Ouvrage nous questionnant sur l’avenir de la Franc-Maçonnerie : Crucial non ?
« Midi Libre » s’est entretenu avec l’auteur. Résumé de l’ouvrage et entretien ci-dessous :Résumé :
Francs-maçons, toujours ? se veut un regard contemporain sur le devenir de l’aventure maçonnique, trois cents ans après son irruption dans l’aventure des idées et des espérances humaines. L’ « honorable institution maçonnique » a connu des débuts difficiles et une évolution complexe sur les territoires où elle s’est implantée et propagée. Elle a suscité la curiosité bienveillante et l’engouement, mais aussi la précoce flétrissure et la persécution active, connu des renaissances inattendues ou inespérées. L’essai risque l’hypothèse que la franc-maçonnerie contemporaine « plafonne », dans ses effectifs comme dans ses finalités ou ses méthodes. Malgré ses quelque trois millions de membres répartis sur la planète ; malgré l’espérance qui anime la majorité d’entre eux ; malgré l’activisme efficace et discret de certains autres, dans les sphères, cercles ou réseaux qui affectionnent les pouvoirs d’influence…
Le « fait maçonnique » ne se prête qu’avec difficulté à la connaissance objective. La construction de son histoire, à la fois touffue et nourrie de controverses (internes comme externes) ne facilite toujours pas une perception claire ni immédiate des enjeux. La franc-maçonnerie est aussi diverse que plurielle dans ses sensibilités comme dans les marqueurs qui les différencient.
Francs-maçons, toujours ? se risque à tenter un « état des lieux » – loyal et lucide -, à défaut d’une illusoire synthèse que, seules, les « honorables institutions maçonniques » elles-mêmes pourraient ambitionner de réaliser.
Source : http://www.midilibre.com/articles/2010/06/15/MENDE-Jean-Luc-Bigot-evoque-les-francs-macons-1269214.php5
« La franc-maçonnerie n’aborde pas le XXI e siècle avec sérénité » . Dans son essai qui vient d’être publié, Jean-Luc Bigot pose directement la question du devenir de l’honorable institution. Lozérien depuis plus de trente ans, historien de formation et pédagogue de métier, son témoignage et sa réflexion constituent une précieuse contribution. Il la juge plus que jamais nécessaire à un état des lieux lucide des méthodes et de la finalité maçonniques. Les origines de la franc-maçonnerie remontent aux anciens devoirs des compagnons formés par les corporations des bâtisseurs qui édifièrent de grands monuments, notamment les cathédrales. D’essence philosophique et philanthropique, elle se définit comme un ordre initiatique basé sur un système de morale personnelle et
sociale. Fortement organisée selon une tradition séculaire, les symboles et les rituels font référence à un secret maçonnique et à l’art de bâtir. Structurée en de multiples obédiences, elle recrute ses membres par cooptation dans le but qu’ils s’entraident mutuellement pour travailler à l’évolution spirituelle et morale de chacun.
Quelles sont les raisons qui motivent l’écriture d’un tel ouvrage ?
C’est à la fois un témoignage personnel et un travail d’historien en vue de comprendre et d’analyser ce qui se passe. Plusieurs indicateurs nous interpellent : les effectifs de la franc-maçonnerie plafonnent dans le monde ; on constate son éclatement par une perte d’unité, 12 obédiences différentes rien qu’en France, 4 en Lozère pour un effectif d’environ 150 membres seulement ; de plus en plus, les franc-maçons s’interrogent et cherchent à redéfinir l’identité de leur organisation par rapport au monde actuel.
Dans votre ouvrage, vous proposez des solutions ?
Quatre pistes de réflexions me paraissent prioritaires et nécessaires. Il est essentiel de revenir à notre identité profonde basée sur la tolérance et l’humanisme originels de la confrérie. Les obédiences doivent se reconnaître et s’accepter entre elles dans leur diversité, source inépuisable d’enrichissement mutuel. Au XXI e siècle, la mixité ne doit plus être tabou et trouver toute sa place dans notre fonctionnement interne. Enfin, il faut faire évoluer nos méthodes de travail en actualisant certains rituels et décors trop archaïques afin de retrouver une image plus contemporaine.
La franc-maçonnerie est-elle encore inscrite dans l’avenir ?
Incontestablement, mais à la condition qu’elle retrouve ses valeurs d’origine et redevienne attractive pour enrayer son déclin. Un signal fort serait donné à tous les francs-maçons et aux profanes par l’adhésion de toutes les obédiences à un texte libérateur, une sorte de charte qui proclamerait une fraternité d’appartenance générale : la Déclaration universelle de la fraternité.