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CES FRANCS-MAÇONS QUI SAVENT…ET CEUX QUI NE SAVENT PAS


Je suppose qu’il y a des hommes de toutes les classes auxquels on peut imputer l’ignorance de leur propre profession. Il n’est pas un horloger qui ne connaisse quelque chose aux éléments de l’horlogerie, ni un forgeron qui ne connaisse les propriétés du fer rouge. En montant aux plus hautes sphères de la science, nous serions bien étonnés de trouver un avocat qui ignorerait les éléments de la jurisprudence, ou un médecin qui n’aurait jamais lu un traité de pathologie, ou un ecclésiastique qui ne connaîtrait rien à la théologie. 

Cependant, rien n’est plus courant que de trouver des maçons qui sont dans l’obscurité totale sur tout ce qui concerne la franc-maçonnerie. Ils ignorent son histoire, ils ne savent pas si c’est une production de nos jours, ou si son origine remonte à des époques lointaines. 

Écrit par Albert G. Mackey [1]
Publié en 1875 et réimprimé dans « The Master Mason » en octobre 1924

Ils n’ont aucune compréhension de la signification ésotérique de leurs symboles ou de leurs cérémonies, et ils ne sont guère à l’aise avec leurs modes de reconnaissance. Et pourtant rien n’est plus courant que de trouver de tels dilettantes en possession de hauts grades, et parfois honorés de hautes fonctions dans l’Ordre, présents aux réunions de loge et de chapitre, s’immisçant dans les débats, prenant une part active à toutes les discussions et tenant obstinément des hétérodoxes. opinions opposées au jugement des Frères d’un savoir beaucoup plus grand.

Pourquoi, demandera-t-on, de telles choses devraient-elles arriver ? Pourquoi, dans la seule franc-maçonnerie, il y a tant d’ignorance et tant de présomption ? Si je demande à un cordonnier de me faire une paire de bottes, il me dira qu’il ne fait que raccommoder et qu’il n’a pas appris les plus hauts niveaux de son métier, puis il refuse honnêtement le travail qu’on lui propose. Si je demande à un horloger de construire un ressort de barillet pour mon chronomètre, il me répond qu’il ne peut pas le faire, car il n’a jamais appris à faire des ressorts de barillet, ce qui appartient à un niveau supérieur dans le métier, mais que si je lui apporte un ressort prêt, il le met sur ma montre, parce que c’est ce qu’il sait faire. Si je demande à un artiste de me peindre un tableau historique, il me dira que cela dépasse ses capacités, car il n’a jamais étudié ni pratiqué la composition de détails, mais qui se borna à peindre des portraits. S’il était malhonnête et présomptueux, il accepterait ma demande et, au lieu d’un tableau, me donnerait une tache.

Il n’y a que le franc-maçon qui désire cette pudeur. Il est trop enclin à penser que l’initiation fait de lui non seulement un maçon, mais aussi un maçon érudit. Il s’imagine souvent que les cérémonies mystiques qui l’introduisent dans l’Ordre suffisent à lui faire prendre conscience de ses principes. Certaines sectes chrétiennes croient que l’eau du baptême lave immédiatement tous les péchés, passés et futurs. De même, il y a des maçons qui pensent que le simple acte d’initiation est immédiatement suivi d’un afflux de toutes les connaissances maçonniques. Ils n’ont pas besoin d’études ou de recherches supplémentaires. Tout ce qu’ils ont besoin de savoir a déjà été reçu par une sorte de processus intuitif. Le grand corps des francs-maçons peut être divisé en trois classes.

  • La premièreil se compose de ceux qui ont fait leur demande d’initiation non par désir de connaissance, mais pour une raison accidentelle, pas toujours honorable. Ces hommes étaient poussés à rechercher l’Initiation soit parce qu’elle était susceptible, à leur avis, de faciliter leurs opérations commerciales, soit de faire progresser leurs perspectives politiques, soit de toute autre manière de leur être personnellement bénéfique. Au début d’une guerre, des centaines de personnes affluent vers les Loges dans l’espoir d’obtenir le « signe mystique », qui leur sera utile en cas de danger. Leur but étant atteint ou ne l’ayant pas atteint, ces hommes deviennent indifférents et, avec le temps, tombent dans la catégorie des non affiliés. Pour ces francs-maçons, il n’y a pas d’espoir. Ce sont des arbres morts, sans promesse de fruit. Laissez-les passer comme totalement sans valeur et incapables d’amélioration.
  • Il y a une deuxième classequi se compose d’hommes qui sont les antipodes moraux et maçonniques de la première. Ceux-ci font leur demande d’admission, étant motivés, comme le veut le rituel, « par un avis favorable conçu de l’Institution, et un désir de connaissance ». Dès qu’ils sont initiés, ils voient dans les cérémonies qu’ils ont traversées, un sens philosophique digne d’un travail de recherche. Ils se consacrent à cette enquête. Ils obtiennent des livres maçonniques, lisent des périodiques maçonniques et conversent avec des frères bien informés. Ils se familiarisent avec l’histoire de l’Ordre. Ils enquêtent sur son origine et son but ultime. Ils explorent le sens caché de leurs symboles et en acquièrent l’interprétation. De tels Maçons sont toujours des membres utiles et honorables de l’Ordre, et deviennent très souvent ses phares. Sa lampe brûle pour l’illumination des autres, et c’est à eux que l’Institution est redevable de la position élevée qu’elle a atteinte. Cet article n’a pas été écrit pour eux.

Mais entre ces deux classes, que nous venons de décrire, il en est une intermédiaire ; pas aussi mauvais que le premier, mais bien au-dessous du second, qui, malheureusement, constitue le corps de la Fraternité.

  • Cette TROISIÈME CLASSEse compose de francs-maçons qui ont rejoint l’Ordre avec des motifs incontestables et avec, peut-être, les meilleures intentions. Mais ils n’ont pas réussi à réaliser ces intentions. Ils ont fait une grave erreur : ils ont supposé que l’initiation était tout ce qui était nécessaire pour faire d’eux des francs-maçons, et que toute autre étude était entièrement inutile. Par conséquent, ils n’ont jamais lu un livre maçonnique. Si nous leur montrons les productions des auteurs maçonniques les plus célèbres, leur commentaire est qu’ils n’ont pas le temps de lire – les exigences des entreprises sont écrasantes. Montrez-leur un magazine maçonnique de réputation reconnue et demandez-leur de s’abonner. Leur réponse est qu’ils ne peuvent pas se le permettre, les temps sont durs et l’argent se fait rare. Et pourtant, l’ambition maçonnique ne manque pas chez beaucoup de ces hommes. Mais son ambition n’est pas dans la bonne direction.

Ils ne peuvent pas se permettre d’argent ou de temps pour acheter ou lire des livres maçonniques, mais ils ont assez des deux à dépenser pour acquérir des diplômes maçonniques. Il est étonnant de voir avec quel empressement certains Maçons qui ne comprennent pas les rudiments les plus simples de leur art, et qui ont complètement échoué à comprendre la portée et la signification de la Maçonnerie primaire et symbolique, s’accrochent aux honneurs vides des plus hauts degrés. Le maître maçon qui connaît très peu, voire rien, du diplôme d’apprenti, aspire à être un chevalier templier. Il ne sait rien, et ne s’attendait jamais à rien savoir, de l’histoire du Templarisme, ou comment et pourquoi ces vieux croisés se sont incorporés dans la confrérie maçonnique. Le comble de son ambition est de porter la croix templière sur sa poitrine. S’il est entré dans le Rite Écossais, la Loge de Perfection ne le satisfera pas, bien qu’il fournisse du matériel pour des mois d’études. Il voudrait monter plus haut dans les rangs, et si par des efforts persévérants il peut atteindre le sommet du Rite et être investi du trente-troisième degré, peu lui importe la connaissance de l’organisation du Rite ou des enseignements sublimes qu’il enseigne. Il a atteint la hauteur de son ambition et peut utiliser l’aigle à deux têtes.

CES MAÇONS se distinguent non pas par la quantité de connaissances qu’ils possèdent, mais par le nombre de bijoux qu’ils portent. Ils donneront cinquante dollars pour une décoration, mais ils ne donneront pas cinquante cents pour un livre. Ces hommes font beaucoup de mal à la franc-maçonnerie. Ils ont été appelés drones. Mais ils sont plus que cela. Ce sont des guêpes, l’ennemi mortel des abeilles ouvrières. Ils donnent un mauvais exemple aux jeunes maçons – ils découragent la croissance de la littérature maçonnique – ils poussent les intellectuels, qui seraient disposés à cultiver la science maçonnique, vers d’autres domaines de travail – ils dépriment les énergies de nos écrivains – et ils avilissent le caractère de la franc-maçonnerie spéculative comme branche de la philosophie mentale et morale.

