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Bernard Faÿ et l’antimaçonnisme pendant l’Occupation sur France Inter

Le 12 avril 2016, Jean Lebrun dans son émission « La Marche de L’Histoire » sur France Inter abordait le sujet de « Bernard Faÿ et l’antimaçonnisme pendant l’Occupation »  avec comme invité Antoine Compagnon, Professeur au Collège de France depuis 2006, titulaire de la chaire de Littérature française moderne et contemporaine.

Qui était Bernard Faÿ ?

Bernard Faÿ fut administrateur général de la Bibliothèque nationale sous le régime de Vichy.

Bernard Faÿ donnant une conférence sur Le Rôle de la Franc-Maçonnerie dans la Révolution de 1789 au théâtre des Ambassadeurs le 11 janvier 1943.

Il joue un rôle très important dans la politique anti-maçonnique de Vichy qui considère que la franc-maçonnerie a une influence négative sur la France, causant son abaissement tant sur le plan intérieur qu’extérieur. D’opinion politique royaliste, Bernard Faÿ appartient au courant contre-révolutionnaire qui se reconnaît dans le discours passéiste et rural de Vichy qui veut remédier à ce qu’il perçoit comme le déclin de la France. Après les mesures d’interdiction du Grand orient de France et des autres sociétés secrètes, il est nommé chef du Service des sociétés secrètes (SSS), chargé de recueillir, de classer et d’étudier toutes les archives saisies dans les loges. Ce service travaillait en collaboration avec le SD allemand. Selon la propagande du régime de Vichy, les francs-maçons seraient l’une des causes de la défaite de 1940.


La BnF ouvre l’exposition la plus importante qui ait jamais été consacrée à la franc-maçonnerie. Elle est redevable de prêts qui sont venus de l’extérieur, d’Ecosse, là où s’est ébauchée la maçonnerie à la fin du XVIème et d’Angleterre, là où s’est créée la première loge en 1717. Mais jamais l’exposition n’aurait pu se tenir sans le fonds maçonnique propre de l’établissement. Et d’où vient ce fonds ? D’enrichissements de ces dernières années, certainement : les dossiers de la Revue internationale des sociétés secrètes qu’avait fondée un curé de la paroisse saint-Augustin, antimaçon frénétique, les 30 000 fiches accumulées par un érudit méthodique du nom de Monsieur Bossu etc…Mais pourquoi ces greffes se sont-elles opérées, comme naturellement à la Bibliothèque nationale ?

Eh bien, parce qu’un noyau dur documentaire s’était constitué sous l’Occupation. Le régime de Vichy avait alors confié à l’administrateur de la Bibliothèque Nationale le soin de confisquer et d’inventorier les fonds des différentes obédiences que l’occupant nazi n’avait pas déjà prélevées. A la Libération, le Grand Orient et la grande Loge, peu rancunières et il est vrai exsangues, préférèrent laisser tous ces documents au soin de la puissance publique.

Et qui était cet administrateur à qui on doit cette aubaine ? C’est une autre surprise. Il s’appelait Bernard Faÿ. Longtemps, cela avait été un homme moderne, lancé, universitaire brillant. S’il avait été étudié la franc-maçonnerie, c’était en dix-huitièmiste distingué. Comment un homme qui avait su tenir à distance les idéologies a-t-il pu en venir à un pareil choix, et s’y tenir ensuite, jusqu’à sa mort en 1978 ? Il y a de qui alimenter la perplexité.


Les francs-maçons sous l’Occupation : Entre résistance et collaboration

A.S.: