grand Œuvre, ou pour utiliser des mots plus maçonniques, travail initiatique qui se veut à la Gloire du G.A.D.L’U..

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A.S.:

View Comments (5)

  • Bonjour mon TCF,
    Quels sont les documents à l'origine de cette planche s'il te plait ?
    Je travaille au REAA au GODF et, par rapport à ta planche, il y a des différences d'usage dans ma Loge.
    Merci de bien vouloir éclairer ma lanterne.
    Fraternellement

  • Pourquoi dire qu'il faut marquer les angles à chaque déplacement? Cela se fait à la construction de la loge mais une fois celle ci effectuée on ne la reconstruit pas à chaque déplacement.

  • Pourquoi lors de l'augmentation de salaire au grade de Compagnon
    Au 1° et 4° Voyage l'on circule par le Sud ?
    Merci d'une réponse, car je ne trouve rien sur le sujet dans mes livres
    Bisesss Fraternelles

  • Pourquoi lors du 1° et 4° Voyage lors de l'augmentation de salaire au grade de Compagnon au REAA
    Le sens de circulation est par le SUD ?
    Je ne trouve pas de réponse dans les ouvrages en ma possession
    Merci
    Bizzz fraternelles

  • Où sommes nous en loge aux deux premiers degrés ? Sur un chantier. nous circulons autour du tracé du maître du chantier qu'il a opéré à partir du soleil. Ce premier carré long est l'ébauche du plan final et il est évidemment interdit d'y marcher dessus.