IL NE FAUT PAS supposer que chaque maçon est censé être un maçon instruit, ou que chaque initié est tenu de se consacrer à l’étude de la science et de la littérature maçonniques. Une telle attente serait insensée et déraisonnable. Tous les hommes ne sont pas également compétents pour saisir et retenir la même somme de connaissances. L’ordre, dit le pape – L’ordre est la première loi du ciel. Certains sont, et doivent être, meilleurs que d’autres, Plus riches, plus sages. Tout ce que je préconise, c’est que, lorsqu’un candidat entre dans la franc-maçonnerie, il doit sentir qu’il y a quelque chose de mieux en elle que ses simples poignées de main et ses signes, et qu’il doit s’efforcer au mieux de ses capacités d’en acquérir une meilleure connaissance. Il ne doit pas chercher à passer aux grades supérieurs sans connaître quelque chose des grades inférieurs, ni tenter d’obtenir un poste,

J’ai connu un frère dont la convoitise pour le bureau l’a conduit à travers tous les grades, de la garde intérieure de sa loge au grand maître de la juridiction, et qui pendant toute cette période n’avait jamais lu un livre maçonnique ou essayé de comprendre la signification d’un seul symbole . . Au cours de son année de maîtrise, il trouvait toujours pratique d’avoir une excuse pour s’absenter de la Loge les soirs où les diplômes étaient décernés. Cependant, grâce à ses influences personnelles et sociales, il avait réussi à s’élever au-dessus de tous ceux au-dessus de lui dans l’apprentissage maçonnique. Ils étaient vraiment bien au-dessus de lui, car tout le monde savait quelque chose, et lui ne savait rien. S’il était resté en retrait, personne ne se serait plaint. Mais étant là où il était, et cherchant le poste lui-même, il n’avait pas le droit d’être ignorant. C’était sa présomption qui constituait son infraction. Un exemple plus frappant est le suivant : Il y a quelques années, alors que j’éditais un périodique maçonnique, j’ai reçu une lettre du Grand Orateur d’une certaine Grande Loge qui avait été abonné, mais qui souhaitait mettre fin à son abonnement. En présentant sa raison, il a dit (une copie de la lettre est maintenant devant moi),

 » bien que l’ouvrage contienne beaucoup d’informations précieuses, je n’aurai pas le temps de le lire, car je consacrerai toute l’année en cours à l’enseignement « .

Je ne peux m’empêcher de me demander quel maître un tel homme a dû être et quels élèves il a dû instruire.

CET ARTICLE est plus long que prévu. Mais je sens l’importance du sujet. Il y a plus de quatre cent mille maçons affiliés aux États-Unis. Combien d’entre eux sont lecteurs ? La moitié – ou même un dixième ? Si seulement un quart des hommes qui sont dans l’Ordre lisaient un peu à son sujet, et ne dépendaient pas pour tout ce qu’ils en savent de leurs visites dans ses loges, ils auraient des notions plus élevées de son caractère. Grâce à leur sympathie, les érudits seraient encouragés à discuter de leurs principes et à donner au public les résultats de leurs réflexions, et les bonnes revues maçonniques jouiraient d’une existence prospère.

MAIS, PARCE QU’il y a si peu de maçons qui lisent, les livres maçonniques ne font guère que payer aux éditeurs les frais d’impression, tandis que les auteurs ne reçoivent rien ; et des magazines maçonniques sont, année après année, emmenés à l’Académie littéraire, où sont déposés les cadavres de périodiques disparus; et, pire que tout, la franc-maçonnerie subit des coups déprimants. Le Franc-maçon qui lit, même peu, les pages du magazine mensuel auquel il est abonné, aura une vision plus élevée de l’Institution et goûtera de nouveaux plaisirs à la possession de ces visions. Les francs-maçons qui ne lisent rien connaîtront les beautés intérieures de la franc-maçonnerie spéculative, mais se contenteront de supposer que c’est quelque chose comme l’Odd Fellowship, ou l’Ordre des Chevaliers de Pythias – seulement, peut-être, un peu plus ancien. Un tel franc-maçon doit être indifférent. Il n’a posé aucun fondement pour le zèle. Si cette indifférence, au lieu d’être contrôlée, se répand plus largement, le résultat n’est que trop évident. La franc-maçonnerie doit descendre de la haute position qu’elle a lutté pour maintenir, grâce aux efforts de ses érudits, et nos loges, au lieu de devenir des lieux de réflexion spéculative et philosophique, se détérioreront en clubs sociaux ou en simples sociétés de bienfaisance. Avec autant de rivaux dans ce domaine, votre combat pour une vie prospère sera difficile. Le succès ultime de la franc-maçonnerie dépend de l’intelligence de ses membres. au lieu de devenir des lieux de réflexion spéculative et philosophique, ils se détérioreront en clubs sociaux ou en simples sociétés bienveillantes. Avec autant de rivaux dans ce domaine, votre combat pour une vie prospère sera difficile. Le succès ultime de la franc-maçonnerie dépend de l’intelligence de ses membres. au lieu de devenir des lieux de réflexion spéculative et philosophique, ils se détérioreront en clubs sociaux ou en simples sociétés bienveillantes. Avec autant de rivaux dans ce domaine, votre combat pour une vie prospère sera difficile. Le succès ultime de la franc-maçonnerie dépend de l’intelligence de ses membres.

A.S.: