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GODF ANTILLES – « Le franc-maçon du Grand Orient de France n’est pas dans une secte… »

EXTRAIT

Fondée il y a 300 ans, la franc-maçonnerie a été introduite en 1738 aux Antilles. Plus ancienne obédience française, le Grand Orient de France (GOF) compte plus de 1 000 membres dans le bassin antillais. Comment le GOF s’inscrit-il dans des sociétés antillaises en pleine mutation, et a-t-il pu lever les préjugés qui circulent au sujet de la maçonnerie ? Le conseiller de l’Ordre pour la région Antilles-Guyane/Caraïbe nous répond.

Quel est le rôle du conseiller au sein du Grand Orient de France ?

J’ai été élu il y a trois ans car, chez nous, toutes les fonctions sont électives et limitées dans le temps. Le conseiller participe au Conseil de l’Ordre, l’équivalent d’un conseil d’administration, où je représente les Antilles-Guyane/Caraïbe. Je rends compte de la situation, des actions menées dans le cadre des valeurs que nous avons en maçonnerie. Avant la tenue du Conseil de l’Ordre, organisée chaque mois, des commissions thématiques se réunissent et permettent à chacun de s’exprimer et de travailler pour que notre Ordre avance.

Vous avez tenu un 48e congrès régional. De quoi avez-vous débattu ?

C’est un rendez-vous annuel qui tourne sur les trois régions. Cette année, le rendez-vous était en Guadeloupe. L’an prochain, ce sera en Martinique. Lors de ce congrès, qui n’avait pas de thème bien précis, toutes les loges de la zone Antilles-Guyane/Caraïbe étaient représentées. Cette rencontre est très importante car nous ne sommes pas la France continentale. Autrement dit, nous avons nos particularités. Depuis deux ou trois ans, nous avons pris la résolution de mieux nous insérer dans le bassin caribéen. Je pense que c’est l’avenir, car on ne peut vivre en Martinique ou en Guadeloupe en ignorant ce qui se passe autour de nous. Quand un cyclone passe, c’est pour tout le monde, pareil pour les sargasses. Par ailleurs, nous avons eu des élections majeures, à savoir l’élection de celui qui va me remplacer à partir de septembre ; il est Guyanais.

Avez-vous le sentiment que nos sociétés antillo-guyanaises sont influencées par les actions, les réflexions de la franc-maçonnerie ?
L’impact existe, même si cela ne se ressent pas au quotidien. Nous faisons nos rencontres, et ce n’est qu’après que l’on mesure les retombées. Par le passé, nous avons eu de belles réalisations à propos de la loi travail, la loi de bioéthique, la fin de vie, etc. Ce sont des sujets sur lesquels nous avons beaucoup travaillé, et qui ont donné lieu à des rapports, à des prises de position.

Avez-vous mené des réflexions sur l’évolution institutionnelle de la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ?
Nous avons fait cela, il y a longtemps. Là, nous sommes plus axés sur la sécurité, la délinquance, le tourisme. À travers ces thèmes-là, nous essayons de faire passer nos valeurs humanistes, de liberté, égalité, fraternité, qui est notre devise.

Lors de ces débats, des divergences sont-elles autorisées ?
Absolument! C’est le principe même du GOF, et au-delà, de la franc-maçonnerie. À ma connaissance, c’est le seul endroit où des hommes et des femmes peuvent se rencontrer, échanger, argumenter, proposer des choses différentes dans le respect, la tolérance, et à partir de là, chacun repart avec parfois un autre éclairage. C’est une richesse. Nous ne sommes pas butés, et on essaie de se comprendre.

J’ajoute que le franc-maçon du GOF n’est pas dans une secte. Il n’y a pas de gourou, chacun est libre. C’est difficile de devenir franc-maçon car il faut quand même suivre tout un processus, mais c’est très facile d’en sortir, par un simple courrier. Occasion pour moi de dire qu’il n’y a pas, à ce moment-là de ponction, sur son compte en banque. Nous nous réunissons pour échanger et travailler. Les valeurs sont forcément en nous. Il n’y a pas de directives, pas d’obligation d’aller dans un sens plutôt que dans un autre d’adhérer à une religion. Nous acceptons tout le monde, celui qui croit ou celui qui ne croit pas. Du moment où il y a du respect et de la tolérance, tout le monde se retrouve.
Ceci dit, vous êtes en concurrence avec les autres obédiences…
Il n’y a pas vraiment de concurrence car chaque obédience a sa sensibilité, sa manière de voir. Je dirais plutôt qu’il y a une complémentarité des différentes obédiences. D’ailleurs, nous nous visitons, nous nous rencontrons.

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A.S.: