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« DESACRALISER LES RESEAUX SOCIAUX » CONTRE LES COMPLOTISTES


 “Il faut désacraliser les réseaux sociaux”, selon un historien de l’Université de Franche-Comté – Un article du site News Day . Fr avec un entretien avec Edmond Dziembowski auteur de « La main cachée, une autre histoire de la Révolution française »,

Quel a été le déclencheur de cette recherche autour de cette nouvelle facette méconnue de la Révolution ?

“C’était dans ma tête depuis longtemps. Quand je suis arrivé à Besançon, il y a un quart de siècle, quelqu’un dans une conférence m’a dit qu’il ne fallait pas oublier que l’Angleterre était à l’origine de la Révolution française pour avoir financé les troubles. Cela m’a frappé parce que je pensais que cette croyance s’était progressivement éteinte. Mais ce n’était clairement rien. Je pensais qu’il y avait quelque chose d’intéressant à explorer. D’autant que si certains accusaient l’Angleterre, d’autres ciblaient les francs-maçons et les philosophes. J’ai donc cherché à mesurer l’ampleur de ce phénomène complotiste. Et ce fut une belle découverte. »

Quels enseignements pour aujourd’hui ?

« Il y a des parallèles à faire. Tout ce qui touche aux peurs, obsessions, phobies, évolue très lentement mais reste très présent dans l’imaginaire collectif. Cette tendance à interpréter les faits dès qu’ils semblent nous échapper : ce phénomène a pris une ampleur phénoménale pendant la Révolution mais il existait avant. Si je me souviens bien, un siècle plus tôt en Angleterre, il y avait cette peur de la main cachée du pape dans une tentative de saper les fondements du protestantisme anglais. A chaque période de crise surgit la tentation de chercher à tout expliquer par une cause unique et extérieure. Plus la situation est complexe, plus certaines personnes ont besoin de réponses simples voire simplistes pour se rassurer. On retrouve cela dans la conspiration contemporaine. Sauf que ça prend une importance beaucoup plus grande avec les réseaux sociaux, alors qu’à l’époque il n’y avait que les livres et le bouche à oreille. »

« La tâche de l’historien est de faire la lumière sur le passé. Elle s’arrête à cet objectif », écrivez-vous en conclusion. Avant d’ajouter : « Peu importe à quel point nous montrons la fausseté de ces croyances, peu importe à quel point nous décrivons l’univers fou dans lequel ces personnes hallucinées se déplaçaient avec la main cachée, rien n’y fera. Le complot a une longue histoire derrière lui. Il a un bel avenir devant lui.

« Oui, nous sommes dedans. Même si cette conspiration a décliné après la Révolution sous l’Empire, qui a réussi à la canaliser en lui assurant une certaine stabilité, elle a refait surface quelques décennies plus tard, avec les délires de la conspiration judéo-maçonnique. »

Comment pensez-vous que nous pouvons contrer la conspiration?

« Face à la révolution numérique, on peut en effet se demander comment faire face à cette masse de fausses informations et de croyances absurdes qui rassurent certains groupes. D’autant que, grosse différence par rapport à la Révolution, toute théorie floue qui fuse sur les réseaux peut vite atteindre une ampleur et des sommets très inquiétants. Je n’ai pas de solution. Mais je pense que l’éducation doit avoir un rôle de prévention, en martelant très tôt dans les écoles qu’il faut faire attention aux fausses informations. Je crois à la désacralisation des réseaux sociaux. Et les programmes scolaires devraient faire une place importante, à travers le professeur d’histoire-géo mais aussi de français, pour décortiquer comment on manipule la réalité, on broie et déforme l’information. Cela fait partie du travail de l’enseignant. »

« La main cachée, une autre histoire de la Révolution française », par Edmond Dziembowski, éd. Perrin, 368 pages, 24 €


A.S.:

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  • la conspiration ne peut être organisée que par un petit groupe donc une population ne peut pas samos a construire un complot comme par exemple les grands dirigeants qui organise la pauvreté et la soumission des foules pour régner et ce faire passé comme des dieux en utilisant par exemple les apprentis sorciers que l’on appel la science