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Il y a deux façons d’aimer ses idées

« Il y a deux façons d’aimer ses idées : la première consiste à les aimer un peu pour elles et beaucoup pour la part de soi-même qu’on y a mise. Cette façon s’accompagne généralement d’impatience et de témérité inconsidérée. Elle fait prendre au compte de l’amour-propre les méconnaissances et les oppositions qui s’adressent aux idées. Elle pousse à l’individualisation égoïste d’un bien qui n’a de valeur que lorsqu’il devient commun à beaucoup. Elle mène à l’exagération et à la singularité et finit par faire perdre à l’idée primitive jusqu’au cachet original qui pouvait en constituer le charme.

La seconde consiste à aimer ses idées pour elle-mêmes, pour le principe fécond qu’elles portent en elles, à les aimer d’un amour dont la clairvoyance, le désintéressement et la fidélité les gardent du danger d’égoïsme. Elle consiste surtout à savoir les aimer lorsqu’elles sont défendues et propagées par d’autres. Quand on aime ainsi ses idées, on croit à leur vertu, à leur victoire nécessaire et l’on éprouve point la tentation d’en servir le progrès par des moyens violents ou des procédés infraternels. »

Marius Gonin – Site de la Loge Laval N° 139 – Grande Loge du Québec


 

A.S.: