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Alchimie par Patrick Carré

Patrick Carré poète, philosophe, et Franc-Maçon vient sur GADLU.INFO nous offrir une chronique pour nous parler et donner du « sens », pour recentrer la réflexion sur les Maçons eux-mêmes. Sa signature est « Etre bien en soi-même, sans se déconnecter du chaos ambiant« .

Après l’article « La Langue des Oiseaux » Patrick Carré nous offre la deuxième partie sur l’Alchimie


Alchimie

Hermès est considéré dans la légende grecque comme le fondateur de l’alchimie, l’« Art d’Hermès ». Messager des dieux et détenteur de la Connaissance, il est représenté avec des sandales ornées d’ailes et tenant à la main son attribut majeur, le caducée, une baguette autour de laquelle s’enroulent deux serpents en sens inversés. Les Égyptiens le nommaient Thot, le maître de tous les savoirs occultes et l’inventeur de la parole et de l’écriture (profane et sacrée). La racine égyptienne du mot Thot signifiant à la fois « mêler, adoucir par le mélange » et « rassembler en un seul », concentre en un seul mot un double processus d’unification, au fondement de l’œuvre alchimique, rappelant l’action des Maçons qui « rassemblent ce qui est épars ».

Et comme la Maçonnerie, réservée à des « initiés », l’alchimie est un art complexe qui n’est pas destiné à tous. Afin de ne pas dévoiler les arcanes de leur art, les alchimistes utilisent un langage symbolique commun à nombre de recueils et de traités, tel la table d’Emeraude d’Hermès Trismégiste concentrant les principes et les processus alchimiques, dans lequel les Maçons peuvent reconnaître leurs symboles et même les voir s’animer. « Il est vrai sans mensonge, certain et très véritable. Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut  : et ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas (symbole du rapport microcosme-macrocosme), pour faire les miracles d’une seule chose. Et comme toutes choses ont été, et sont venues d’un, par la médiation d’un : ainsi toutes les choses ont été nées de cette chose unique, par adaptation. Le soleil en est le père, la lune est sa mère (couple Soleil-Lune à l’Orient des temples), le vent (l’Elément Air de la cérémonie d’initiation) l’a porté dans son ventre ; la terre est sa nourrice (l’Elément Terre). Le père de tout le telesme de tout le monde est ici.

« Sa force ou sa puissance (la colonne Boaz) est entière, si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu (Les éléments Terre et Feu), le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie. Il monte de la terre au ciel (du Nadir au Zénith), et derechef il descend en terre (du Zénith au Nadir), et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde (la « Gloire au Travail ! » ; et pour cela toute obscurité s’enfuira de toi. C’est la force forte de toute force  (la colonne Jakin) : car elle vaincra toute chose subtile, et pénétrera toute chose solide. Ainsi le monde a été créé. De ceci seront et sortiront d’admirables adaptations, desquelles le moyen en est ici. C’est pourquoi j’ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie de tout le monde. Ce que j’ai dit de l’opération du soleil est accompli, et parachevé. » Les racines du mot « Trismégiste » signifiant « Trois fois très grand », le nombre « trois » et le mot « grand », sont omniprésents dans le symbolisme maçonnique et les Degrés de Perfection du Rite en particulier.

L’Œuvre alchimique débute par la recherche de la « matière première », sans laquelle aucun processus alchimique n’est possible. C’est dans le chaos (le chaos de l’une des devises des Suprêmes Conseils « ORDO AB CHAO ») que l’alchimiste doit trouver sa « matière première », matière initiale présente dans toute chose, notamment dans les métaux (quelle différence avec les « métaux » des Maçons ?). Selon l’alchimiste Geber, les métaux se composent de deux principes, dont les dosages diffèrent : le « soufre », élément mâle, actif et fixe, et le « mercure », élément féminin, passif et volatil. La matière première composée de ces deux principes est souvent représentée sous la forme d’un androgyne primordial, comme l’Adam originel. A un stade avancé de l’Œuvre, des alchimistes comme Philalèthe utilisent encore ce même couple mercure-soufre, pour distinguer la pierre philosophale (mercure) de la matière première (soufre), l’union de ces deux principes, par projection de la pierre sur la matière, conduisant à l’obtention de l’or philosophal, représenté par un être androgyne couronné. Cet être hermaphrodite, symbolisant deux états distincts en deux temps du processus alchimique, interroge les Maçonnes et les Maçons sur leur symbolisme binaire et la finalité de leur travail en Loge et sur eux-mêmes.

A cette composition binaire, des alchimistes comme Paracelse ajoutent un troisième principe : le sel, et en s’inspirant de la philosophie d’Aristote rattachent le Mercure à l’esprit, le soufre à l’âme, et le sel au corps, et d’autres alchimistes évoquent la forme quaternaire de la matière et ses quatre éléments : l’Eau, la Terre, l’Air, le Feu. Mais fondamentalement, qu’elle soit double, triple ou quadruple, la matière première n’est qu’une seule et même substance destinée à changer d’état par transmutation. Les Maçons s’inspirent de cette transformation des métaux opérée par l’alchimiste pour symboliser leur propre perfectionnement spirituel.

L’ensemble des philosophes s’accorde pour distinguer trois phases dans le Grand Œuvre : l’œuvre au noir, l’œuvre au blanc et l’œuvre au rouge, correspondant dans les grandes lignes dans le R.E.A.A. aux Loges « bleues » des trois premiers degrés pour l’œuvre au noir, aux degrés de Perfection pour l’œuvre au blanc, et aux degrés des Chapitres pour l’œuvre au rouge. La première de ces phases colorées produit la matière au noir (en latin: nigredo), la matière première débarrassée de ses impuretés, l’alchimiste devant s’identifier à son œuvre et mourir au monde spirituellement pour la mener à bien. L’œuvre au blanc (albedo) conduit à la « pierre » pouvant transmuter un métal vil en argent, et à la réintégration de l’âme dans le corps. L’œuvre au rouge (rubedo) atteint l’ultime transmutation du métal en or, et l’intégration de l’esprit.

Ces trois phases comportent un certain nombre d’opérations décrites de manière synthétique par Chevalier et Gheerbrandt dans leur « Dictionnaire des symboles » : « La calcination, qui correspond à la couleur noire, à la destruction des différences, à l’extinction des désirs, à la réduction à l’état premier de la matière ; la putréfaction, qui sépare jusqu’à leur totale dissolution les éléments calcinés ; la solution, qui correspond à la couleur blanche, celle d’une matière totalement purifiée ; la distillation, puis la conjonction, qui correspondent à la couleur rouge, ou à l’union des opposés, la coexistence pacifique des contraires ; enfin la sublimation, qui correspond à l’or, couleur du soleil, plénitude de l’être, chaleur et lumière. Ces opérations se résument à la célèbre formule « solve et coagula » « purifie et intègre » s’appliquant aussi bien à l’évolution du monde objectif qu’à celle du monde subjectif, celui de la personne en voie de se parfaire. »

Ces phases opératives varient en fonction de la voie suivie par l’alchimiste pour réaliser leur pierre philosophale : la voie sèche ou la voie humide. La « voie sèche », qualifiée aussi de « voie abrégée », s’effectue dans l’athanor à haute température. La voie humide implique le mélange de composés liquides dans un verre à température inférieure au degré d’ébullition, et nécessite une plus longue durée de pratique alchimique. Dans chacune des voies, la matière première subit diverses altérations s’effectuant par division et par unification. La division s’opère par évaporation et qualifie le phénomène de volatilisation, tandis que l’unification procède par condensation et établit le phénomène de fixation.

Ces processus alchimiques consistent ainsi en une rotation des étapes où la matière est tour à tour volatilisée et précipitée, l’obtention de la pierre philosophale nécessitant de procéder par volatilisation du fixe et fixation du volatil, ces phases de l’œuvre étant souvent symbolisées par des oiseaux. « Les Philosophes, dit Pernety dans son Dictionnaire Mytho-Hermétique, ont pris assez ordinairement les oiseaux pour symboles des parties volatiles de la matière du grand œuvre, et ont donné divers noms d’oiseaux à leur mercure : tantôt c’est un aigle, tantôt un « oison », un corbeau, un cygne, un phénix, un pélican ; et tous ces noms conviennent à la matière de l’Art, suivant les différences de couleur ou d’état qu’elle éprouve dans le cours des opérations.

« Les philosophes ont de même eu égard dans ces dénominations, aux caractères des oiseaux dont ils ont emprunté les noms, pour en faire l’application métaphorique à leur matière. Quand ils ont voulu désigner la volatilité et l’action du mercure dissolvant sur la partie fixe, ils l’ont appelé aigle, vautour, parce que ce sont des oiseaux forts et carnassiers. C’est ‘aigle qui doit combattre le lion, suivant Basile Valentin et les autres Adeptes. La putréfaction est exprimée par ce combat, auquel succède la mort des deux adversaires. La noirceur étant une suite de la putréfaction, ils ont dit que des corps des deux combattants il naissait un corbeau ; tant parce que cet oiseau est noir, que parce qu’il se repaît de corps morts. A la noirceur succèdent les couleurs variées de l’arc-en-ciel. On a dit en conséquence que le corbeau était changé en paon, à cause des mêmes couleurs qui se font admirer sur la queue de cet animal. Vient ensuite la blancheur, qui ne pouvait être mieux exprimée que par le cygne. La rougeur de pavot qui succède, a donné lieu d’imaginer le phénix, qu’on dit être rouge, parce que son nom même exprime cette couleur (du grec ancien « φοῖνιξ, phoînix, pourpre »). Ainsi chaque philosophe a emprunté des oiseaux qu’il connaissait, les noms qu’il a cru convenir à ce qu’il voulait exprimer. »

Les Maçons stimulent pareillement leur imaginaire en travaillant leur symbolisme et en donnant à leurs symboles des significations « alambiquées » destinées à « volatiliser » par des abstractions les sens premiers concrets de leurs symboles. Et s’ils « s’abstraient » du concret, c’est pour mieux y revenir « régulièrement » en redécouvrant le sens et la valeur de leurs symboles. Ils tendent ainsi à relier la « préhension » de leurs outils « et » leur com-préhension, la dimension physique de l’expérience maçonnique « et » sa dimension métaphysique. Mais ces deux dimensions « pèsent » autant l’une que l’autre pour l’alchimiste, alors que les Maçons tendent souvent à les disjoindre pour se conformer à des modèles de pensée spirituels ou matériels, religieux ou matérialistes. Une césure se produit ainsi entre des alchimistes prenant tout le temps nécessaire à l’accomplissement des phases de l’œuvre, quitte à travailler en restant longtemps en attente de résultat et à entretenir en eux une certaine mélancolie, et des Maçons tendant à rattacher « rapidement » leurs réflexions à des modèles idéologiques ou religieux.

Mais loin de vouloir atténuer cette césure, les alchimistes grossissent le trait séparant ces deux approches du travail, pour éloigner les chercheurs prisonniers de systèmes clos redoutant les périls du laboratoire susceptibles de souiller leurs mains blanches et leurs pensées préétablies. Désireux ne pas dévoiler les secrets de la Nature à ceux qui ne le méritent pas, pour les réserver aux « cherchants » et non aux chercheurs, les alchimistes ont élaboré un langage symbolique complexe désarçonnant le simple curieux. Et si cette complexité lexicale désoriente les Maçons au premier degré, elle éclaire la structure en degrés des Rites maçonniques, du R.E.A.A. en particulier.

Car ce mystérieux langage alchimique recourt au chevauchement de divers espaces narratifs : symboliques, philosophiques, mythologiques, etc, des espaces dont l’emblème est le Temple pour le Maçon. Ces espaces narratifs aux langages différents permettent à l’adepte qui maîtrise ces niveaux de langage de tenir à distance les non-initiés, tout en stimulant l’imaginaire par le croisement et même l’enchevêtrement de ces espaces desquels doivent surgir en temps et en heure les symboles clés de l’œuvre en cours. Pareillement, dans les gravures alchimiques, la symbolique ne correspond pas à une succession d’idées, chronologiquement ordonnées, mais chacune illustre « transversalement », en interaction avec les autres, la réalisation du Grand Œuvre, permettant de tout montrer sans rien dévoiler.

Pour illustrer ces opérations, la symbolique alchimique puise autant dans la vie quotidienne que dans la mythologie. L’une des gravures d’ « Atalante Fugitive » de Michael Maïer, alchimiste du XVIème siècle, représente une femme lavant son linge pour symboliser le blanchiment des métaux dans l’œuvre au blanc. Selon la pratique traditionnelle, vêtements et chiffons sont trempés dans l’eau, frottés à la main et frappés au battoir. Parfois, il est nécessaire de faire bouillir le tissu. L’image montre une femme qui insère de l’eau chaude dans le bac contenant le linge sale. De ce grand baquet, l’eau s’évapore en fumée, les saletés plus lourdes vont au fond de la cuve et se déversent dans un seau par le robinet inséré dans la paroi du contenant. L’eau bouillante agit sur les impuretés pour les dégager, les délier, les séparer. Ce procédé correspond exactement à celui du blanchiment de métaux et plus précisément de la matière première qui doit être nettoyée et libérée de ses imperfections.

« Toi qui aimes scruter les vérités cachées ! (écrit Michael Maïer sous la gravure) Sache de cet exemple extraire tout l’utile ! : Vois cette femme, comme elle purge son linge des taches, en jetant dessus des eaux chaudes ! Imite-la : ton art ne te trahira point ! L’onde lave en effet l’ordure du corps noir… Lorsque les étoffes de lin reçoivent des souillures qui les tachent et les noircissent, comme il s’agit d’ordures faites de terre, on les enlève à l’aide de l’élément le plus proche, à savoir l’eau, et on expose les étoffes à l’air (…) Si cette opération est répétée fréquemment, les étoffes qui étaient auparavant sordides et fétides deviennent pures et purgées de taches. (…) il en est de même du sujet philosophique. Toutes (…) les souillures qui ont pu se rencontrer en lui sont purifiées et détruites, lorsqu’on l’arrose de ses propres eaux. Ainsi le corps est ramené à une grande clarté et à une grande perfection. Car toutes les opérations chymiques, comme calcination, sublimation, solution, distillation, coagulation, fixation et toutes les autres, se réduisent à une ablulion. »

Une autre gravure de l’« Atalante Fugitive » représente un potier tourneur fabriquant une jarre de ses mains tout en maintenant le tour en rotation avec le pied. L’eau contenue dans une cuvette posée sur le sol lui permet d’humidifier la terre en rotation et de lui donner la forme souhaitée. Ainsi, l’homme travaille avec la terre et l’eau pour réaliser son œuvre qui sèche ensuite et durcit sous l’action de l’air. Une fois sec, le vase cuit et durcit dans un four sous l’action du feu. L’alchimiste procède pareillement, la matière des philosophes étant composée de sec et d’humide, chaque principe agissant sur les autres : l’humidité de l’eau modère la sécheresse de la terre, puis les deux éléments eau-terre ayant atteint l’équilibre, la terre sèche à nouveau sous l’action de l’air. Il ne faut pas craindre, dit Fulcanelli, « d’abreuver souvent la terre de son eau, et de la dessécher autant de fois. »

Et la terre d’origine se transforme à mesure que s’accomplit dans le mouvement l’œuvre alchimique, comme le « Cabinet de réflexion » dans l’initiation maçonnique est à la fois la matière première, le creuset des transformations, et les états de l’Alchimiste et du(de la) Maçon(ne) qui se perfectionne. « Les Philosophes Hermétiques, dit Pernety dans son « Dictionnaire Mytho-Hermétique », donnent le nom de terre à la minière qui renferme la matière d’où ils extraient leur mercure : et ensuite, dans les opérations, à la matière même d’où ce mercure a été extrait. Ils donnent encore ce même nom de terre à leur mercure fixé ; et c’est dans ce dernier sens qu’il faut entendre Hermès lorsqu’il dit, dans sa Table d’Emeraude : il aura la force des forces lorsqu’il sera réduit en terre. Ils le nomment alors Eau qui ne mouille point les mains ; parce que cette terre était premièrement eau, et redeviendra liquide toutes les fois qu’on la mêlera avec l’eau de laquelle elle était composée. »

Le vitriol est la baguette de sourcier des Maçons qui les relie à cette eau. Son acronyme V.I.T.R.I.O.L. signifiant : « Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem » : « Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée », invite l’Alchimiste et le Maçon à visiter les profondeurs de « sa » terre afin d’y découvrir « sa » pierre. « La formule « vitriol », dit Hervé Delboy, se lit aussi huile de verre, liant-verre et donc Lion Vert : composé salin et double sel dont l’obtention est requise dès le début des travaux et qui se charge progressivement de la couleur et du « poids » de l’Esprit Universel au cours de l’Œuvre. Il relie le soufre et le mercure lors de la conjonction et désigne assez clairement la nature cristalline (Christ-sal) et saline (sel de la terre) du « vase spirituel » de l’Œuvre. »

Cette Terre est donc à la source de cette « eau qui ne mouille point les mains », rendant vivants les métaux morts. « Cette source d’eau vivifiante est devant les yeux de tout le monde, dit le Cosmopolite, alchimiste du XVIème siècle, et peu de gens la connaissent. (…) Le Soleil et la Lune sont le principe de cette fontaine d’eau vive, seule propre à opérer toutes les merveilles que vous savez. (…) Le moyen de faire descendre cette eau du Ciel, est certes merveilleux ; il est dans la pierre, qui contient l’eau centrale, laquelle est véritablement une seule et même chose avec l’eau céleste, mais le secret consiste à savoir convertir la pierre en un Aimant, qui attire, embrasse, et unit à soi cette quintessence astrale, pour ne faire ensemble qu’une seule essence, parfaite, et plus que parfaite, capable de donner la perfection aux imparfaits, après l’accomplissement du Magistère. »

Le travail des Maçons et l’amour qui les relie forgent au fil des Tenues, entre le compas et l’équerre sur l’autel des serments, cet aimant qui attire dans leur « pierre » l’« eau céleste » présente à l’Orient des Temples entre le Soleil et la Lune, les extrémités du « vase de l’œuvre ». Les Maçons renforcent d’autant plus la puissance de leur aimant qu’ils travaillent « régulièrement » et sont fidèles aux rituels d’ouverture et de fermeture de leurs travaux, inscrivant leurs travaux dans le temps d’une œuvre plus globale pour tous et pour chacun, autant d’« aimants » « aimant » leurs Sœurs et Frères à l’œuvre, autant de Sœurs et Frères « s’aimant ». 

Et plus les cycles d’ouverture et de fermeture, de commencement et de fin des gestes, des phrases et des mots des rituels, rythment les travaux des Loges et des Maçons en s’imbriquant parfaitement, plus ils tendent à se « réduire » à l’essentiel c’est-à-dire à l’esprit qui les inspire et les anime. Ce processus psychologique de « réduction » rappelle la « réduction » alchimique. « La réduction des métaux (au sens maçonnique) en leur première matière, dit Dom Pernety dans son Dictionnaire Mytho-Hermétique, si recommandée par les Philosophes, est la rétrogradation des métaux philosophiques, et non vulgaires (profanes), en leur propre semence, c’est-à-dire en mercure philosophique (l’eau qui ne mouille pas les mains) ». « Les Maçons apprennent pareillement à « réduire » leurs métaux en travaillant sur le langage, par leurs écrits et par leurs paroles, et en concentrant dans les rituels le sens des Degrés dans les « Mots de passe » et les « Mots sacrés ».

« Si ces « réductions » s’effectuent plus à l’ombre qu’à la lumière par le « cherchant », elles demeurent éclairées en conscience par le « foyer » brûlant de l’Alchimiste investi par l’Art Royal. Les transmutations des métaux, illustrées par celle du plomb en or, aussi fascinantes soient-elles, correspondent surtout à celles opérées par l’Alchimiste sur ses propres « métaux » intérieurs. « Prie, lis, lis, lis, relis, travaille et tu trouveras» (Mutus Liber) est « de la même eau » (« l’eau sèche alchimique ») que celle des moines bénédictins « Prie et travaille » (« Ora et labora ») exprimant le double rattachement de l’Œuvre de l’Artiste à ses sphères philosophico-religieuse et alchimique. Elle souligne surtout la conjonction et la connexion de ces deux sphères imbriquées, et la mandorle qu’elles génèrent d’où doit jaillir un Christ en gloire pour les chrétiens. » (Patrick Carré, Francs-Maçons Alchimistes)

L’Alchimie et la Langue des Oiseaux se conjuguent pareillement chez les Maçons à l’Œuvre dès qu’ils glorifient le Travail, c’est-à-dire dès qu’ils nimbent d’une « gloire » leur travail. Une « gloire » est un halo de lumière ayant la forme d’une ellipse aux couleurs d’un arc-en-ciel. Ce phénomène physique et symbole spirituel d’une grande puissance est constitué d’un ou plusieurs séries d’anneaux colorés vus par un observateur autour d’une ombre portée, sur un nuage constitué principalement par de nombreuses petites gouttelettes d’eau. La gloire, l’eau, l’arc-en-ciel, les anneaux, autant de mots et de symboles éclairant la vie des initiés. Une « gloire » qui se mérite et transforme en « champ de gloire » et en « chant glorieux » la conscience éclairée et éclairante des Chevaliers de l’Esprit !

Patrick Carré

Avril 2016

Patrick Carré


Patrick Carré, né le 14 janvier 1953, est poète, philosophe, et Franc-Maçon français. Son œuvre littéraire et artistique comprend un nombre considérable de poèmes et de textes philosophiques principalement sur l’Initiation Traditionnelle à la vie spirituelle.

Initié à 23 ans à la Grande Loge de France, il est membre de la Juridiction du Suprême Conseil de France, de Rite Ecossais Ancien et Accepté. Il est membre de la Loge Art Royal, Grande Loge de France, à Versailles.

Diplômé de Philosophie (Faculté de Rennes), de Gestion (IGR et Enass), d’Arts Plastiques (Institut Van der Kelen-Logelain à Bruxelles et CAP de potier tourneur).

Son site internet « Patrick Carré Poésie » http://www.patrick-carre-poesie.net/  de 1000 pages, premier site de langue française d’études et de poèmes d’un Franc-Maçon avec plus de 800.000 visiteurs, concentre ses travaux et recherches sur l’Initiation Maçonnique, en particulier tous les degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA), symbolisant l’Œuvre alchimique de perfectionnement et de transformation intérieure des Maçons.

« Devenir Franc-Maçon et Membre de la Loge ART ROYAL » avec le lien http://www.patrick-carre-poesie.net/spip.php?page=devenir-membre

Livres et disque

  • Livre « Francs-Maçons Alchimistes » (2015) (Editeur LiberFaber http://liberfaber.com/fr/accueil.html )
  • CD « Le Flambeau » (incluant le recueil des 12 poèmes) (2013)
  • Livre « Cathédrales » (2006)
  • Livre « La Femme Chair, Cœur, Esprit » (2006)

Conférences

  • Pensée symbolique et pensée sensible, illustrées par Dürer
  • La pensée symbolique
  • La Femme et la mixité en Franc-Maçonnerie
  • La poésie en Franc-Maçonnerie
  • L’univers du potier tourneur
  • Le vitrail alchimique de la Cathédrale d’Orléans

Membre aux USA de la Masonry Poetry Society ( http://www.mpoets.org/ProceedingsNo7.htm )

Lauréat France Musique Contes du jour et de la nuit (émission du 12/06/2014) ( http://www.francemusique.fr/emission/contes-du-jour-et-de-la-nuit/2013-2014/selection-france-2-du-4e-appel-ecriture-patrick-carre-5-5-06-12-2014-00-00 )


A.S.:

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  • Pour dire merci à Patrick Carré voici quelques mots :
    Symboles Al chimie – Symboles Al chimie

    Les symboles sont nombreux autour de nous.
    A notre tour de les chercher dessus / dessous.

    Avant nous, beaucoup les ont utilisés.
    Dans notre vie, ils vont nous guider.

    Savoir trier l’important de l’accessoire
    N’est pas une petite histoire.

    Dans la recherche seul ou accompagné,
    Il faut savoir tamiser.

    Dans le livre de la vie, lire
    Tourner les pages sans délire.

    Couleurs, formes, espaces, il faut observer.
    Pour le savoir, en trouver la clé.

    Partout dans la forêt des symboles, la quête
    Hier, aujourd’hui, demain, jamais ne s’arrête.

    Parmi les petits, les moyens, les grands
    Certains traversent mieux le temps.

    Les cachés ne sont pas sans importance
    Et véhiculent le transe.

    Ho ! dessin magique
    Qui beaucoup explique.

    1,2,3 j’irai à la recherche ici-bas
    De ce qui se voit et ce qui ne se voit pas.

    A leur façon, les symboles sourient.
    Car ils sont le cœur de la vie.

    Les êtres humains ont développé un monde.
    Il y a du bon et du moins bon.

    Signes et symboles éclairent
    Dans la vie, le mystère.

    Le patrimoine laissé par nos ancêtres
    A découvrir, à redécouvrir pour notre bien être.

    Ainsi comprendre et sauvegarder
    Nous aide dans la FRATERNITE